Renforts en Afghanistan : Sarkozy critiqué créé la polémique au Parlement
Renforts en Afghanistan: Sarkozy critiqué crée la polémique au Parlement
En faisant à Londres l'annonce d'un renforcement de la présence militaire française en Afghanistan, Nicolas Sarkozy a créé la polémique au Parlement, encore tenu à l'écart des opérations militaires à l'étranger, et relancé les accusations d'"atlantisme".
Les alliés de Paris au sein de l'Otan faisaient pression pour l'envoi de renforts en Afghanistan, où sont déjà déployés environ 1.600 militaires français.
La décision semblait acquise, restait l'annonce. C'est à Londres que M. Sarkozy a décidé de l'officialiser mercredi, au premier jour de sa visite d'Etat, devant le Premier ministre Gordon Brown et les deux chambres du parlement réunies à Westminster.
Son annonce a soulevé un tollé, que le président français a tenté de calmer jeudi en se prononçant pour un débat "sans aucune réserve", avant le sommet de l'Otan qui s'ouvre mercredi à Bucarest.
Il n'a pas précisé de modalités, mais le ministre de la Défense Hervé Morin devait être auditionné mardi par la commission de la défense de l'Assemblée nationale.
Sur le fond, le chef de l'Etat, déjà soupçonné d'"atlantisme", a été accusé d'engager plus avant la France dans un conflit en danger d'enlisement pour se rapprocher d'un axe Washington-Londres déjà embourbé en Irak. D'autant que le président américain George Bush s'est rapidement félicité de cette annonce et de l'amélioration des relations franco-américaines.
Sur la forme, le Parlement français --qui n'a aucun droit de regard constitutionnel sur l'engagement des forces françaises à l'étranger, même si la réforme institutionnelle annoncée doit partiellement changer cette situation-- s'est élevé contre une annonce faite devant des parlementaires... étrangers.
L'avant-projet de réforme prévoit que si la durée d'une intervention extérieure des forces armées excède six mois, "sa prolongation est autorisée par le Parlement", sous forme "d'une motion votée par les deux assemblées". Nicolas Sarkozy avait promis une telle évolution pendant la campagne présidentielle.
La grogne a gagné jusqu'aux rangs de l'UMP. Le président de l'Assemblée nationale lui-même, Bernard Accoyer, a annoncé jeudi avoir demandé au Premier ministre François Fillon "que le Parlement soit saisi" pour un "débat indispensable".
Les députés souverainistes Jacques Myard (UMP) et Nicolas Dupont-Aignan (non-inscrit) ont tous deux fustigé "l'atlantisme" du président.
A gauche, le patron du PS François Hollande a dénoncé "la méthode où on annonce en Angleterre ce qui devrait être annoncé en France", jugeant que face à "l'enlisement (...), toute présence supplémentaire de forces françaises en Afghanistan est une erreur".
Ségolène Royal s'est déclarée "choquée" par l'annonce "devant les parlementaires britanniques alors qu'il n'y a pas eu le moindre débat devant les parlementaires français". Elle aussi refuse l'envoi de renforts alors que l'on ne "connaît ni les risques d'enlisement ni les garanties qui sont prises pour protéger nos soldats".
Mercredi, le député PS Henri Emmanuelli avait interpellé le gouvernement pour s'indigner que la France soit "la seule démocratie occidentale où une situation de guerre peut perdurer sans que le Parlement ne l'autorise ou n'en soit informé".
"Le gouvernement se soumet une fois de plus à la volonté du gouvernement nord-américain et s'aligne sur sa politique guerrière", s'est indigné le député communiste Jean-Paul Lecoq.
A l'extrême-droite, le président du FN Jean-Marie Le Pen a fustigé une "offense à la nation" et estimé que "nos soldats n'ont pas à risquer leur vie pour les manèges géopolitiques de l'Oncle Sam".
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt