Des maires remontés contre la loi Sarkozy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Des maires remontés contre la loi Sarkozy

par Jacky DURAND


Des élus de droite et de gauche, réunis à Saint-Denis, refusent le pouvoir accru que le projet de loi sur la délinquance leur donne.

Ils sont en première ligne pour prévenir la délinquance. Mais également pour contester le projet de loi de Nicolas Sarkozy. Hier, les maires du Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU), réunis en assemblée générale à Saint-Denis, ont inscrit dans leur «manifeste des villes» ­ sorte de profession de foi pour la prévention et la sécurité ­ leur opposition aux principaux points du texte piloté par le ministre de l'Intérieur : ils ne veulent pas d'un pouvoir de sanction, ni participer à la mise sous tutelle des allocations familiales. «Les maires participent au rappel de la règle collective, aux côtés de la communauté des adultes (parents, enseignants, éducateurs, animateurs...), mais ne souhaitent pas que cette compétence s'allie à un pouvoir de sanction. En particulier, ils refusent des compétences déléguées par le procureur de la République et le pouvoir de sanction qui leur serait attribué», indique le manifeste. En matière d'allocations familiales, les maires souhaitent que la mise sous tutelle «continue de relever de la compétence judiciaire».

Ce n'est pas le premier coup de semonce contre le projet de loi qui doit être présenté en Conseil des ministres le 20 juin. «Si je me vois bien en médiateur, je ne me vois pas en père fouettard», indiquait la semaine dernière à Libération Pierre Cardo, député-maire (UMP) de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Mais, hier, l'opposition au projet du ministre de l'Intérieur a pris un tour collectif. Elle émane surtout d'un regroupement d'élus qui fait autorité en matière de prévention de la délinquance. Le Forum français pour la sécurité urbaine a été fondé en 1992 et présidé à l'époque par Gilbert Bonnemaison, député-maire PS d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) et «père» de la prévention de la délinquance. Il regroupe aujourd'hui plus de cent-vingt collectivités locales (deux tiers d'élus de gauche, un tiers de droite) qui échangent leurs expériences sur la sécurité.

Le président du FFSU, le maire PS de Tourcoing Jean-Pierre Balduyck (lire ci-dessous), s'est félicité de l'unanimité qui a prévalu à l'adoption du manifeste, avec notamment le renfort du Havre, dirigé par le chiraquien Antoine Rufenacht. «Il n'est pas souhaitable que le maire ait un pouvoir de sanction financière comme ce serait le cas avec les allocations familiales», indiquait Bertrand Binctin, adjoint du maire du Havre, chargé de la sécurité. A gauche, le sénateur-maire PS de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) Charles Gautier dénonçait «une loi d'opportunité, comme les autres lois Sarkozy. Rappeler au maire qu'il est au coeur du dispositif local de prévention de la délinquance, c'est fort de café».

Lundi, devant les préfets réunis Place Beauvau, Nicolas Sarkozy a défendu avec son projet de loi une approche fondée sur la proximité. «La proximité, c'est organiser la prévention de la délinquance autour des maires, les premiers sollicités et les mieux informés.» Le débat sur cette proximité a rebondi hier avec les émeutes de la nuit précédente à Montfermeil et Clichy-sous-Bois (lire ci-contre). «Le maire de Montfermeil a un peu allumé la mèche avec son arrêté, estimait Philippe Guérin, maire radical de gauche de Cugnaux (Haute-Garonne) et vice-président de la communauté d'agglomération du Grand Toulouse. Mais, en tout cas, ça ne peut pas excuser la violence. Ce n'est pas en prenant des arrêtés qu'on arrivera à résoudre les problèmes, mais en étant sur le terrain au quotidien avec les jeunes. En novembre, j'étais présent tous les soirs sur les quartiers. Je n'ai eu qu'une dizaine de poubelles brûlées sur ma commune.»


Sources : Libération

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Nicolas Sarkozy

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