« En tant qu'ami, je vous le dis... » - Epître aux Nouveaux Hébreux - Evangile selon St Nicolas
Voilà la pensée sioniste israélienne en ce qui concerne Nicolas Sarkozy... c'est pas piqué des vers ! On comprend mieux effectivement la fin du voyage...
« En tant qu'ami, je vous le dis... » - Epître aux Nouveaux Hébreux - Evangile selon St Nicolas
par Shraga Blum
Arouts 7 le site des colons
On dit traditionnellement qu’une personne peut « acquérir son monde en un instant.» Mais que le contraire est vrai aussi : on peut détruire en un instant tout ce que l’on a essayé de construire…ou ce que l’on a voulu faire croire !
Jamais président étranger n'aura prononcé des paroles aussi amicales et émouvantes devant la Knesset que Nicolas Sarkozy. Même le discours de Georges Bush du mois de mai, pourtant qualifié de "discours sioniste", a été dépassé, tant par le choix des termes et des références que par le ton chaleureux et convaincant. Mais les bras qui vous étreignent peuvent aussi finir par vous étouffer, car jamais non plus, un hôte étranger ne se sera impliqué à ce point dans la politique interne d'Israël, au point de s’aligner ouvertement sur les thèses palestiniennes et des Israéliens d’extrême gauche.
En écoutant le début du discours du Président français, je me disais "Attention, c’est trop beau, qu'est ce qui nous attend encore? A quel moment le coup de massue va-t-il s’abattre?" Et cela na pas manqué ! Tout semblait trop beau de la part d’un homme d’Etat pétri de la longue tradition gaulliste pro-arabe de la France. Le masque est tombé ce lundi. Dans la première partie de son discours déjà, Nicolas Sarkozy avait annoncé la couleur, en répondant au remarquable discours de Binyamin Netanyahou, par un "Jérusalem, ville sainte des trois religions", sans mentionner aucunement son caractère de capitale de l'Etat d'Israël. Et en louant la « force de la démocratie israélienne », il adressait un compliment indirect aux députés arabes qui avaient bruyamment interrompu Netanyahou, en le traitant de « fasciste », devant toute l’assemblée, quelques minutes auparavant. Ceux-ci l’ont d’ailleurs bien compris, au vu de leurs applaudissements.
Ainsi, après avoir encensé l'Etat d'Israël et le peuple juif sur tous les aspects, après avoir juré son « amitié et son admiration », promis le "soutien de la France pour tout atteinte à l'existence d'Israël", « condamné les menaces iraniennes », etc. le Président français s'est lancé pendant dix minutes au moins dans un véritable discours politique digne d'un député du Meretz, tout cela sous couvert d’amitié, bien sûr! Il a dressé une liste d'exigences envers Israël, surprenant tous les commentateurs et une et une majorité de députés, tant cela sortait du cadre habituel des conventions et de l'équilibre subtil du langage diplomatique.
Au nom de la France, Nicolas Sarkozy a pris nettement position dans le débat intérieur israélien concernant la question palestinienne: "Il faut immédiatement cesser la construction juive en Judée-Samarie y compris à Jérusalem-Est », « les députés israéliens doivent voter la loi de ‘Rapatriement contre indemnités’ des Juifs résidant en Judée-Samarie », «Jérusalem doit devenir la capitale de deux Etats, l’un Israélien, l’autre Palestinien », « Israël doit contribuer à une solution juste de la question des Réfugiés », « C’est Israël qui est fort, et qui doit tendre la mains et faire les efforts », etc…
Applaudissements à l’extrême gauche et chez les députés arabes, mais aussi d’un Premier ministre béat et souriant, paraissant ridicule entre un Ehoud Barak et une Tsipi Livni impassibles. Benny Eilon (Ihoud Leoumi – Mafdal) s’est d’ailleurs étonné de la « connaissance de Nicolas Sarkozy des détails de la loi déposée devant la Knesset » et se demande si ce « n’est pas une personnalité politique israélienne qui lui aurait suggéré d’en faire état dans son discours ».
