LA DESINFORMATION DE SARKOZY

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Alors quand Sarkozy dit que la délinquance a baissé, c'est faux. Il entretient soigneusement la désinformation. Il fait comme Bush qui dit qu'ils ont gagné la guerre en Irak et qu'ils y ont apporté la liberté et la démocratie. Dans un petit village situé à quelques kilomètres de chez nous, donc loin des villes et des banlieues, une grand-mère de 90 ans a été attaqué par des jeunes qui l'ont faite tombée à terre et lui ont piqué son sac. Elle est actuellement à l'hôpital avec un genoux fracturé. Parallèlement, notre bureau de tabac a été victime d'un braquage il y a trois semaines. Donc la délinquance gagne dans les campagnes maintenant, c'est la nouveauté...

Lors de ses voeux, il a soigneusement passé sous silence les 45 588 voitures brûlées en France en 2005. Insistant sur le fait que la délinquance avait baissé de 1,3 % alors qu'elle avait baissé de 3 % les années précédentes. Il y a donc un hausse de la délinquance et non une baisse...

Petite baisse de la délinquance

par Patricia TOURANCHEAU


Le ministre de l'Intérieur n'a pas dit un mot hier sur les 45 588 voitures brûlées en France en 2005, selon le nouvel indicateur national des violences urbaines. Lequel recense plus de 110 000 cas de violence au total, en comptant les incendies de biens publics, les affrontements entre bandes, les violences sur les policiers, les secours ou les médecins.

Il a insisté en revanche sur le «recul de 1,3 % de la délinquance générale», sans préciser qu'elle avait diminué de plus de 3 % les deux années précédentes. Si les homicides (­ 9 %), les violences sexuelles (­ 9 %) et les braquages (­ 11 %) baissent, les agressions contre les personnes augmentent de près de 5 % (coups et blessures volontaires et violences intrafamiliales).

Façon de contrecarrer ce bilan mitigé de son action, Nicolas Sarkozy a insisté sur le taux d'élucidation des crimes et délits passé de «26 % sous la gauche à 33 %» depuis le changement de majorité en 2002. «C'est-à-dire qu'on retrouve un coupable sur trois contre un sur quatre par le passé», a-t-il précisé.

Sources : LIBERATION

"Un bilan qui n'a jamais été aussi dur"

par Sébastian Roché,
chercheur au Centre de recherche
sur le Politique l'Administration la Ville et le Territoire,
spécialiste de l'insécurité,
secrétaire général de la société
européenne de criminologie,
auteur de "Tolérance zéro ?" (Odile Jacob)


Le ministère de l'Intérieur a communiqué les chiffres de la délinquance révélant une baisse des actes de 1,3% en 2005. Comment l'expliquez-vous ?

- Je tiens à préciser que la baisse ne concerne que les vols. Il n'y a pas de baisse globale de la délinquance. L'explication reste mystérieuse pour moi. Le nombre de vols baisse dans tous les pays occidentaux: Europe, Etats-Unis, Canada… Ceci signifie par conséquent que la diminution des actes de délinquance n'est pas liée à l'action de la justice, de la police ou de la politique répressive. Car les politiques sont différentes selon les pays: les Etats-Unis sont très punitifs, la Canada a choisi de réduire le taux d'incarcération, avec une police très régionalisée, quant à la France, elle opte pour une hausse modérée de l'incarcération, gardant une police centralisée.
Cette tendance à la baisse est identique à la hausse connue précédemment pendant quarante ans dans ces mêmes pays occidentaux.
Le panorama globale de ces derniers temps, marqué par les violences en banlieues, se caractérise par la multiplication des atteintes aux personnes. Un chiffre qui n'a jamais été aussi élevé.

Le pays a par ailleurs connu les émeutes les plus violentes depuis cinquante ans.
Je pense que c'est un des bilans les plus durs qu'ait connu un gouvernement. La droite n'a pas fait mieux que la gauche: des émeutes, des violences envers les personnes qui s'accélèrent, davantage de vols…

En effet, la baisse annoncée par l'Intérieur se révèle trois fois moins rapide que lors des deux années précédentes, notamment en raison des violences urbaines. Est-ce le seul facteur ?

- Comme je vous l'ai dit, ce sont les atteintes envers les personnes et le trafic de stupéfiant qui augmentent. Davantage de drogues circule, les banlieues croulent sous les problèmes. Le ministère nous offre une image bien trop synthétique et on ne peut absolument pas parler de bilan à la baisse. Seuls les vols de voitures diminuent : les voitures sont mieux protégées par les constructeurs mais aussi dans les parkings. Autre explication, les clients des pays de l'Est ne sont plus aussi nombreux. Avec leur intégration à l'UE, la hausse de leur pouvoir d'achat, les Européens de l'Est ont délaissé ces voitures occidentales issues du vol et du trafic.

Lors de ses vœux à la presse, Nicolas Sarkozy a annoncé une batterie de mesures. Entre autres: une réforme de l'ordonnance de 1945, une réserve citoyenne de la police nationale, la multiplication par deux des travailleurs sociaux dans les commissariats… Ces mesures peuvent-elles apporter quelque chose ?

- Nous connaissons le grand soin que Nicolas Sarkozy apporte à chacune de ses interventions publiques. Je pense néanmoins que l'idée des travailleurs sociaux dans les commissariats est intéressante. L'accueil et le traitement des jeunes ou des couples dans le cas de violences conjugales peuvent être améliorés et cette annonce me paraît une bonne nouvelle. Concernant l'ordonnance de 1945, cette idée politique de réforme ne vise qu'à rassurer la partie la plus radicale de son électorat. Changer les lois, c'est simple. Il suffit d'avoir la majorité au Parlement, c'est vite fait. Mais la mise en place s'avère plus compliquée. Chaque annonce bute toujours sur la question des moyens et de son efficacité. Le gouvernement annonce des tas de mesures qui n'ont toujours pas fait preuve d'efficacité.

Propos recueillis par Séverine De Smet
(jeudi 12 janvier 2006)

Sources : LE NOUVEL OBSERVATEUR

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