Sous le feu des critiques, l'équipe Fillon multiplie les annonces sociales

Publié le par Adriana EVANGELIZT





Sous le feu des critiques, l'équipe Fillon multiplie les annonces sociales



Pendant la crise, tout est permis ! Prime "exceptionnelle" en plus de la prime de Noël pour les chômeurs et les RMistes, revalorisation du minimum vieillesse et des pensions de réversion, instauration d'un minimum garanti pour les pensionnés du régime agricole : chaque jour, le gouvernement Fillon invente de nouveaux baumes pour les plus démunis, sur fond de remontée du chômage et de vive inquiétude sur le pouvoir d'achat.

Depuis le discours de Toulon de Nicolas Sarkozy qui a brusquement pris acte de la gravité de la situation, l'idée d'un plan de relance n'est même plus taboue. "On ne sera pas quelle forme il prendra, ni quel sera le calendrier, mais on y réfléchit", confie un ministre.

LA FACTURE S'ALLONGE

Nicolas Sarkozy le libéral se prépare-t-il à devenir keynésien ? "Le président est libéral structurellement mais interventionniste conjoncturellement", résume un conseiller gouvernemental. Renflouement de Dexia avec de l'argent public, renoncement à l'équilibre des comptes sociaux, abandon du retour à l'équilibre des finances publiques pour 2012 : les digues ont lâché. "En quelques semaines, tout l'environnement réglementaire a sauté autour de nous, la BCE (Banque centrale européenne) a dérogé à ses règles pour Dexia, l'Europe va s'adapter. C'est l'article 16 (les pleins pouvoirs constitutionnels, NDLR) à l'échelle économique !", analyse un membre de l'équipe gouvernementale.

Que va dire le vertueux premier ministre François Fillon qui se voulait le gardien des équilibres ? "Nicolas Sarkozy fait très attention à François. Il le cite très souvent en conseil des ministres, il le ménage", a noté un ministre. Le premier ministre se rassure avec le projet de loi de finances pour 2009 qui confirme le non-remplacement des départs à la retraite d'un fonctionnaire sur deux et le report à des temps meilleurs de l'instauration de nouveaux bonus-malus écologiques.

Malgré cela, la facture de la crise s'allonge de jour en jour. Dimanche, Xavier Bertrand a annoncé le retour de la prime de Noël qui devait en principe disparaître avec la mise en place du revenu de solidarité active (RSA). "La prime de Noël sera maintenue, elle sera même avancée, elle sera même majorée", a indiqué le ministre du travail sur Europe 1. Le ministre du budget Eric Woerth a chiffré ce coup de pouce à environ 100, 150 millions d'euros. Le budget de la sécurité sociale, présenté lundi, prévoit aussi une revalorisation de 6,9 % du minimum vieillesse en avril 2009 et une majoration de 11 % des pensions de réversion dès 2010. Enfin, le gouvernement avait déjà fait le 9 septembre un geste en faveur des retraités agricoles en annonçant l'instauration d'un minimum garanti pour un coût global de 195 millions d'euros.

Pas de quoi néanmoins susciter " l'unité nationale" à laquelle François Fillon avait appelé vendredi. Mardi, sur France Inter, le président du MoDem François Bayrou a dénoncé "la politique massivement erronée" de Nicolas Sarkozy. La veille, François Hollande avait accusé le chef de l'Etat d'avoir caché pendant des mois "la gravité" de la crise. Puis, il l'a accusé d'avoir "d'instrumentalisé la crise afin de renoncer à tous ses engagements en matière de fiscalité, de baisse du chômage, de pouvoir d'achat et d'équilibre des finances publiques". Martine Aubry, maire PS de Lille, a aussi qualifié de "véritable fiasco" la politique économique de Nicolas Sarkozy.

Du côté syndical, les critiques sont virulentes. Jugeant la progression du chômage "contradictoire par rapport aux discours rassurants faits depuis le début de l'année", François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, estime "qu'on nous a enfumés pendant quelques mois." La CGT s'en est pris à "la fin des emplois aidés" et a assuré que "la crise financière internationale n'est pour rien" dans la dégradation de la situation du chômage.

Christophe Jakubyszyn et Jean-Michel Normand

Sources
Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt
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