Dix minutes avant, à peine, sous des applaudissements nourris, le Président français, avait justifié dans une envolée lyrique le « rêve millénaire du Retour à Sion » clamant en substance qu’en Israël désormais « aucun Juif ne porterait plus l’étoile jaune, aucun Juif ne se verrait interdire de prendre un bus, d’aller au restaurant ou de pratiquer certains métiers, et que les Juifs peuvent maintenant prendre leur destin en mains… ». Et en un tour de passe-passe rhétorique, ce même Sarkozy déniait maintenant le droit aux Juifs d’avoir leur propre capitale, d’habiter là où ils le désirent en Erets Israël, et demandait aux députés de procéder à un nouveau déracinement de familles juives !!
Et la cerise sur le gâteau est venue ce mardi après-midi avec l’envoi de la très chiraquienne Michèle Alliot-Marie déposer une gerbe sur le mausolée du chef terroriste Yasser Arafat. De quoi gerber effectivement.
KO debout pour Israël ! Certes, il faut relativiser. Ce n’est finalement pas le Président des DOM-TOM, de la Corse et du Pays Basque qui va interdire aux Juifs de s’installer à Bet-El, Kyriat Arba ou Ariel. Consultez les cartes de France entre le 11e et le 17e siècles, et voyez comment les Louis, Henri et autres Charles ont modelé et élargi la carte de France par des conquêtes meurtrières. La France est l’un des derniers pays à pouvoir donner des leçons sur ce point.
Mais l’outrecuidance est manifeste, et je revois avec pitié ces centaines de Juifs – dont j’ai fait partie - faisant la queue avec enthousiasme dans les bureaux de vote à Jérusalem, clamant, une fois n’est pas coutume, pour qui ils allaient voter : « Sarko, quelle question ! » La déception est d’autant plus grande pour les presque 90% d’Israéliens de citoyenneté française, et avec eux des dizaines de milliers de Juifs de France, qui avaient mis dans l’urne beaucoup plus qu’une enveloppe bleue avec un simple nom : ils avaient espéré un changement radical, non seulement du discours politique français envers Israël, mais aussi de l’attitude française envers l’Etat juif. La désillusion est à la hauteur des espoirs. Une fois de plus, nous nous sentons incompris, utilisés, trahis.
Il est indéniable que Nicolas Sarkozy nourrit des sentiments profonds d’amitié pour Israël, pour des raisons familiales, personnelles et éthiques. Il n’aura cependant pas réussi le pari sur lequel nous comptions : donner une nouvelle direction à la politique moyen orientale de la France. Par le choix de son ministre des Affaires Etrangères, par son écoute de conseillers issus de la longue tradition pro-arabe du Quai d’Orsay, pas son désir de ne pas se mettre à dos le monde arabe ou l’importante communauté arabo-musulmane en France, Sarkozy est retombé hier dans le travers de ceux qui l’ont précédé : Israël est un pays auquel on peut faire la leçon, à qui l’on peut manifester des sentiments d’amitié tout en lui intimant la manière dont il doit se comporter.
Il s’agit-là de l’une des expressions d’une pathologie connue de la relation du non-juif au juif : « Sachant les hautes valeurs morales dont vous êtes les héritiers, c’est de vous que nous exigeons tout et c’est à vous de faire des sacrifices face à vos ennemis ». C’est cette déviance morale qui a guidé consciemment ou non tous les Couve de Murville, Jobert, De Charrette, Dumas, Cheysson, Vedrine et aujourd’hui Kouchner à s’adresser à Israël de la manière dont ils le font. On est loin de l’envoi d’urgence d’un Jean-Pierre Raffarin en mission à Pékin, pour s’excuser platement devant les Chinois de « l’affront » qui pourrait leur avoir été fait par des organisations pro-tibétaines en France. « Nous ne nous permettrons pas de nous ingérer dans les affaires intérieures de ce grand pays qu’est la Chine ». Pour le petit Etat juif sans pétrole et sans marchés à conquérir, l’attitude est toute différente.
Certes, Sarkozy aime Israël. Il l’a dit et répété. Mais le comprend-t-il ? Le respecte-t-il ? Ce n’est pas l’impression qui ressort de la fin de son discours et de cette visite indigne sur la tombe d’un assassin de Juif.
Après la froideur méprisante de Chirac, nous avons eu droit à la chaleur vive de Sarkozy.
Si intense qu’elle a réussi à tout brûler.
Sources Arouts 7
Posté par Adriana Evangelizt