Sarkozy sème la pagaille

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Sarkozy sème la pagaille

Si Nicolas Sarkozy a décidé de rester au gouvernement, est-il encore ministre de l'Intérieur? A plusieurs reprises, la semaine dernière, l'ordre n'a plus été assuré - et pas seulement lors des violents incidents qui ont éclaté sur l'esplanade des Invalides, le 23 mars. Pendant plus de trois jours, l'Ecole des hautes études en sciences sociales a été occupée et saccagée par des casseurs, en plein cœur de Paris. Selon la direction de l'établissement, la police a refusé d'intervenir avant le 24 mars à l'aube. Entre-temps, il avait même été fait appel à une compagnie privée de sécurité qui avait préféré décliner. On imagine facilement les réactions de la droite si le socialiste Daniel Vaillant était toujours Place Beauvau.

Comme à son habitude, Sarkozy continue de parler haut - «Racaille, c'est trop bienveillant, voyou, c'est mieux», disait-il samedi dernier devant les militants de l'UMP - mais il n'agit pas. Il paraît tétanisé par le spectre d'une bavure que Dominique de Villepin lui ferait payer au prix fort. Il a donc fallu attendre les manifestations du 28 mars pour que le ministre de l'Intérieur change de stratégie.

L'attitude du président de l'UMP au sujet du CPE au cours des dernières semaines, oscillant entre faux soutien et vraie critique, prouve une autre forme d'embarras. L'initiative gouvernementale est facile à décrypter, selon un ami de Nicolas Sarkozy: «Cette histoire devait seulement permettre à M. de Villepin de montrer qu'il était un grand homme, tandis qu'il se consolait en son for intérieur: “Si je meurs, tout le monde mourra en même temps.''» Mais le n° 2 du gouvernement s'est révélé un curieux capitaine par gros temps, réclamant, un jour, une «expérimentation» de la réforme, un autre, sa suspension, alors qu'une part importante de l'électorat UMP ne veut pas voir le gouvernement lâcher prise. Seul parmi les députés qui le soutiennent, Bernard Debré a osé dire publiquement, le 23 mars sur RTL: «Sarkozy doit penser à son pays avant de penser à sa carrière.»

L'image du futur candidat à l'Elysée reposait jusqu'à présent sur deux piliers: l'autorité et la rupture. La crise actuelle porte atteinte à l'un comme à l'autre. Nicolas Sarkozy l'a compris. A Douai, le 27 mars, il a choisi de se démarquer autrement: en revêtant son costume préféré, celui d'orateur, et en se projetant dans l'avenir. «Il n'y a pas de fatalité. J'ai la conviction que nous pouvons changer la donne», a-t-il lancé lors de sa première réunion publique personnelle, avant de demander d' «en finir avec la pensée unique». Un air connu. «S'est établi ce que certains ont joliment appelé la pensée unique. (…) Il est temps de renoncer au renoncement.» C'était aussi lors d'un meeting fondateur, le 17 février 1995. Présage de bon augure: Jacques Chirac allait finir par être élu à la présidence de la République. Présage de mauvais augure: quand le décalage se creuse entre la posture d'un élu et la réalité de sa politique, quand l'écart grandit entre sa parole et sa pratique, la déception ne tarde jamais à surgir.
Sources : L'Express

Publié dans Nicolas Sarkozy

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