DDV sur la sellette
Je dirai ce que je pense, cette histoire ne sent pas bon. Pas bon du tout.
Dominique de Villepin sur la sellette
Les dernières révélations de l'affaire Clearstream placent sur la sellette un Dominique de Villepin déjà considérablement affaibli par la mort sans gloire du contrat première embauche, il y a à peine plus de deux semaines.
Après l'avoir défendu pied à pied, le Premier ministre avait dû céder devant la rue et renoncer au CPE. Couraient du coup ces derniers jours des rumeurs de remaniement gouvernemental, même si le soutien de Jacques Chirac à son Premier ministre ne s'est jamais démenti. C'est "totalement infondé", assurait mercredi l'entourage du chef de l'Etat.
"Je n'en vois pas la nécessité", a confirmé Dominique de Villepin, dans un entretien publié samedi dans "Le Figaro". "Dans la difficulté, on cherche toujours des boucs émissaires, mais c'est rarement une bonne solution", estime-t-il. Le Premier ministre a même affirmé sortir de la crise du CPE "mieux armé pour faire de l'année 2006 une année utile".
"Après la crise, il faut aller de l'avant", a-t-il ajouté, alors que sa cote de popularité a plongé à seulement 24% de Français satisfaits selon un sondage CSA/La Vie/France Info publié mercredi.
Les bons chiffres du chômage en mars -avec une baisse de 1,3%- auraient pu lui donner un peu d'air. "C'est le fruit de la mobilisation sans précédent du gouvernement", s'est d'ailleurs empressé de se féliciter le Premier ministre.
C'était compter sans l'affaire Clearstream qui a pris une nouvelle dimension avec les dernières révélations du "Monde", selon lequel le général Philippe Rondot a affirmé aux juges qu'il avait été chargé dès janvier 2004 par le Premier ministre et sur "instructions" du président d'une enquête sur les soupçons de corruption pesant sur M. Sarkozy.
Déjà avait soufflé un vent de panique à la tête du gouvernement ces derniers jours. Signe d'une certaine fébrilité à Matignon, Dominique de Villepin a successivement publié jeudi un communiqué pour dénoncer "les rumeurs et les procès d'intention visant l'Etat, les institutions et les services de renseignement", déjeuné avec le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, avant de s'expliquer sur son propre rôle dans une interview publiée vendredi dans "Le Figaro".
Et avant même la publication de l'article du "Monde", Matignon publiait vendredi matin un communiqué avec une nouvelle mise au point. Dans la foulée, Jacques Chirac "dément(ait) catégoriquement" dans un communiqué "avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques dont le nom a pu être mentionné".
"Il n'a jamais été question, à aucun moment, de s'intéresser à quelque personnalité politique que ce soit", réaffirme Dominique de Villepin samedi dans "Le Figaro", en assurant être "le premier choqué par la mise en cause injuste de personnalités politiques et des services de l'Etat".
Son rival éventuel à la présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, a opté, lui, pour le profil bas: il a simplement dit jeudi soir sur TF1 qu'il aurait "aimé être informé" plus tôt de son innocence dans l'affaire. Depuis 2004, il soupçonne Dominique de Villepin, ministre de l'Intérieur à l'époque, de ne pas lui avoir communiqué immédiatement les résultats d'une enquête de la Direction de la surveillance du territoire (DST), qui concluait que le listing adressé à la justice par un mystérieux corbeau -et qui le mettait en cause- était un faux.
Si la classe politique reste encore relativement discrète sur cette affaire, Dominique de Villepin risque fort de se retrouver dans une situation plus que délicate lors des prochaines questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mardi.
Alors qu'il était déjà accusé de rigidité dans la crise du CPE, il pourrait voir resurgir l'image sulfureuse d'homme de l'ombre qui lui collait à la peau quand il était le bras droit de Jacques Chirac à l'Elysée.
Au poste de secrétaire général de l'Elysée, il avait été alors à la manoeuvre dans toutes les batailles politiques du septennat, et notamment dans la défense de Jacques Chirac face à l'assaut des juges. Pendant la cohabitation de 1997-2002, la gauche l'accusait même d'être à la tête d'un "cabinet noir" chargé de fomenter des "coups tordus" contre le Premier ministre socialiste Lionel Jospin. AP
Sources : LA TRIBUNE
Posté par Adriana Evangelizt