Nicolas Sarkozy ou l'impossible président
Nicolas Sarkozy ou l'impossible président
Un an. Cela fait un an que Nicolas Sarkozy est aux commandes de l'État français. Entre promesses et vie privée tumultueuse, voici le bilan d'un président au style particulier.
Le président Nicolas Sarkozy a eu un an le 6 mai. Trop jeune pour être jugé par rapport à ses pairs, mais déjà assez vieux pour être comparé au candidat qu’il fut. Un an plus tôt, en mai 2007, Nicolas Sarkozy découvrait les ors et le poids de sa fonction. Il répète alors « c’est lourd » à propos de tout.
Une manière de se convaincre qu’il a définitivement changé de registre. Candi-dat, tout le monde peut l’être, mais président… « Le matin, à mon réveil, je pense aux Français qui ont voté pour moi », dit-il.
Son volontarisme a séduit, il pourra bien résister tout un mandat, pense-t-il. C’est « lourd » oui, mais pas impossible. D’ailleurs, les premiers mois du sarkozysme sont une success story. Quand ce n’est pas Nicolas qui triomphe à Bruxelles, c’est Cécilia qui revient en héroïne de Tripoli.
Des sondages en chute libre
Puis, la conjoncture économique se dégrade. Fort de ses bons résultats sur le front du chômage, le « président du pouvoir d’achat » continue d’arpenter les usines, haranguant les ouvriers sur une estrade dressée au milieu des courants d’air. Il ne leur offre que sa parole, la promesse d’heu-res supplémentaires mirobolantes et de réformes menées tambour battant.
Parce qu’il croit transgresser, il provoque. Son divorce à peine annoncé, au mois d’octobre, il présente aux Français Carla Bruni. Ils s’envolent pour Pétra, en Jordanie, une meute de photographes
à leurs trousses. Il se marie en février dans le salon vert où il réunit tous les mercredis l’aréopage de l’UMP. Il montre les SMS de sa nouvelle compagne à ses amis, s’enthousiasme de son « intelligence ». Il revit, les Français dépriment. Les sondages sont en chute libre.
Sarkozy ne veut rien céder, persuadé qu’il gagnera le bras de fer engagé avec l’opinion. Mais il a trop d’expérience de la politique pour ne pas donner des gages. Les sondages le disent ; les Français veulent voir un président plein de pompe et de sacré. Il réapparaît le temps d’un voyage à Londres en habit et ruban rouge sur son plastron blanc.
« Je ne ferai qu’un seul mandat »
Mais dans la « soute » de l’Élysée, rien ne change vraiment. C’est le président qui dirige son parti, acquiesce aux nominations, joue les uns contre les autres. Recadre les conseillers trop bavards. Recherchant la magie de sa campagne victorieuse, il a fait revenir un à un, autour de lui, les conseillers désavoués par Cécilia.
Mais les sondages, eux, ne bougent pas. Ne sachant se remettre en question, le président tempête contre son Premier ministre, François Fillon, soupçonné de gérer sa po-pularité en petit rentier. Son gouvernement, dont il était si fier, est souvent inexpérimenté. Parfois, il aurait presque envie de tout planter là. « Je ne ferai qu’un seul mandat », glisse-t-il à ses visiteurs qui n’en croient pas un mot. Pourtant, il a fait ce qu’on lui demandait. Il a « fait » président.
Il s’est montré discret, a remisé ses Breitling au placard. À la place, il porte une Patek Philippe. Une montre suisse discrète. Parfois, il la fait circuler entre ses invités qui partagent sa table de déjeuner. « Elle vaut quatre fois plus cher que l’autre ! », s’amuse-t-il. Devant ses potes, il joue les fiers à bras, dit qu’il n’a dû renoncer à aucune réforme, au contraire de Giscard, de Mitterrand et de Chirac, ces modèles dont on voudrait qu’ils l’inspirent. Dédaigneux, il rappelle leurs échecs. Et, fanfaron, il lâche : « Je ne repeins pas la réalité en rose, mais finalement, gouverner, c’est plus facile que je croyais. »
@ 2 008 Le Monde – Philippe RIDET – (Distribué par The New York Times Syndicate
Sources L'Express Mauritius
Posté par Adriana Evangelizt