États généraux de la presse : Sarkozy agite la carotte pour inciter à la réforme
États généraux de la presse : Sarkozy agite la carotte pour inciter à la réforme
Par Emmanuel Berretta
Discours énergique, ce matin, de Nicolas Sarkozy à l'occasion de l'ouverture des états généraux de la presse, censés résoudre la crise qui frappe, principalement, les quotidiens nationaux, lesquels subissent une désaffection des lecteurs et des annonceurs (attirés par les gratuits et par les agrégateurs sur Internet). Le constat du chef de l'État est lucide et partagé par tous. Il promet l'appui de l'État à condition que la profession se défasse des sempiternels blocages qui la traversent depuis une trentaine d'années. Une façon pour Sarkozy d'agiter la carotte des aides publiques pour pousser à la réforme d'une profession sens dessus dessous...
"Je ne veux en aucun cas que l'État décide à votre place", a-t-il toutefois prévenu tout en espérant que la concertation interprofessionnelle dégage des "solutions". "Il ne s'agit pas seulement de remonter des doléances (...). Il s'agit de se mettre d'accord sur un certain nombre de changements à mettre en oeuvre (...). Des décisions ambitieuses, qui ne se résument pas au plus petit dénominateur commun, qui ne pourrait être que celui des aides de l'État."
Nicolas Sarkozy a bien cerné les antagonismes et les défaussements successifs qui, depuis des lustres, conduisent les journaux dans le mur : "Vilipender le syndicat du livre pour mieux passer sous silence la responsabilité des éditeurs est tellement habituel ; vitupérer contre les droits d'auteur des journalistes pour mieux jeter le voile sur les retards d'investissement dans le Web est tellement fréquent ; critiquer les contenus et les choix éditoriaux pour ne pas parler de la fabrication ou de la distribution est tellement classique."
"L'essentiel, c'est de protéger la marque"
Tout en laissant la place à la concertation, le président de la République a asséné quelques convictions personnelles : "je crois dans l'avenir de la presse payante", "c'est une folie de croire que la publicité financera un jour toute l'information" ; "l'important n'est pas de protéger le papier, il est de protéger l'écrit" ; "l'essentiel n'est pas de protéger le support, il est de protéger la marque".
Les aides publiques à la presse (près d'un milliard d'euros, soit 10 % du chiffre d'affaires du secteur) seront repensées. Nicolas Sarkozy n'a pas caché ses doutes quant à la pertinence du saupoudrage actuel et la destination des subsides publics. De même que la loi Bichet (qui institue la liberté de la diffusion) lui semble trompeuse et cache, sous ce libellé, un réel archaïsme de la diffusion. Elle n'offre, à ses yeux, "aucune flexibilité".
Le chef de l'État s'est dit le défenseur du droit d'auteur des journalistes. Mais il considère "irréel qu'au sein d'un même titre, on ne puisse éditer le même article sur plusieurs supports sans devoir le payer plusieurs fois".
Enfin, Nicolas Sarkozy plaide, une fois de plus, pour la constitution de grands groupes médias, capables de se projeter dans la compétition internationale. Les seuils anticoncentration lui paraissent un frein qu'il se dit prêt à desserrer. Le chef de l'État néglige, cependant, deux facteurs : la France est un petit pays de 62 millions de citoyens (rien à voir avec les 270 millions d'habitants du géant américain) dont la langue - le français - n'est pas un véhicule commercial (contrairement à l'anglais). Comment combiner pluralisme de l'information et concentration des médias ? Nicolas Sarkozy n'apporte aucune piste de réflexion. Pas sûr que les États généraux tranchent cette question délicate pour notre démocratie.
"Je ne veux en aucun cas que l'État décide à votre place", a-t-il toutefois prévenu tout en espérant que la concertation interprofessionnelle dégage des "solutions". "Il ne s'agit pas seulement de remonter des doléances (...). Il s'agit de se mettre d'accord sur un certain nombre de changements à mettre en oeuvre (...). Des décisions ambitieuses, qui ne se résument pas au plus petit dénominateur commun, qui ne pourrait être que celui des aides de l'État."
Nicolas Sarkozy a bien cerné les antagonismes et les défaussements successifs qui, depuis des lustres, conduisent les journaux dans le mur : "Vilipender le syndicat du livre pour mieux passer sous silence la responsabilité des éditeurs est tellement habituel ; vitupérer contre les droits d'auteur des journalistes pour mieux jeter le voile sur les retards d'investissement dans le Web est tellement fréquent ; critiquer les contenus et les choix éditoriaux pour ne pas parler de la fabrication ou de la distribution est tellement classique."
"L'essentiel, c'est de protéger la marque"
Tout en laissant la place à la concertation, le président de la République a asséné quelques convictions personnelles : "je crois dans l'avenir de la presse payante", "c'est une folie de croire que la publicité financera un jour toute l'information" ; "l'important n'est pas de protéger le papier, il est de protéger l'écrit" ; "l'essentiel n'est pas de protéger le support, il est de protéger la marque".
Les aides publiques à la presse (près d'un milliard d'euros, soit 10 % du chiffre d'affaires du secteur) seront repensées. Nicolas Sarkozy n'a pas caché ses doutes quant à la pertinence du saupoudrage actuel et la destination des subsides publics. De même que la loi Bichet (qui institue la liberté de la diffusion) lui semble trompeuse et cache, sous ce libellé, un réel archaïsme de la diffusion. Elle n'offre, à ses yeux, "aucune flexibilité".
Le chef de l'État s'est dit le défenseur du droit d'auteur des journalistes. Mais il considère "irréel qu'au sein d'un même titre, on ne puisse éditer le même article sur plusieurs supports sans devoir le payer plusieurs fois".
Enfin, Nicolas Sarkozy plaide, une fois de plus, pour la constitution de grands groupes médias, capables de se projeter dans la compétition internationale. Les seuils anticoncentration lui paraissent un frein qu'il se dit prêt à desserrer. Le chef de l'État néglige, cependant, deux facteurs : la France est un petit pays de 62 millions de citoyens (rien à voir avec les 270 millions d'habitants du géant américain) dont la langue - le français - n'est pas un véhicule commercial (contrairement à l'anglais). Comment combiner pluralisme de l'information et concentration des médias ? Nicolas Sarkozy n'apporte aucune piste de réflexion. Pas sûr que les États généraux tranchent cette question délicate pour notre démocratie.
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt