Les relations entre Sarkozy et Obama depuis 2006
Les relations entre Sarkozy et Obama depuis 2006
Par Juliette Cua
Admiratif de l'homme d'Etat américain mais aussi très envieux de celui qu'il considère comme "le taulier du monde", Nicolas Sarkozy entretient un rapport compliqué avec Barack Obama, entre fascination et jalousie.
Septembre 2006: Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, candidat non déclaré à la présidentielle et soucieux de se forger une stature internationale, rencontre pour la première fois, à Washington, Barack Obama, élu depuis un an sénateur de l'Illinois.
C'est l'ambassade de France à Washington, dirigée alors par Jean-David Levitte, l'actuel conseiller diplomatique de Sarkozy, qui incite le ministre à rencontrer Obama et John McCain. Après une poignée de main, en sortant du bureau, Nicolas Sarkozy lâche :"Celui-là, il ira très loin!". Récit de l'anecdote dans L'Express du 02/04/2009 et Le Figaro du 21/01/2009.
30 janvier 2008
"Il n'est pas pieds et poings liés par des traditions et des dogmes. Il est un exemple pour de nombreux dirigeants", ajoute le sénateur de l'Illinois, qui dit vouloir rencontrer Nicolas Sarkozy lors de sa tournée européenne s'il remporte les primaires face à Hillary Clinton.
25 juillet 2008:
"L'Amérique que la France aime est l'Amérique des grands desseins, des grands débats et des fortes personnalités", affirme Nicolas Sarkozy. Barack Obama répond en vantant aimablement "l'énergie" de son hôte. C'est la plus courte des étapes européennes de la tournée du candidat démocrate. (Le Monde, 28 juillet 2008)
Avant l'élection présidentielle américaine, le chef de l'Etat aurait confié à ses proches: "Si John McCain est élu, je pourrais continuer à exister, mais si c'est Obama, ce sera plus dur, ce sera lui le taulier du monde".
4 novembre 2008:
Au moment d'adresser ses félicitations au nouveau président, Nicolas Sarkozy se précipite. Franck Louvrier, conseiller en communication, a préparé une lettre et dès que John McCain a reconnu sa défaite, avec une heure d'avance sur Gordon Brown, deux heures sur Angela Merkel, celle-ci est prête. Au détail près que Nicolas Sarkozy rajoute à la main, un "cher Barak", oubliant le "c" de Barack. (Mediapart, 5 novembre 2008 et Le Monde, 8 novembre 2008)
13 novembre 2008
"Nous commencions à peine à prendre les rênes et voilà ce que nous avons trouvé en haut du dossier Sarkozy: l'affaire du coup de fil à Bush, dit un proche de l'équipe d'Obama. Cela ne nous a pas vraiment mis en confiance." (Nouvel Observateur, 15 janvier 2009 et 02 avril 2009)
20 janvier 2009
7 février
Puis Sarkozy déclare qu'il a déjà lu le discours que Joe Biden s'apprête à prononcer quelques minutes plus tard. Le vice-président des Etats-Unis est estomaqué, il n'en revient pas d'un tel manque de savoir-vivre diplomatique. "Vous étiez censé dire des choses plus agréables à mon endroit", lancera-t-il publiquement à Nicolas Sarkozy. (Nouvel Observateur, 02 avril 2009)
11 février 2009:
Début mars 2009
6 mars 2009
25 mars 2009
2 avril 2009
L'Express du 2 avril 2009 consacre sa Une à Obama. Dossier Obama Secret et Philippe Coste revient en particulier sur les relations entre les deux dirigeants atypiques, "un drôle de couple".
3 avril 2009
Nicolas Sarkozy loue "l'ouverture d'esprit" du président américain et "la volonté qu'il a de construire un nouveau monde". Barack Obama, qui prononce "Nicolassss", fait l'éloge de la "créativité" de son homologue, de son "imagination". Avec une pointe d'humour: "Il est courageux sur tellement de fronts que c'est difficile de les énumérer en totalité..." (Le Monde, 6 avril 2009 et texte intégral de la conférence de presse sur le site de l'Elysée)
Lorsqu'il reviendra le 6 juin prochain, "nous lui réserverons un accueil extraordinaire", ajoute Nicolas Sarkozy, confirmant la venue de son hôte sur les plages de Normandie pour l'anniversaire du Débarquement. (Le Figaro, 4 avril 2009)
5 avril 2009
Après le G20 et le sommet de l'Otan, les journaux bruissent de rumeurs sur le couple Obama-Sarkozy: désamour des deux présidents ou parfaite osmose? Le point début avril 2009 sur LEXPRESS.fr.
15 avril 2009
Le 28 avril
13 mai 2009
6 juin 2009
Sources L'Express : lors du Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy prend soin de souligner qu'Obama n'irait pas à Berlin, alors qu'il serait accueilli à Paris en juin.
, Barack Obama répond à Nicolas Sarkozy par l'intermédiaire de Jean-Louis Borloo: "Dis bien à Nicolas que je vais faire mes devoirs et dans deux mois je serai très bon sur le climat".
