Le PS accuse Sarkozy de manipulation

Le PS sonne la mobilisation contre Sarkozy le "redoutable"

PARIS (Reuters) - Les socialistes ne sauront pas avant le mois de novembre qui les représentera dans la course à la présidentielle mais l'affaire Clearstream a le mérite à leurs yeux d'avoir dégagé le terrain à droite, leur laissant Nicolas Sarkozy comme seul adversaire.

Tout au long du week-end, les principaux responsables du PS ont fait feu de tout bois contre le président de l'UMP, accusé au mieux de profiter de son statut autoproclamé de victime face à un Dominique de Villepin très affaibli, au pire, de manipuler "tout le monde".

A un an de l'élection présidentielle, plusieurs aspirants à l'investiture socialiste y sont allés de leur commentaire sur le ministre de l'Intérieur tout en tentant de se démarquer de leurs concurrents et néanmoins amis.

Nicolas Sarkozy "est puissant, c'est un combattant redoutable, il est compétent et il sait débattre", a fait valoir Dominique Strauss-Kahn, qui a lancé samedi sa campagne interne devant un demi-millier de partisans réunis à Paris.

Pour rivaliser, a-t-il fait valoir, il "faudra de la conviction, du projet, de la compétence et la capacité de donner aux Français la confiance pour l'avenir".

Un portrait en creux dans lequel le député du Val d'Oise se reconnaît trait pour trait. Une pierre dans le jardin de Ségolène Royal, favorite des sondages mais qui, pour les Strauss-Kahniens, ne fait pas le poids face à la machine politique sarkozyste.

"SUPERCHERIE"

Laurent Fabius a également livré sa définition personnelle du "véritable patron de la droite".

"C'est quoi M. Sarkozy en termes politiques? Sur le plan économique: libéralisme, sur le plan de la société: communautarisme, et sur le plan de la politique étrangère: américanisme", a résumé l'ancien Premier ministre sur Radio J.

"Je suis en désaccord avec ces trois aspects et j'entends bien le défendre pendant la campagne présidentielle", a-t-il ajouté, déniant "quoi qu'on dise" toute efficacité au président de l'UMP aux deux postes ministériels qu'il a occupés depuis 2002 (l'intérieur et l'économie).

Nicolas Sarkozy est "au pouvoir depuis quatre ans et il veut apparaître comme l'agneau qui vient de naître? C'est de la supercherie!" Villepin? "Dans n'importe quel pays démocratique, il serait déjà parti", a estimé Laurent Fabius, et la question de son maintien à la tête du gouvernement n'est qu'un "détail".

Pour la troisième fois depuis l'arrivée de Dominique de Villepin à Matignon, François Hollande défendra mardi une motion de censure contre la politique du gouvernement.

La tourmente politico-judiciaire Clearstream est pour le PS l'une des "plus graves crises politiques de la Ve République".

Devant les militants du PS réunis à Toulouse, le premier secrétaire a pris soin samedi de mettre toute la droite dans le même panier: chef de l'Etat, Premier ministre, président de l'UMP et députés.

"Mardi prochain, tous les députés (...) qui ne voteront pas cette motion seront considérés comme solidaires de ceux qui ont organisé cette situation. En tant qu'élus du peuple, ils prendront la responsabilité, ainsi, de faire durer cette situation", a prévenu François Hollande, qui laisse désormais entendre qu'il pourrait lui-aussi briguer les suffrages des militants PS en novembre prochain.

Pour lui, le ministre de l'Intérieur ne reste pas au sein du gouvernement "pour servir la France, comme il dit", mais pour "continuer d'instrumentaliser cette affaire" et "faire campagne aux frais de l'Etat".

Les "éléphants" socialistes sont persuadés que le président de l'UMP a attendu le moment opportun pour se porter partie civile dans l'affaire Clearstream afin d'en tirer le plus de bénéfice politique possible.

Clearstream est une "accumulation de compromissions, de complots comme il dit, de manipulations", confirme Henri Emmanuelli. "Mais lui, je le dis publiquement, nous manipule aussi, et manipule tout le monde."

Sources : REUTERS

Posté par Adriana Evangelizt