Alcool, cigarette et joint sur la sellette

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Clope, pétard, bibine, Chirac veut s'attaquer aux addictions

par MATTHIEU ÉCOIFFIER


A l'occasion du bilan d'étape du plan cancer, il annonce la création de services ou de guichets d'addictologie dans tous les hôpitaux sans précision sur leur financement • Concernant l'interdiction de fumer dans les lieux publics, «les décisions définitives seront prises, avant la fin de l'année» •

Accros de la clope, du joint et de la bouteille, le bon docteur Chirac s'occupe de vous. Le président de la République a prescrit jeudi matin un «plan d'action global contre les addictions, causes majeures de cancers». Citant le tabac, l'alcool, «mais aussi le cannabis», Jacques Chirac a qualifié ces addictions de «causes majeures de cancer». Un peu rapidement. Si chaque année on décompte 22.000 morts par cancer liées au tabac et 11.000 liées à l'alcool, les cancers dus au cannabis existent sûrement, mais sont très marginaux. Si la consommation de shit est cancérigène, elle est générationnelle et s'effondre après l'âge de 26 ans. Alors que l'exposition au tabagisme dure plusieurs décennies. «La durée de la dépendance au cannabis oscille entre cinq et dix ans. C'est trois à quatre fois moins que pour le tabac», explique Alain Morel, secrétaire général de la Fédération française d'addictologie (FFA).

Sur le tabac, après avoir laissé la semaine dernière son Premier ministre reporter une décision d'interdiction de fumer dans tous les lieux collectifs en lançant une consultation, le Président a annoncé que «les décisions définitives seront prises, avant la fin de l'année». «Oui le débat va venir à l'Assemblée. Le Parlement va être saisi et l'opposition revenir en force sur le sujet. Mais est-ce que cela ira jusqu'à l'interdiction totale? On verra», expliquait un connaisseur du dossier.

Yves Bur, le député UMP du Bas-Rhin auteur d'une proposition de loi sur le sujet «espère une réponse concrète. Le lobbying de certains corporation ne doit pas occulter les plus de 60.000 morts liés au tabac». «L'annonce faite ce jour d'une décision sur l'interdiction avant la fin de l'année replace les préoccupations de santé publique au cœur de l'action politique et redonne une cohérence au plan cancer, a réagi Yves Bur. A l'heure où nos voisins européens sont de plus en plus nombreux à renforcer leurs législation dans ce domaine, il est essentielle de protéger les salariés du tabagisme passif quels qu'il soient. Il appartiendra aux députés de la Mission parlementaire qui va être constituée de s'inscrire dans cet objectif de santé publique et de répondre à l'attente de l'immense majorité des Français. Seule une interdiction totale de fumer sur tous les lieux publics et de travail sans exception serait à même d'influer sur les comportement et d'éviter toute distorsion de concurrence.» Reste à savoir si la majorité UMP suivra l'impulsion d'un Jacques Chirac affaibli, en votant une loi d'interdiction à quelques mois de l'élection présidentielle.

Pour soigner les accros, le Président a promis des «services d'addictologie» dans tous les centres hospitalo-universitaires (CHU) et au moins «un guichet» de consultation dans tous les hôpitaux généraux». Objectif saluée par les professionnels du soin: «Cela fait partie des revendications des addictologues hospitaliers. Cela va dans le bon sens puisqu'il existe un déficit de lits de sevrage et de post-sevrage à tous les niveaux» explique Alain Rigaud, le président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa). Mais quid du financement? «On s'interroge sur les moyens qui seront donnés au renforcement de ce dispositif, vu les difficultés de la Sécu et à un moment où la Fédération hospitalière de France (FHF) annonce un trou de 1,5 milliards d'euros dans le budget des hôpitaux», poursuit Alain Rigaud.

Par ailleurs améliorer les soins à l'hopital pour sortir de la dépendance – en France l'Inserm estime à 1,5 millions le nombre de personnes accros à l'alcool– ne suffit pas. Il faut aussi s'occuper des patients à leur sortie. «S'il n'y a pas un renforcement conjoint du secteur médico-social cela ne sera pas efficace» rappelle-t-on à l'Anpaa.

Sources : LIBERATION

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans JACQUES CHIRAC

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