MAM exaspère Sarkozy
Une ministre jugée trop «vieille école»
MAM, qui n'a jamais fait allégeance, exaspère le président de la République.
Les fuites récurrentes sur les colères du chef de l’Etat la laissent apparemment de marbre. «Elle est nulle», aurait lâché Nicolas Sarkozy, consterné par la mauvaise gestion du dossier Edvige par Michèle Alliot-Marie. Nulle ? «Ce genre de propos, ce sont des lieux communs colportés par les entourages», se rassure un proche de la ministre. De fait, lorsqu’il a reçu Michèle Alliot-Marie à l’Elysée pour mettre un terme à la polémique sur le fichier qui fâche, Nicolas Sarkozy est resté poli et courtois.
«Bombe». Mais il n’en pense pas moins. Aux antipodes des siennes, les méthodes de sa ministre de l’Intérieur et sa manière vieille école de faire de la politique l’exaspèrent. Qu’elle n’ait pas mesuré que le décret Edvige était une «bombe politique» l’a stupéfait. Et il n’a pas apprécié le ton sur lequel elle a fait la leçon à ceux qui contestaient les critères retenus dans ce fichier, en se contentant d’être «la porte-parole de son administration», dit un conseiller. A l’Elysée, où nombre de collaborateurs du Président sont passés par la place Beauvau, on estime que ce qu’elle a fait du poste est un «gâchis». Seule fascine la capacité de la ministre à «tout avaler et à repartir de l’avant comme si de rien était».
Les femmes du gouvernement la trouvent «courageuse». L’une d’elle dénonce l’injustice du procès qui lui est fait : «On laisse les patrons de la police prendre leurs ordres à l’Elysée et quand ça tourne mal, on fait porter le chapeau à la ministre… C’est un peu fort !» Michèle Alliot-Marie ne se contente pas d’encaisser sans broncher. Elle en rajoute dans la posture du martyre héroïque. Après le limogeage controversé du chef de la sécurité en Corse Dominique Rossi, elle prétend avoir décidé seule, sans en avoir parlé au chef de l’Etat ni à ses conseillers.
«Elle n’est pas née de la dernière pluie, elle voit bien que beaucoup s’obstinent à lui savonner la planche», confie un proche. Pour les sarkozyste, MAM est une anomalie. Contrairement aux autres ministres issus de la chiraquie, elle n’a jamais fait allégeance. Et cela ne l’empêche pas de parader constamment au firmament des sondages. Elle reste, avec Jean-Louis Borloo, la ministre la plus appréciée des Français.
Campus. A Royan (Charente-Maritime), à l’ université d’été de l’UMP, elle a aggravé son cas en osant prétendre que les militants UMP étaient en manque de chef «visible». Une sortie particulièrement mal venue, au moment où tous les dirigeants du parti s’appliquaient à réciter le catéchisme unitaire dicté par l’Elysée. Sur le campus de Royan, les partisans de la ministre avaient installé, bien visible, le stand de son association le Chêne. Début novembre, ce club reçoit pour un colloque sur «le renouveau du gaullisme» . «Près d’une centaine de parlementaires sont attendus», assure l’entourage de Michèle Alliot-Marie.
Sources Libération
Posté par Adriana Evangelizt