Sarkozy prêt à assumer les risques de son ouverture en direction de Damas
Paris ne transigerait jamais sur l'indépendance du Liban
Sarkozy prêt à assumer les risques de son ouverture en direction de Damas
L'article d'Élie FAYAD
En pratiquant sa politique d’ouverture en direction de la Syrie et de son président, Nicolas Sarkozy sait qu’il prend des risques, mais il se dit prêt à les assumer.
Une source diplomatique a dit à L’Orient-Le Jour que lors de son entretien, samedi dernier à Paris, avec son homologue libanais, Michel Sleiman, le président français a confié à ce dernier qu’il avait décidé de miser sur une ouverture en direction de Bachar el-Assad. Nicolas Sarkozy a ajouté que si le chef de l’État syrien ne s’acquittait pas de ce qui lui était demandé dans le cadre de la normalisation avec le Liban, il serait prêt à en tirer les conséquences.
Il a aussi affirmé au général Sleiman qu’en entreprenant cette démarche auprès de Damas, la France pensait d’abord au Liban et qu’elle ne transigerait jamais sur l’indépendance et la souveraineté de ce pays.
Il est à noter que le président syrien a exprimé de son côté une volonté de normalisation avec le Liban. Il l’a fait devant témoin, puisque mis à part M. Sarkozy, il y avait là l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, et même devant le monde entier. La source relève que la présence de cheikh Hamad à Paris pour ce sommet s’inscrivait dans le prolongement du rôle joué par le Qatar depuis l’accord de Doha.
Pour cette source, la normalisation entre le Liban et la Syrie ne comporte pas que l’établissement de relations diplomatiques. Il s’agit d’une étape, mais il y en a d’autres, comme la délimitation et le contrôle de la frontière entre les deux pays.
À présent, ce qui compte, c’est que les signes de bonne volonté exprimés verbalement par le président Assad se matérialisent rapidement, même si cela doit prendre quelques semaines. Il convient notamment que des progrès soient réalisés sur ce plan avant la visite que doit effectuer Nicolas Sarkozy à Damas, programmée pour la première moitié de septembre.
Que se passerait-il si, d’ici là, Damas s’abstenait de concrétiser ce qui a été promis ? La source diplomatique évite de se prononcer directement sur le sort de cette visite, soulignant que la France ne pouvait pas en faire l’objet d’un chantage, mais qu’en tout état de cause, il fallait espérer que des progrès soient enregistrés.
Le « wait and see » des USA
S’agissant de l’attitude des États-Unis au sujet de l’ouverture européenne, et en particulier française, sur Damas, on réfute de même source l’affirmation selon laquelle ils y seraient opposés. Certes, les Américains ne sont pas ravis, mais ils ne sont pas contre non plus, souligne-t-on. Ils ont plutôt décidé de pratiquer la politique du « wait and see ».
Aux Libanais nostalgiques de la politique de Jacques Chirac, champion de la politique d’isolement de la Syrie depuis l’assassinat de Rafic Hariri, et qui penseraient que la France de Nicolas Sarkozy les a lâchés, on assure qu’il n’y a pas lieu de le croire. Il existe certes une nouvelle orientation dans la politique française, mais, répète-t-on, l’essentiel reste inchangé : il n’est pas question de transiger sur l’indépendance et la souveraineté du Liban, pas plus que sur la question du tribunal international, qualifiée de « non négociable ».
Au sujet de l’échange de prisonniers et de corps prévu aujourd’hui entre le Liban et Israël, on relève de même source que ce développement marque un progrès dans l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité et qu’il faut donc s’en féliciter.
Il reste, entre autres, la question des fermes de Chebaa. La diplomatie est à l’œuvre actuellement à ce sujet et l’on s’attend à ce que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, en défriche quelque peu le terrain dans les prochaines semaines, en clarifiant (pour ne pas dire en dénonçant) les positions des uns et des autres, note-t-on de même source.
Israël se dit prêt à discuter du transfert de ce territoire occupé à l’ONU, comme le voudrait le Liban, mais il ne semble disposé à faire ce cadeau que dans le cadre de négociations directes avec Beyrouth.
Quant à la Syrie, son attitude à ce propos reste pour le moins ambiguë, et il n’est toujours pas clair si elle est – au même titre d’ailleurs que le Hezbollah – prête à livrer cette carte avant de réaliser de véritables progrès dans ses propres négociations avec l’État hébreu.
Jusqu’ici, des quatre parties directement concernées par cette question, c’est-à-dire l’État libanais, le Hezbollah, Israël et la Syrie, seul le premier a une position sans équivoque. D’où l’utilité des démarches que doit entreprendre prochainement le secrétaire général de l’ONU.
Sources Lorient le Jour
Posté par Adriana Evangelizt