DDV le jusqu'au boutiste

Publié le par Adriana EVANGELIZT

CPE : Dominique de Villepin ou l'art de "faire ce qu'on n'avait pas prévu"

par Christophe Jakubyszyn et Joël Morio

"Il est quand même gonflé Villepin !" L'appréciation, admirative, vient du ministre délégué au budget Jean-François Copé. L'un des six ministres présents à la tribune, lundi 16 janvier, pour écouter le premier ministre présenter le deuxième volet de la bataille pour l'emploi. Gonflé d'avoir élargi le contrat nouvelles embauches (CNE) aux jeunes de moins de 26 ans, d'avoir ouvert le chantier du travail au-delà de 60 ans, de faire sauter le verrou des 35 heures en autorisant le cumul emploi à temps plein et intérim et d'annoncer la refondation prochaine du contrat à durée indéterminée et du droit du licenciement...

Jusqu'à la veille au soir, Matignon n'avait avoué que sa volonté de s'attaquer à l'emploi des jeunes. Au cours des dernières semaines, le pôle social de Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher et le pôle économique de Thierry Breton et Jean-François Copé ont défendu deux options distinctes. Pour les premiers, il fallait sécuriser le parcours professionnel des jeunes. M. Larcher prônait une sorte de "contrat chapeau" qui aurait fait le lien entre CDD, intérim et formation. M. Borloo bataillait ferme contre l'extension du CNE, conformément à la promesse faite aux partenaires sociaux d'en faire d'abord le bilan.

De l'autre côté de la Seine, M. Copé plaidait pour un élargissement du CNE, mais sans le réserver aux jeunes, M. Breton souhaitait s'avancer plus prudemment sur ce terrain miné. Pour les deux, l'idée d'un simple "contrat jeunes" leur semblait trop réducteur.

Devant les désaccords entre ses principaux ministres, la réunion d'arbitrage du jeudi 12 janvier, à Matignon, capote. Le défilé des ministres reprend le lendemain dans le bureau du premier ministre... jusqu'à dimanche soir où M. Villepin crée la surprise : il va ouvrir plusieurs chantiers en même temps, faire sauter les verrous. Mieux, il annoncera, le lendemain, la perspective d'un troisième plan emploi... "On a la chance d'être à la fin du quinquennat, la chance inouïe de pouvoir faire bouger les choses, de faire ce qu'on n'avait pas prévu", justifiera-t-il lundi 16 janvier.

Chacun y trouve donc son compte. M. Borloo se frotte les mains : les nouveaux allégements de charges obtenus pour tous les jeunes au chômage depuis six mois sont "un effort massif de l'Etat" annonce-t-il. Il a sans doute raison : les 55 000 contrats jeunes, réservés jusqu'à présent aux non-qualifiés, étaient budgétés en 2006 pour 250 millions d'euros. Or M. de Villepin a ouvert les vannes lundi pour la totalité des 240 000 jeunes au chômage. L'addition pourrait donc atteindre un milliard d'euros... Dans la salle, Pierre Mongin, le directeur de cabinet du premier ministre fait de grands signes : la consigne est de dire que les coûts budgétaires sont minimes. "50 millions d'euros", affirmera M. Copé.

A Bercy, l'heure est aussi au satisfecit. Pour M. Breton et M. Copé, la réécriture du CDI et la réforme des procédures de licenciement se profilent dans le troisième volet du plan emploi, prévu avant l'été. "Villepin a montré que quand il décidait d'ouvrir des dossier, il les menait jusqu'au bout", se félicite M. Breton.

A moins que l'hostilité des salariés et des syndicats ne mette un coup d'arrêt aux ambitions du premier ministre ? "Je connais mon histoire (sociale). Ça peut être difficilement être pire qu'aujourd'hui", se rassure M. de Villepin.

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

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