Le monde s'inquiète pour la sécurité in vitro du Liban
Là aussi l'auteur parle de tout sauf de l'essentiel. Le monde s'inquiète pour le Liban, certes, car ils savent qu'Israël est prêt a encore faire le coup de feu. Toutes les menaces lancées ces derniers temps par Olmert n'en sont que plus parlantes pour l'imminence ou l'immanence de la destruction du Liban.
Le monde s'inquiète pour la sécurité in vitro du Liban
L'article de Philippe ABI-AKL
Le défilé de visiteurs arabes et autres à Beyrouth, ainsi que les prestations onusiennes (reconduction de la Finul et rapports cycliques du secrétariat général) traduisent une forte préoccupation instillée par la précarité sécuritaire tangible au Liban. Fausse naïveté, ou sincère étonnement, au-dehors on dit ne pas bien comprendre pourquoi le pays reste si agité après les accords de Doha, l’élection du président Sleiman, la mise en place d’un cabinet rassurant d’union nationale, l’entente sur la déclaration ministérielle et la réactivation de la Chambre.
Les démarcheurs étrangers ont tous relevé que, dans un microcosme aussi serré que le nôtre, ni les secousses de Tripoli ni les incidents isolés de Taalabaya ou de Ras el-Nabeh ne peuvent être pris à la légère.
Ajoutant que ces troubles peuvent servir de détonateur pour une confrontation qui risquerait de faire tache d’huile dans la région. Et d’attiser les ardeurs menaçantes réciproques d’Israël et d’un Iran irascible, soutenu par la Syrie, et qui s’arme du Hezbollah, en l’armant.
Alarmant, le rapport de la commission chargée par Ban Ki-moon de surveiller les lignes libano-syriennes dans le cadre de la 1701 confirme que l’afflux d’armes, pudiquement baptisé contrebande, se poursuit de plus belle à travers une frontière plus passoire que jamais. Sur terre, à Masnaa ou Abboudiyé, mais même par les airs, avec débarquement-déchargement, sans contrôle, à l’aéroport international Rafic Hariri.
Pour nombre d’observateurs, il est manifeste que ce trafic intensifié procède d’un plan visant à transmuter sur la scène libanaise, sempiternelle soupape de dégagement, divers conflits régionalo-internationaux.
Cependant, il est important de le souligner, nombre de parties locales, aussi engagées qu’elles soient dans la lutte des axes, se montrent conscientes de la nécessité de prévenir tout embrasement intérieur. Les appels et les démarches d’apaisement se multiplient, notamment au niveau de la rue sunnite, avec mobilisation contre les courants fondamentalistes radicaux, minoritaires certes, mais qui compensent ce handicap, comme c’est souvent le cas, par un activisme tranchant. Par exemple, en politisant et en exploitant le dossier des détenus dans l’affaire de Denniyé. Ou encore, en cherchant à s’arranger avec le Hezbollah, comme l’a fait le groupe de Hassan Chahhal, pour mieux contrer les modérés sunnites. Tactique qui a tourné court, car le fondateur du salafisme local, Daïi el-Islam Chahhal, l’a trouvée, justement, un peu courte de vue : on ne s’allie pas avec un rival séculaire pour taquiner un émule occasionnel issu de sa propre branche, a-t-il jugé.
Le Caire
Cela étant, les modérés sunnites restent, par définition même, pour la détente et l’ouverture. Et ils s’étonnent donc que Nasrallah continue à refuser la main tendue par Hariri, geste pourtant tout à fait méritoire après le mai de Beyrouth-Ouest. Ils regrettent que le Hezbollah ait plutôt préféré traiter avec les salafistes, comme s’il voulait favoriser leur montée en puissance et leur agressivité, au lieu de promouvoir le calme et la stabilité.
Mais ces modérés ont reçu Aboul Gheit en renfort. Le ministre égyptien des AE a martelé, lors de sa visite à Beyrouth, de sérieuses mises en garde contre les retombées des troubles de Tripoli et de Beyrouth. Il a pressé les protagonistes locaux de tout mettre en œuvre pour consolider la stabilité sécuritaire du Liban, surtout à l’approche des législatives, en promettant une aide sérieuse aux forces régulières libanaises qui, à dire vrai, souffrent moins d’un manque d’équipement (encore que) que d’un manque de couverture politique, pour prévenir, agir, réagir et réprimer.
Notons que le ministère de l’Intérieur prépare un plan pour la consolidation de la sécurité interne, dans la perspective des législatives qu’il doit organiser l’an prochain. Le ministre, Ziyad Baroud, doit tenir une série de réunions de travail à cet effet, après l’adoption de la nouvelle loi électorale.
Toujours pour ce qui est de ces forces, les loyalistes pressent Baabda d’accélérer la nomination d’un commandant en chef de l’armée. Ils soulignent que le président Sleiman, qui a occupé le poste pendant neuf ans, est le mieux placé pour savoir combien la vacance à ce niveau peut être préjudiciable. Et ils demandent que toutes les parties s’en remettent à lui pour le choix final, étant donné qu’il a été élu en tant que président de consensus.
Les proches de Baabda indiquent que le chef de l’État est soucieux, avant tout et pour tout poste d’importance, que l’on s’en tienne aux seuls critères de compétence, de capacité, de probité et de mérite, loin de tout clientélisme politicien ou confessionnel. La règle du right man in the right place, en somme.
Retour aux visiteurs étrangers. S’ils s’inquiètent pour la sécurité, ils se montrent néanmoins satisfaits de l’évolution positive des rapports libano-syriens, grâce à l’action du président Sleiman. Une amélioration qui peut se refléter sur nombre de contentieux interarabes, concernant, notamment, la Syrie et l’Arabie saoudite. D’autant que la diplomatie égyptienne s’y emploie actuellement, avec le concours du Qatar. Ce qui se traduirait par une réunion détendue des ministres arabes des AE, prochainement au Caire.
Sources Lorient le Jour
Posté par Adriana Evangelizt