Sarkozy réunit 43 chefs d'Etat à Paris pour lancer son Union pour la Méditerranée
Sarkozy réunit 43 chefs d'Etat à Paris pour lancer son Union pour la Méditerranée
PARIS - Quarante-trois chefs d'Etat et de gouvernement, dont certains sont des ennemis de toujours, rassemblés à Paris autour de Nicolas Sarkozy: l'affiche du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée est belle. Mais, outre que certains figurants font tousser la classe politique française, le grand projet du président français, déjà passablement édulcoré, risque fort de se transformer en coquille vide le 13 juillet.
L'objectif est de faire travailler ensemble autour de "projets concrets" 44 pays: les 27 Etats-membres de l'Union européenne et les pays de la rive Sud de la Méditerranée, dont l'Algérie, l'Egypte, Israël, l'Autorité palestinienne, la Syrie, la Libye ou la Turquie.
Encore faut-il déjà parvenir à réunir tout le monde autour de la même table. Comme prévu, la tâche s'est avérée compliquée, mais Nicolas Sarkozy semblait en passe de la réussir. L'Israélien Ehoud Olmert, le Syrien Bachar el-Assad ou l'Algérien Abdelaziz Bouteflika devraient bien venir à Paris le 13 juillet, affirme-t-on dans l'entourage du président français.
Tous ont été invités à assister au défilé du 14-Juillet, au grand dam d'une partie de la classe politique, hostile à la présence du président syrien sur les Champs-Elysées.
"Un seul invité n'a pas confirmé, c'est (le dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi", selon un proche de Nicolas Sarkozy. Lors d'un mini-sommet à Tripoli en juin, le "guide" libyen a dit tout le mal qu'il pensait de l'UPM, exhortant les dirigeants arabes à ne pas adhérer au projet. A Paris, on n'en concluait toutefois pas qu'il serait absent: "on n'a pas l'illusion de changer une personnalité qui restera immuablement fantasque..."
Réunis à Alger le 6 juin dernier, les pays arabes, à commencer par l'Algérie, ont réclamé des "clarifications" sur la présence d'Israël au sein de l'Union pour la Méditerranée. Car c'est bien là le principal écueil sur lequel l'UPM risque fort d'achopper.
Pari audacieux au Sud de la Méditerranée, l'UPM est aussi compliquée à réaliser côté Nord.
Déjà, sous la pression allemande, Paris avait accepté d'élargir l'UPM à tous les pays européens, et non plus aux seuls Etats riverains de la Grande Bleue. Mais désormais, le projet est menacé d'être totalement réintégré dans le giron communautaire, où il pourrait achever de se diluer. Chargée par les 27 de définir la structure de la future UPM, la Commission européenne s'est en effet nettement démarquée dans ses propositions de la vision française.
Nicolas Sarkozy souhaitait une véritable co-présidence, exercée conjointement pour deux ans par le représentant d'un pays de la rive Sud et celui d'un Etat de la rive Nord. L'objectif était de renforcer l'implication du Sud par rapport à l'actuel processus de Barcelone, engagé en 1995.
La Commission a réaffirmé a contrario la prééminence des institutions européennes en proposant que la co-présidence côté Nord soit assurée conjointement par le président en exercice du Conseil européen et le président de la Commission européenne. De même, l'UPM, dotée d'un secrétariat restreint, ne devrait pas bénéficier de financements européens supplémentaires.
Dans ces conditions, le grand projet de Nicolas Sarkozy pourrait finalement n'aboutir qu'à toiletter le processus de dialogue euroméditerranéen de Barcelone.
Les pays du Sud "ne veulent pas voir se perpétuer le processus de Barcelone", prévenait-on récemment dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Ils "doivent être convaincus que ce ne sera pas comme avant" et "veulent être partie prenante du processus de coopération".
De fait, à Alger, les pays arabes ont exprimé leur crainte de voir la Commission monopoliser la décision. "L'esprit d'initiative et la mise en oeuvre des projets" ne doivent pas être "seulement l'apanage d'une seule partie, comme cela a été dans le passé", a mis en garde le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci.
Il faut "non pas une simple relance du processus de Barcelone mais une co-présidence qui ne se confonde pas avec la présidence européenne (...) C'est un point énorme", soulignait récemment Michel Vauzelle, président de la Commission interméditerranéenne de la Conférence des Régions périphériques maritimes de l'Europe (CRPM). "Si (Nicolas Sarkozy) arrive à faire admettre ça aux chefs d'Etat et de gouvernement le 13 juillet, alors l'idée du président est sauvée."
Sources La Presse Canadienne
Posté par Adriana Evangelizt