Israël suspend ses frappes pendant 48 h
Plus de 50 civils tués au Liban sud, Israël suspend ses frappes aériennes
Plus de 50 civils libanais, dont une majorité d'enfants, ont péri dimanche au Liban sud dans le bombardement par Israël du village de Cana, un drame qui a suscité un tollé international et conduit l'Etat hébreu à suspendre pendant 48 heures ses frappes aériennes.
La décision, annoncée à Jérusalem par un porte-parole du Département d'Etat américain, est intervenue à l'issue de discussions, tard dans la soirée de dimanche, entre la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et des hauts responsables israéliens.
L'Etat hébreu se réserve toutefois le droit d'agir contre des cibles préparant des attaques contre lui, a précisé ce porte-parole.
Israël a en outre annoncé une période de 24 heures de "passage sûr" pour laisser les civils qui le désirent de quitter le secteur.
Le bombardement de Cana, dévasté par des frappes israéliennes, par air, mer et terre, a fait 52 morts, dont 30 enfants, et a suscité une vague d'indignation dans le monde.
Il s'agit de la frappe la plus meurtrière depuis le début de l'offensive israélienne.
A New-York, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a condamné le bombardement, appelant le Conseil de sécurité, qui tenait une réunion d'urgence, à demander un cessez-le-feu immédiat au Proche-Orient.
Mme Rice, qui se trouvait à Jérusalem, a d'abord été contrainte d'annuler une visite à Beyrouth, le gouvernement libanais refusant de lui parler, puis a décidé d'interrompre sa mission et de rentrer lundi à Washington.
L'Etat hébreu mène depuis le 12 juillet une offensive au Liban pour neutraliser la formation chiite libanaise Hezbollah, après que celle-ci a enlevé deux de ses soldats en territoire israélien.
Selon le gouvernement libanais, 750 personnes, principalement des civils, ont été tuées au Liban depuis le début de la crise. Selon un décompte de l'AFP, l'offensive a coûté la vie à 516 personnes, dont 441 civils.
L'armée israélienne a rejeté l'entière responsabilité du bombardement de Cana sur le Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, en affirmant que la milice du parti chiite utilisait "le village de Cana comme base de tirs de roquettes".
Le ministère israélien de la Défense a toutefois annoncé l'ouverture d'une enquête "immédiate", alors qu'un porte-parole des Affaires étrangères exprimait ses "regrets pour la mort de civils innocents".
Des responsables militaires ont ensuite émis des doutes sur l'origine de l'explosion dans le bâtiment où les civils sont morts, en soulignant que sept heures séparaient le raid israélien contre l'immeuble et l'explosion meurtrière. Selon tous les témoignages recueillis par l'AFP, un premier bombardement sur l'immeuble s'est produit à 01H00 (samedi 22H00 GMT), suivi d'un deuxième raid, dix minutes plus tard, qui a entraîné son effondrement.
Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora a dénoncé "les criminels de guerre israéliens" et exigé "un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, ainsi qu'une enquête internationale sur les massacres israéliens au Liban".
Son homologue israélien, Ehud Olmert, a lui rejeté tout cessez-le-feu dans l'immédiat.
"En dépit de cet incident pénible (...) nous continuerons à agir sans hésitation contre le Hezbollah", avait-il déclaré plus tôt dans la journée.
Depuis le début du conflit, Washington et Londres soutiennent l'Etat hébreu dans son rejet d'un cessez-le-feu immédiat, qui, d'après eux, garantirait une reprise ultérieure de la violence.
Ainsi, le président américain George W. Bush a déclaré dimanche qu'il souhaitait travailler avec l'ONU pour "une paix durable", sans appeler expressément à un cessez-le-feu immédiat.
Quant au Premier ministre britannique Tony Blair, il est tombé d'accord avec la chancelière allemande Angela Merkel sur la nécessité d'un cessez-le-feu "dès que possible", selon un porte-parole de M. Blair.
Mais les appels à un cessez-le-feu "immédiat" se sont multipliés. Le pape Benoît XVI a ainsi repris à son compte cet appel, alors qu'à New York, la France faisait circuler au Conseil de sécurité un projet de résolution en ce sens.
Le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a quitté la France dimanche soir pour Beyrouth via Chypre "pour contribuer à la recherche d'une solution" au conflit.
Se disant "choquée et consternée", la présidence finlandaise de l'UE a, elle aussi, appelé à une "cessation immédiate des hostilités", de même que la Chine, la Suisse, l'Arabie saoudite et la Turquie.
A Damas, le président syrien Bachar al-Assad, silencieux depuis le début de la crise, a condamné un "horrible carnage" et accusé Israël de pratiquer un "terrorisme d'Etat".
A Téhéran, le chef des Gardiens de la Révolution en Iran, le général Yahya Rahim Safavi, a espéré que son pays pourra "venger un jour le sang des innocents".
Avant de décider de suspendre les frappes aériennes, M. Olmert avait prévenu Mme Rice qu'Israël avait encore besoin de 10 à 14 jours pour atteindre ses objectifs, à savoir éloigner le Hezbollah de la frontière et le désarmer pour l'empêcher de tirer des roquettes ou des missiles sur le territoire israélien.
Et selon le chef des opérations à l'état-major, le général Gadi Eisenkaut, l'armée israélienne s'est donnée jusqu'à mercredi pour créer une "zone de sécurité" de 2 km de large en territoire libanais le long de la frontière.
Dimanche soir, juste avant la suspension, l'aviation israélienne avait lancé une série de raids près de Baalbeck (est), bastion du Hezbollah, et bombardé les abords du poste-frontière libanais de Masnaa, à la frontière syrienne.
Plus tôt, de violents combats entre soldats israéliens et combattants du Hezbollah avaient eu lieu à la frontière avec Israël.
Le conflit a fait plus de 800.000 déplacés au Liban et entraîné l'évacuation de ce pays de dizaines de milliers d'étrangers.
En Israël, 18 civils ont été tués par ces roquettes depuis le 12 juillet, alors que 33 militaires sont morts dans le cadre de l'offensive israélienne au Liban.
Le Hezbollah a tiré dimanche 156 roquettes sur le nord d'Israël, un record depuis le début de la crise, selon l'armée israélienne, faisant quatorze blessés. Depuis le début du conflit, plus de 1.800 roquettes se sont abattues sur le nord d'Israël.
Confirmant le risque d'une escalade, le Hezbollah a averti Israël que Cana, "cet horrible massacre, comme d'autres, ne restera pas impuni".
Parallèlement, l'armée israélienne mène depuis le 28 juin une opération dans la bande de Gaza pour retrouver un soldat capturé par des groupes palestiniens. 147 Palestiniens ont été tués depuis le début de cette offensive.
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt