DDV : L'art du rebond
L'art du rebond
Il y a quelques semaines, peu d'observateurs auraient misé un euro sur les chances de Dominique de Villepin de demeurer à Matignon et d'accompagner Jacques Chirac sans doute jusqu'à la fin de son second mandat. Politiquement affaibli par sa défaite sur le contrat première embauche (CPE) après un long bras de fer avec les syndicats et les étudiants, mis en cause dans la ténébreuse affaire Clearstream, le premier ministre paraissait en sursis. Or, le 31 juillet, M. de Villepin réunira, comme si de rien n'était, un séminaire gouvernemental. Le 1er août, soit quatorze mois après son arrivée à Matignon, à l'issue du conseil des ministres, il pourra partir en vacances.
M. de Villepin est en train de réussir une étonnante démonstration : son art du rebond. L'affaire Clearstream ? L'instruction se poursuit mais la discrétion des juges et les prochaines vacances judiciaires l'ont fait temporairement disparaître de l'avant-scène. Et le général Philippe Rondot en arrive, quitte à démentir sa déposition du 28 mars, à affirmer que "jamais personne ne (lui) a demandé de cibler M. Nicolas Sarkozy". Profitant des signes d'amélioration de la conjoncture économique, le premier ministre est sur tous les fronts. Il en vient même à disputer la vedette à son ministre de la cohésion sociale pour annoncer les bons chiffres du chômage de juin, quitte à occulter l'explication démographique - avec les départs en retraite des baby-boomers - et le faible niveau de créations d'emplois.
La crise libanaise a permis de surcroît à l'ancien ministre des affaires étrangères, dont nul n'a oublié le panache avec lequel il s'était exprimé, en février 2003, devant le conseil de sécurité de l'ONU pour condamner à l'avance une intervention américaine en Irak, de renouer avec son art de la diplomatie. Là aussi, M. de Villepin, qui avait remplacé au pied levé M. Chirac, alors hospitalisé, devant l'Assemblée des Nations unies en septembre 2005, n'a pas hésité à se mettre en première ligne lors d'une visite éclair à Beyrouth.
Cet art du rebond a permis à M. de Villepin de se remettre en selle. Dans le dernier baromètre de l'IFOP, publié le 23 juillet, il a même réussi à gagner cinq points en un mois d'opinions favorables. Pour autant, cette éclaircie dans le ciel du premier ministre ne doit pas faire illusion. Son niveau de popularité (28 %) reste très bas alors que le pourcentage de mécontents atteint 71 % ! Le chef du gouvernement est loin d'avoir reconquis les faveurs de sa majorité, comme l'ont montré les derniers rebondissements du feuilleton du mariage entre Suez et Gaz de France, dont l'épilogue est prévu début septembre lors de la session extraordinaire du Parlement. Sa rivalité, constante, avec M. Sarkozy risque d'être encore attisée par la proximité de la campagne présidentielle. Il n'est pas sûr que la rentrée lui permette d'exercer encore son art du rebond.
Sources : Le monde
Posté par Adriana Evangelizt