Un Français kidnappé en Afghanistan
Un Français kidnappé en Afghanistan
Johann Freckhaus, un chef d'entreprise de 37 ans, serait entre les mains de «sous-traitants des talibans».
Un entrepreneur français, Johann Freckhaus, 37 ans, qui dirige une joint venture franco-afghane à Kaboul, a été enlevé jeudi matin à 6H40 sur la route entre Moqor et Ghazni dans le sud-est de l'Afghanistan, selon un de ses proches dans la capitale afghane.
Leur véhicule a été stoppé par des hommes en armes, qui ont emené Freckhaus, ses deux collaborateurs afghans et leur chauffeur. Partis le matin de Kandahar, les quatre hommes se dirigeaient vers un chantier de construction dans cette région d'Afghanistan, réputée très dangereuse. «Habituellement, les employés afghans de Freckhaus appellent régulièrement leur famille quand ils sont en chemin, mais depuis jeudi matin, c'est le silence radio», confie-t-on dans l'entourage du Français. Samedi dernier, leur véhicule avait été la cible de tirs non loin du lieu où ils ont été enlevés jeudi.
Installé en Afghanistan depuis neuf ans, Freckhaus connaît très bien le pays, et parle le dori, une des langues locales. La dégradation constante de la situation sécuritaire lui faisait envisager un retour proche, nous avait-il confié lors de notre dernière rencontre à Paris, il y a un mois et demi.
Sur place à Kaboul, les autorités françaises ont la certitude qu'il s'agit d'un kidnapping. D'après les premières informations en leur possession, il semblerait que le Français et ses employés afghans soient entre les mains de «sous-traitants des talibans». Ces derniers refusent pour l'instant tout contact avec les Français, qui craignent que les otages soient «revendus» aux radicaux islamistes.
Les Talibans ont multiplié les condamnations de la récente décision de la France d'envoyer des renforts de troupes en Afghanistan pour lutter contre le terrorisme. A Kaboul, les proches de Freckhaus redoutent également que la prochaine conférence sur l'Afghanistan, prévue le 12 juin à Paris, «complique la donne en faisant monter les enchères».
L'hypothèse d'une faille dans la protection du Français n'est pas écartée. Un de ses employés aurait pu transmettre des informations sur leur déplacement aux ravisseurs.
Au printemps 2007, deux humanitaires français avaient déjà été kidnappés en Afghanistan. Ils avaient été relâchés, après trois semaines de détention. Le candidat Nicolas Sarkozy à la présidence de la République avait alors déclaré que la France n'avait pas vocation à rester éternellement en Afghanistan. «Depuis, les Talibans se sentaient trahis», estimait Johann Freckhaus, qui ajoutait «le prochain Français enlevé en Afghanistan sera difficile à libérer».