Un défilé sur fond de malaise des armées

Publié le par Adriana EVANGELIZT



Un défilé sur fond de malaise des armées


par Jean Guisnel


Le traditionnel défilé du 14 juillet sera-t-il marqué par une manifestation de mauvaise humeur des militaires ? C'est très peu probable. Et si les esprits sont assez chagrin devant ce que les armées ont notamment perçu comme une mauvaise manière présidentielle après l'affaire de Carcassonne, le président de la République s'est employé hier soir, pour la première fois, à calmer le jeu.

Dans le message aux armées que le Président adresse toujours aux militaires à la veille de la Fête nationale, Nicolas Sarkozy écrit : " en tant que chef des armées et au nom de tous nos compatriotes, je vous assure de toute mon estime et mon amitié, et je vous renouvelle ma confiance dans vos capacités à exécuter vos missions quotidiennes et à construire notre défense de demain ".

Evoquant précisément le tir accidentel sur le public qui assistait aux portes ouvertes à la caserne du 3ème RPIMa à Carcassonne, le 29 juin, le Président ajoute : " un tel événement n'engage pas la confiance que j'ai dans nos armées, ni celle que les Français leur témoignent ". Le chef des armées aurait, selon les versions, qualifié les militaires d' " irresponsables " ou d' " amateurs " à l'adresse du général Bruno Cuche, chef d'état-major de l'armée de terre qui démissionna le lendemain. Il aura fallu plus de deux semaines pour que cette mise au point élyséenne intervienne, mais il faudra davantage de temps pour voir si elle contribuera à apaiser les esprits. Ceux du chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, n'avaient jamais été troublés, et ce matin sur RTL il s'est à nouveau fait l'avocat du Président, en plaidant le " malentendu ".

A ces yeux, cette déclaration présidentielle " remet l'incident de Carcassonne à sa juste place ". En raison d'un " malentendu ", certains avaient " compris que ce qualificatif visait l'ensemble de l'armée de terre et des armées, alors qu'il s'adressait aux responsables des portes ouvertes de Carcassonne ". S'il le dit...

Un autre élément est venu jeter le trouble dans les armées : la présence du chef d'Etat syrien Bachar El-Assad dans la tribune officielle lors du défilé, parmi plusieurs dizaines de chefs d'Etat étrangers venus pour participer au sommet pour l'Union pour la Méditerranée. Le problème vient du fait que le régime syrien a souvent été présenté comme se trouvant à l'origine de l'assassinant à Beyrouth de l'ambassadeur de France Louis Delamarre le 4 septembre 1981. De même, sa co-responsabilité avec l'Iran dans l'attentat exécuté par le hezbollah contre l'immeuble Drakkar qui hébergeait, toujours à Beyrouth, des parachutistes français, n'a pas été vraiment contestée. 58 soldats avaient trouvé la mort dans l'explosion d'un camion piégé, le 23 octobre 1983. Or il se trouve que la promotion actuelle de l'EMIA (Ecole militaire interarmes) de Coëtquidan a justement pris pour nom de baptême celui du jeune officier Antoine de la Batie, tué dans l'attentat du Drakkar. Cette promotion défilera donc devant l'héritier du régime syrien, et le symbole passe mal. Hier, l'Elysée a fait savoir, cité par l'Est républicain, " Le Drakkar c'est pas la Syrie ! La Syrie, c'est l'ambassadeur Delamare ! Le Drakkar, c'est le Hezbolah, avec l'Iran derrière ! C'est une erreur historique [d'accuser la Syrie] ! " Puisque la présidence de la République possède des informations précises sur ce point, il serait sans doute utile que, même vingt-cinq ans après les faits, elle en fasse plus précisément état...

Le chef d'état-major des armées, toujours sur RTL, a abondé dans le sens de l'Elysée, estimant à propos de la Syrie que son " implication n'a jamais été démontrée ", ce qui est une chose. Avant d'ajouter : " nous n'en n'avons pas la preuve irréfutable ". Ce qui est autre chose...

Sources
Le Point

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Sarkozy-OTAN-Nucleaire

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