Le Premier Ministre a besoin de vacances

Publié le par Adriana EVANGELIZT

"Le Premier Ministre a besoin de vacances"

par Nathalie RAULIN et François WENZ-DUMAS


EADS Des députés UMP ont pris leurs distances avec Villepin après qu'il a taxé Hollande de «lâcheté».

Villepin qui se lâche. Et ses amis qui le lâchent. Crise de nerfs incontrôlée ou dérapage verbal délibéré ? Hier, devant un hémicycle médusé, le Premier ministre a ouvert une nouvelle crise en répondant par l'injure à François Hollande, accusé de «lâcheté». Le premier secrétaire du PS l'interrogeait sur les intentions de l'Etat-actionnaire d'EADS à l'endroit du PDG du groupe de défense sur la sellette (lire page précédente). Bilan de l'après-midi : une séance surréaliste que le président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré a été contraint d'interrompre. Et un Premier ministre qui en ressort plus affaibli que jamais. Et dont la démission est réclamée jusque dans les rangs de la majorité. Récit.

«Carottes et choux-fleurs». Visage fermé, debout face à la gauche de l'hémicycle, Dominique de Villepin adopte d'emblée, dans sa réponse à François Hollande, le ton de la polémique : «Il est des moments dans la démocratie où l'on ne peut pas dire n'importe quoi.» Après avoir en préambule souligné «la confiance perdue» du Premier ministre, le numéro 1 socialiste lui avait demandé si le gouvernement maintenait «sa confiance» à Noël Forgeard. «On ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs, on ne peut pas mélanger l'exigence de vérité et l'exigence de bonne gestion», a répondu le Premier ministre, avant d'abandonner la leçon de choses pour l'invective : «Je dénonce la facilité, et je dirais même en vous regardant, la lâcheté, la lâcheté qu'il y a dans votre attitude.» Dans les rangs de l'opposition, la colère succède à la stupéfaction. Arc-bouté sur son micro, Villepin insiste : «Oui, monsieur Hollande, la lâcheté.» Là, c'est l'émeute sur les bancs socialistes. «Dehors, démission», gronde l'opposition en lui montrant la sortie. Dans la confusion générale, Villepin peine à finir sa diatribe.

Décidés d'abord à quitter l'hémicycle, les députés PS décident de rester au pied de la tribune, obligeant les huissiers à protéger les bancs du gouvernement. François Hollande, rouge de colère, prend directement à partie le Premier ministre, lui réclame des excuses. Dominique de Villepin détourne le regard. Empruntant une contre-allée, le socialiste Jean-Christophe Cambadélis (Paris) réussit à dire son fait au chef du gouvernement. Au perchoir, Jean-Louis Debré tente en vain de ramener le calme : «On sort doucement, gentiment, ça ne sert à rien de crier...» Les députés PS refusant d'obtempérer, Debré passe la parole au député maire UDF de Blois, Nicolas Perruchot. Lequel dit vouloir attendre un retour au calme pour poser sa question. Exaspéré, le président de l'Assemblée nationale le coupe et donne la parole à l'orateur suivant, un député UMP, qui enchaîne sans se préoccuper du vacarme. Plusieurs députés UDF quittent l'hémicycle. Un quart d'heure d'invectives plus tard, la séance est levée d'autorité. Quelques députés UMP, rigolards, serrent la main de Dominique de Villepin, visiblement satisfait d'avoir réactivé le clivage entre gauche et droite. De nombreux députés UMP quittent l'hémicycle sans se retourner.

«Des bêtises». Dans les couloirs, c'est la curée. «Il a cherché volontairement l'incident, ce n'est pas un dérapage», juge Maurice Leroy (UDF). Un avis que ne partage pas François Hollande : «Si c'était une manoeuvre, ce serait misérable, mais ce pourrait être compris. Mais non, il a seulement perdu le contrôle de lui-même. Nous attendons qu'il nous présente aujourd'hui ses excuses.» Et le premier secrétaire du PS d'ajouter : «Il brutalise l'Assemblée. Il la brutalise par les mots qu'il emploie. Ces comportements ne sont pas dignes de la démocratie.» Claude Bartolone (PS, Seine-Saint-Denis) ironise : «Des bêtises, Villepin nous a habitués à en faire une par mois. Maintenant, on est à une par semaine, et je crois qu'il peut faire mieux.» L'UDF François Bayrou n'est pas en reste : «Tous les jours il y a une nouvelle crise. Le système est en train de s'effondrer. L'UMP qui a tous les pouvoirs est dans un état de sidération.» Désireux d'en «finir avec ce pathétique effondrement», le leader centriste réclame des «élections anticipées».

«Avant le 14 juillet». Plus inquiétant pour Villepin, les députés UMP qui défendent son intervention se font rares. Las des crises qui secouent chaque semaine la majorité depuis l'échec du CPE et l'affaire Clearstream, certains réclament même ouvertement son départ. A commencer par les sarkozystes. «Il faut savoir garder ses nerfs», regrette l'UMP Dominique Paillé (Deux-Sèvres). «Le Premier ministre a usé de mots inutilement blessants. Il serait regrettable que la tactique l'emporte sur le fond. Il a besoin de vacances.» Yves Jégo (Seine-et-Marne) soupire : «La France mériterait un débat politique plus serein.» Plus loin, Thierry Mariani (Vaucluse) botte en touche, atterré : «Hollande a posé une question classique. Pour le reste, je préfère ne pas faire de commentaires.» Le député de Paris Claude Goasguen ne s'embarrasse pas de tant de précautions : «Je souhaite que le président de la République nous sorte de ce mauvais pas avant le 14 juillet.» Christine Boutin admet son désespoir : «Il faut arrêter ça. Il s'agit de notre pays, de la France, et des préoccupations de nos concitoyens. Il faut que le Premier ministre s'en aille.» En fin de journée, le président du groupe UMP a appelé ses ouailles «au calme». Réponse aujourd'hui dans l'hémicycle.

Sources : Libération

Posté par Adriana Evangelizt

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Alors il faut lui donner des vacances! Son bilan a Matignon a été plutot nul! Pk ne pas entammer des éléctions anciticipés. Que ce soit maintenant ou 2007, de toute facon, Villepin est dead!!
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