: Nicolas Sarkozy déjeune à l'Elysée avec des parlementaires de toutes tendances. Libération rapporte les propos du Président de la République: "Obama est un esprit subtil, très intelligent et très charismatique. Mais il est élu depuis deux mois et n'a jamais géré un ministère de sa vie. Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n'a pas de position". Et il "n'est pas toujours au niveau de décision et d'efficience", dont lui-même ferait preuve. Exemple: la taxe carbone. "Je lui ai dit: "Je crois que tu n'as pas bien compris ce qu'on a fait sur le CO2. Tu as fait un discours, il va falloir des actes." Le pack énergie-climat que j'ai fait adopter sous la présidence française [de l'Union européenne, ndlr] prévoit en 2020 une baisse de 20% des rejets de 1990. Nous, en Europe, il y a des sanctions contre les Etats et les entreprises. Lui, il s'engage seulement à revenir au niveau de 1990 et il n'y a pas de sanction."
: Nicolas Sarkozy réaffirme dans un entretien accordé à TF1 son hostilité à une entrée de la Turquie dans l'Union européenne, après le soutien apporté par le président américain Barack Obama à une telle adhésion. "Je travaille main dans la main avec le président Obama, mais s'agissant de l'Union européenne, c'est aux pays membres de l'Union européenne de décider".
: à l'issue du Sommet de l'OTAN à Strasbourg, lors de leur conférence de presse commune, Nicolas Sarkozy et Barack Obama font assaut de compliments et d'amabilités.
: au repas de clôture du G20 à Londres, Barack Obama se lève et va voir Nicolas Sarkozy: "Je vais te faire plaisir", dit l'Américain. Et Sarkozy: "Il ne s'agit pas de me faire plaisir Barack: tu as été élu pour construire un nouveau monde? Les paradis fiscaux, c'est l'incarnation de l'ancien monde!" (JDD, 12 avril 2009): échange téléphonique entre les deux présidents à propos de la crise économique et financière. Selon l'Elysée, MM. Sarkozy et Obama "sont convenus que le sommet du G20 devait avoir des objectifs ambitieux et aboutir à des décisions concrètes, pour définir une nouvelle régulation financière internationale, renforcer la gouvernance économique et soutenir la demande mondiale".
: Le Figaro annonce la venue de Barack Obama le 3 avril sur les plages du débarquement, en marge du sommet de l'Otan prévu à Strasbourg.
: Barack Obama adresse une lettre à Jacques Chirac dans laquelle il déclare qu'il est prêt à travailler avec lui "pour la paix". L'Elysée prend le courrier pour un croche-pied. (Nouvel Observateur, 02 avril 2009)
à Koweït, Nicolas Sarkozy fait publiquement la leçon à son homologue américain sur la question de l'Iran: "Je souhaite vivement, dit-il, que Barack Obama engage ces discussions [avec l'Iran], (...) mais il est sage d'attendre que l'élection [présidentielle de juin]se déroule". A Washington, on apprécie peu. Dennis Ross, conseiller de Hillary Clinton sur l'Iran, et William Burns, le numéro trois du Département d'Etat sont dépéchés à Paris.
2009: Nicolas Sarkozy souhaite s'entretenir avec Joe Biden, vice-président américain, venu présenter les grands axes de la nouvelle politique étrangère des Etats-Unis lors d'une conférence internationale sur la sécurité à Munich. Avant l'allocution de Joe Biden, le chef de l'Etat français prononce lui-même un discours. Evoquant le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, Nicolas Sarkozy parle plusieurs fois de la "famille occidentale", ce qui agace l'équipe Obama-Biden, qui n'emploie jamais cette expression.
: le président français assure, quelques heures avant l'entrée en fonctions de Barack Obama, avoir "hâte qu'il se mette au travail et qu'on change le monde avec lui". Obama président, Sarkozy aux oubliettes?
: à l'Elysée, Nicolas Sarkozy reçoit le Prix du courage politique pour son action dans la guerre russo-géorgienne. Dans son discours, il accuse George W. Bush de ne pas l'avoir soutenu dans ce conflit. "Je me souviens, raconte-t-il, de l'appel du président américain me disant, la veille de notre départ pour Moscou: "N'y va pas, [les Russes] veulent aller à Tbilissi, ils sont à 40 kilomètres. N'y va pas." Tout est faux.
jour de l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Une équipe de l'Elysée est à Washington pour organiser au plus vite une rencontre avec Barack Obama, peut-être au moment du sommet du G20 sur la crise financière qui doit avoir lieu dans les semaines qui suivent. Malgré les efforts des émissaires français, le président élu fait savoir qu'il n'assistera pas au G20. Il ne veut pas, dit-il, gêner le patron en exercice de la Maison-Blanche, George W. Bush (Nouvel Observateur 15/01/2009).
Nicolas Sarkozy reçoit à l'Élysée le candidat démocrate. L'entretien dure une heure et déborde d'amabilités. "On était d'accord sur tout", se souvient le président de la République (Le Figaro, 21/01/2009). Le Point rapporte le dialogue de "copains": "Tu sais quoi, Nicolas? Tu devrais installer un panneau de basket à cet endroit." Sarkozy: "J'en avais un au ministère de l'Intérieur..."