SARKOZY ET LE DROIT DE VOTE DES ETRANGERS

Publié le par Adriana EVANGELIZT

N'oubliez pas de voter pour Dominique de Villepin sur le site de Laurent de Boissieu... il est encore en tête mais comme les sarkozystes ne dorment pas, soyons vigilants...

"Sarkozy pense surtout à sa carrière politique"

par Christophe Daadouch
juriste et secrétaire général
du Gisti (Groupe d'information
et de soutien
aux travailleurs immigrés)

Êtes-vous surpris par les propos du Nicolas Sarkozy ?

- Non, on ne peut pas dire que ce soit une surprise. Je suis plutôt surpris par la surprise. Je ne comprends pas trop pourquoi Le Monde fait sa une sur le fait que Nicolas Sarkozy n'accorde même pas le droit de vote aux étrangers mais simplement qu'il n'est pas hostile à ce que le débat soit ouvert.


Le ministre de l'Intérieur avait lui même commencé à ouvrir ce débat il y a maintenant deux ans, avant de revenir sur sa position. Gilles de Robien, Jean-Louis Borloo ou même Jean-Pierre Raffarin, avant de changer d'avis, avaient eux aussi pris position sur le sujet.


Il faut rappeler que cette annonce intervient après d'autres, faites les semaines précédentes, et qui nous semblent extrêmement préoccupantes. Il s'agit surtout d'un coup de communication destiné à nous faire avaler le reste. Encore une fois, Nicolas Sarkozy fait souffler le chaud et le froid sur la question du droit de vote comme il l'a fait sur la question de la double peine dont il avait annoncé la suppression pour ensuite prendre des mesures extrêmement dures contre les immigrés. Aujourd'hui on se rend compte que non seulement la double peine n'a pas été supprimée, mais qu'il y a eu une très forte augmentation du taux de reconduites à la frontière.


Nicolas Sarkozy pense surtout à sa carrière politique, et pour cela il cherche à séduire deux électorats diamétralement opposés d'où une stratégie de communication en contradiction avec des textes extrêmement durs. Le ministre prépare notamment de nouvelles mesures pour contrôler encore plus les couples mixtes, restreindre l'obtention de visas et augmenter le taux de reconduites à la frontière, avec des objectifs chiffrés. Avec cette annonce, il cherche à faire passer la pilule et à masquer un durcissement généralisé.

Sur le fond, est-ce que l'obtention du droit de vote aux seules élections municipales et bout de dix ans vous paraît être une mesure suffisante ?

- Non. Tout d'abord parce que cela ne concernerait que les élections municipales et pas l'ensemble des élections locales. Je ne vois pas la différences juridique qui existe entre le droit de vote à une élection municipale et à une élection cantonale ou régionale.


Par exemple, le maire de Neuilly n'a peut-être aucune chance d'être élu grâce aux voix des étrangers, mais sur les Hauts-de-Seine, quelle serait la légitimité d'un conseil général qui ne serait pas élu sur la même base qu'une de ses municipalités ?


L'un des arguments pour n'attribuer ce droit qu'au niveau municipal est que, dans ce cas, les étrangers sont des contribuables. Alors qu'ils payent des impôts locaux et que ceux-ci vont aux trois collectivités locales. Pourquoi donc opère-t-on cette césure ? Personnellement, je ne vois aucune différence juridique entre ces différentes situations.


A un autre niveau, quand Nicolas Sarkozy dit qu'en plus le droit de vote ne sera accordé qu'au bout de 10 ans, il est bon de rappeler que c'est lui qui a quasiment tué la carte de 10 ans et qui a plongé les immigrés dans un statut précaire. Et aujourd'hui, il accorde quelque chose en vertu d'un statut qui, de fait, n'existe quasiment plus! C'est tout de même un peu gonflé! Combien seront-ils, d'ici quelques années à pouvoir bénéficier de ce droit de vote?

Une proposition de loi avait été adoptée sous le gouvernement Jospin par les députés mais n'a jamais été transmise au Sénat. Pourquoi la question du droit de vote des immigrés est-elle si sensible en France ?

- Tout d'abord, ce débat a longtemps été parasité par l'émergence du Front national, qui en a fait un instrument de stratégie électorale et de communication politique. Certains politiques se sont en effet alignés sur certaines idées du FN en espérant capter une partie de son électorat tandis que d'autres, à l'inverse, ont instrumentalisé le droit de vote des étrangers afin de tenter de gonfler le vote FN et diviser la droite.


Un autre argument a été de dire que l'opinion publique n'était pas favorable à ce droit. Aujourd'hui les sondages montrent une évolution sensible des Français qui sont une petite majorité à être pour le droit de vote des étrangers. Mais de toute manière, le rôle de la politique n'est pas seulement d'être démagogique mais également pédagogique. Les dirigeants ont le devoir d'expliquer certaines choses à l'opinion publique. Dans le cas contraire, quasiment plus personnes n'accepterait de payer ses impôts et nous en serions encore à couper des têtes sur la place publique.


C'est donc en grande partie un manque de courage politique. Par exemple, en 1995, nous avions rencontré les différents candidats à l'élection présidentielle, et donc Lionel Jospin à qui nous avions posé la question du droit de vote des étrangers. Il nous avait répondu en gros que lui y était favorable mais qu'il ne pouvait, pour des raisons politiques, mettre cette mesure dans son programme et nous avait invité à lui faire confiance.


Aujourd'hui, on nous oppose la fait que si l'on accorde la droit de vote aux ressortissants européens et non aux autres, c'est en vertu de la réciprocité. Effectivement, au Maroc et en Tunisie, les Français ne peuvent pas voter. On pourrait même dire que beaucoup de Marocains et de Tunisiens n'ont pas, eux non plus pas, le droit de vote dans leur propre pays. Je ne pense pas que ce soit à la France, pays des lumières et des droits de l'Homme, de se calquer sur les restrictions de droits imposés dans d'autres pays.

Sources : NOUVEL OBSERVATEUR

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Nicolas Sarkozy

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