La guerre se prépare
Veillée d'armes pour Villepin et la gauche sur le CPE
par Hélène Fontanaud
Dominique de Villepin et sa majorité de droite d'un côté, partis de gauche, organisations lycéennes, étudiantes et syndicats de l'autre, tous affûtent leurs armes en perspective de la bataille qui va s'engager dans les prochains jours autour du contrat première embauche.
A quinze mois de l'élection présidentielle, le débat sur le CPE, un contrat à durée indéterminée (CDI) destiné aux moins de 26 ans et assorti d'une période d'essai de deux ans, a tourné à l'affrontement classique droite-gauche.
Le Premier ministre s'est engagé à "faire sauter les verrous et éliminer les blocages qui paralysent la société française", dérobant au passage le thème de la rupture cher au coeur de Nicolas Sarkozy, son rival UMP sur le chemin de l'Elysée.
Fustigeant les "contre-vérités" et l'"idéologie" des adversaires de gauche du CPE, Dominique de Villepin s'est dit "serein" et "déterminé", avant d'estimer qu'aucune "alternative" sérieuse à sa politique de l'emploi n'était présentée.
Evoquant les années Jospin (1997-2002), il a souligné que, "même avec une croissance forte, lorsque le chômage est descendu à 8,6%, le chômage des jeunes est resté autour de 18%".
"Par conséquent, soit nous agissons, soit rien ne changera : il n'y aura pas de baisse mécanique significative du chômage des jeunes", a assuré le Premier ministre, pour qui "les Français sont prêts" et "veulent bouger".
Gouvernements de droite et de gauche ont ces vingt dernières années fait tour à tour descendre les jeunes dans la rue.
Mais le gouvernement Villepin redoute plus que tout la comparaison avec le gouvernement d'Edouard Balladur, qui avait dû reculer en 1994 sous la pression de la rue sur le contrat d'insertion professionnelle (CIP), le "smic-jeunes".
Un sondage CSA publié jeudi dans l'Humanité, et fort apprécié à Matignon, a révélé que le CPE n'était pas aussi impopulaire que le CIP. 52% des Français pensent qu'il permettra de réduire le chômage des jeunes. Mais ils sont 64% à juger que le nouveau contrat risque d'accroître la précarité.
Pour tenter d'endiguer la contestation naissante, Dominique de Villepin s'est lancé dans une pédagogie médiatique tous azimuts.
SURENCHÈRE LIBÉRALE ?
Jeudi dernier, il a longuement défendu son action lors de sa conférence de presse mensuelle. Le même jour, il accordait une longue interview à l'hebdomadaire de gauche, Le Nouvel Observateur. Vendredi, il a reçu des jeunes à Matignon. Il doit participer jeudi prochain à son premier "chat" vidéo sur internet.
Le CPE sera débattu dès mardi à l'Assemblée, le gouvernement ayant décidé de l'inclure par amendement dans le projet de loi sur l'égalité des chances né de la crise des banlieues de novembre.
Pour protester contre un "passage en force", un "déni de démocratie", la gauche, les syndicats et les organisations lycéennes et étudiantes ont appelé à une journée d'action le 7 février. Avec un seul mot d'ordre: le retrait du CPE.
"Le Premier ministre nous déclare la guerre", a lancé le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, pour qui Dominique de Villepin s'est rendu coupable de "mensonge" en affirmant avoir élaboré la deuxième phase de sa bataille pour l'emploi après concertation avec les partenaires sociaux.
Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, le chef du gouvernement a "peur de la jeunesse" et prépare "la précarité des jeunes aujourd'hui, de tous demain".
La gauche et les syndicats accusent le Premier ministre d'être lancé dans une surenchère libérale avec le président de l'UMP dans la perspective de la présidentielle.
Nicolas Sarkozy est partisan de la création d'un contrat unique de travail, une revendication de longue date du patronat qui prône une flexibilité accrue.
Pour l'opposition et les syndicats, la réflexion lancée par Dominique de Villepin sur la réforme globale du contrat de travail est une tentative de mise à mort du contrat à durée indéterminée.
Dominique de Villepin, qui a bâti sa popularité à Matignon sur son image de gaulliste mêlant idéal social et pragmatisme libéral, a promis de veiller "à ce que nous trouvions le juste équilibre entre la protection des salariés et le dynamisme de notre économie".
Sources : BOURSIER COM
Posté par Adriana Evangelizt