Contre la fermeture de la Sogerma
Contre la fermeture de la Sogerma :
Nationalisation d'EADS !
par Christophe Cambefort
Délégué syndical CGT Assystem France (sous-traitant EADS)
Face à l’annonce de la fermeture du site bordelais de la Sogerma, qui emploie près de 1100 personnes, le gouvernement fait mine d’être outré, et cherche à nous faire croire qu’il s’inquiète du sort des travailleurs.
Il y a quelques mois, avec sa loi sur l’Egalité des chances, de Villepin s’attaquait à la jeunesse et aux travailleurs de tout le pays. Mais à présent, il fait la morale à Noël Forgeard, le PDG d’EADS, car il juge « trop brutale » la fermeture de la Sogerma.
L'intersyndicale CGT-CFDT-FO-CGC de la Sogerma dénonce à juste titre la manipulation financière de la part de la direction d'EADS qui lui permet de justifier la fermeture : les pertes du groupe Sogerma, évaluées à 238 millions d’euros, sont chargées de 160 millions d'euros de provisions. Les pertes de 25 millions d'euros de l'activité maintenance proviennent de clients « mauvais payeurs », de la sous-activité voulue par la direction et de la déstructuration liée aux précédents plan sociaux.
Il faut savoir que la fermeture du site de la Sogerma, à Bordeaux, n’est pas une simple « fermeture de plus ». En effet, EADS, premier groupe aéronautique européen, subit depuis quelques mois divers remaniements. Depuis le succès de l’A380, le groupe ne décolle plus. Hormis Airbus, le groupe EADS n’est pas au beau fixe. De plus, le nouveau projet d’avion A350 tarde à arriver, et les actionnaires principaux d’Airbus — Lagardère et BAE — laissent tomber le groupe, pour des raisons de « recentrage ». L’Etat, via la caisse des dépôts et consignations, prend en parti le relais. Mais lorsque des gros actionnaires privés se retirent, ce n’est pas un signe de bonne santé. Le rapprochement amorcé avec Thalès, il y a un an, n’a pas pu avoir lieu. Ce fut gros revers. Depuis, le groupe EADS peine à retrouver un nouveau souffle, dans un contexte mondial extrêmement instable.
Sous-traitance et plans sociaux
Au delà des 1100 emplois directs, il y a des milliers de sous-traitants menacés de licenciements. La stratégie d’EADS, comme de la plupart des grandes sociétés, encourage fortement l’emploi de sous-traitants. Ils représentent environ 40% des effectifs sur sites. Officiellement, cela permet de limiter les plans sociaux en limogeant d’abord les sous-traitants sur site. Mais l’économie mondiale subit de telles secousses, à l’heure actuelle, que même les stratégies les plus perverses ne suffisent plus à réguler son cours.
« Des singes »
Noël Forgeard a qualifié de « singes » les élus qui soutenaient les salariés de la Sogerma en lutte. Cette arrogance et ce cynisme sont insupportables. Cependant, concernant les élus de droite qui font semblant de se révolter, l’insulte est assez juste. Alors que de Villepin et sa clique n’ont eu de cesse de faire des cadeaux au patronat, ils s’étonnent désormais que ces capitalistes veuillent préserver leurs profits au détriment des salariés. Dans ce contexte, il est clair que toute leur agitation pour tenter de « limiter la casse » n’est qu’une singerie destinée à nous faire croire que le gouvernement défend nos intérêts.
Après avoir annoncé la fermeture du site, les dirigeants du groupe EADS promettent de sauvegarder 500 emplois sur le site de Mérignac, sans préciser qui sera le repreneur, ni quelle activité sera programmée, ni même ce que deviendront les 600 autres salariés et les centaines de salariés sous-traitants.
C'est grâce à la forte mobilisation des salariés de la Sogerma, soutenus par les salariés d'autres entreprises de la région, que le gouvernement a été forcé de « rappeler à l'ordre » les dirigeants d'EADS. Mais personne n’est dupe : ce gouvernement au service du patronat ne pourra rien changer par la négociation et des mesures de reclassement.
Nationalisation !
La Sogerma répond à un besoin réel, celui de la maintenance aéronautique. Il n’y a donc aucune raison de la fermer. Si les actionnaires ne sont pas capables de maintenir nos entreprises en place, EADS doit être immédiatement nationalisé, sans indemnité pour les gros actionnaires, et sur la base d’un contrôle démocratique des salariés eux-mêmes. De plus, nous devons exiger l’embauche de tous les sous-traitants directement impliqués. Seules ces mesures permettront de maintenir tous les emplois.
Christophe Cambefort, Délégué syndical CGT Assystem France (sous-traitant EADS)
L’Intersyndicale appelle l’ensemble des salariés et leur famille à participer à l’opération « MERIGNAC, ville en colère, ville solidaire » à 9h30 et à la manifestation régionale intersyndicale, inter-professionnelle à 11H30 à Bordeaux le samedi 3 Juin 2006.
Signez la pétition pour le maintien de la Sogerma sur le site web :
Posté par Adriana Evangelizt