La France contre la Cour Internationale de Justice

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Alors les mauvais commentaires de Douste-Blazy mais aussi quelques extraits d'un article de MAM dans le Washington-Post qui n'est pas encore paru en France... c'est dire que l'on est bien informé. Et Madame Alliot-Marie ne mache pas ses mots...

La France contre la Cour internationale de justice

par Alain Gresh

A nouveau, le ministre des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a affirmé comprendre les raisons qui amènent Israël à construire le mur entre la Cisjordanie et Israël. Selon l’Agence France-Presse (19 octobre 2006), il aurait déclaré à TFJ, une télévision de la communauté juive : « J’ai beaucoup évolué sur la question du mur de séparation. » Et il a ajouté : « Même si moralement et éthiquement pour moi, ce mur posait problème, quand j’ai su qu’il y avait 80% d’attentats en moins là où se dresse ce mur, j’ai compris que je n’avais plus le droit de penser cela vis-à-vis des Israéliens » Cette position est en totale contradiction avec l’avis de la Cour Internationale de justice (CIJ) du 9 juillet 2004 (qui demande la destruction du mur) et auquel la France avait affirmé apporter son soutien (lire, dans Le Monde diplomatique de novembre 2004, « Détruire ce mur illégal en Cisjordanie ». Ce n’est pas la première fois que le ministre des affaires étrangères défend ce type de position. Dans un article intitulé « "Fatigue" au Quai d’Orsay, misère à Gaza », dans Le Monde diplomatique de juin 2006, j’avais cité Douste-Blazy : « Personne ne peut vouloir un mur entre les deux peuples. Mais en même temps, les Israéliens vous disent que ça a diminué de 80 % le nombre d’attentats... (...) Donc je ne suis pas pour la barrière de séparation a priori, évidemment, comme personne, même pas eux [les Israéliens, sic !]. Mais là, il y a des résultats déjà vis-à-vis des terroristes. » Rappelons que ce mur est, pour l’essentiel, construit sur le territoire palestinien. Il serait intéressant de savoir si Douste-Blazy exprime la position officielle de la France...

Dans le volet plus positif des positions françaises, on citera les démarches de Paris pour interdire le survol quotidien (et totalement illégal) par l’aviation israélienne du Liban (voir les déclarations de Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, au cours de son voyage à Washington. Ces propos ont été confirmés par Jacques Chirac à Helsinki le 20 octobre : il a demandé qu’Israël mette fin au survol du Liban, une action contraire, selon lui, « à l’esprit et à la lettre » de la résolution 1701 qui a mis fin au conflit entre Israël et le Hezbollah. Selon le quotidien libanais L’Orient-Le Jour (« Chirac réclame la fin des survols israéliens du Liban »), il a, en revanche, « refusé de commenter les déclarations du général français Alain Pellegrini, chef des forces de l’ONU au Liban, suggérant que l’ONU pourrait envisager de changer les règles d’engagement de la Finul pour lui permettre l’usage de la force afin d’empêcher les incursions aériennes israéliennes. "Je ne sais ce qu’a dit exactement le général Pellegrini, ce que je sais c’est que l’ONU, qui est chargée de définir la stratégie, et l’action de la Finul nouvelle, a donné très clairement ses instructions", a dit M. Chirac lors d’une conférence de presse en marge d’un sommet informel de l’Union européenne à Lahti, en Finlande. » Et Jacques Chirac a conclu : « Je rappelle que nous souhaitons vivement que la résolution 1701 soit appliquée dans sa lettre et son esprit et que le survol par l’aviation israélienne du Liban est contraire à l’esprit et à la lettre de la 1701 », votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU le 11 août. Il a ajouté qu’« il faut d’une façon ou d’une autre que cette résolution soit appliquée ».

Enfin, toujours sur la politique française et ses expressions multiples, lire l’article de la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie, publié dans le Washington Times du 20 octobre, et intitulé « Don’t diminish NATO’s effectivness » (Ne diminuons pas l’efficacité de l’OTAN). Ce texte (à ma connaissance il n’a pas été encore publié par la presse française) s’inscrit dans la préparation du sommet de l’OTAN du mois de novembre à Riga. Tout en rendant hommage au rôle de l’OTAN et en affirmant son désir de la renforcer, la ministre française émet deux réserves par rapport aux objectifs américains. « Aujourd’hui, écrit-elle, certains s’interrogent sur la nécessité d’étendre les missions de l’OTAN dans deux directions : géographique, avec le développement de partenariat avec des nouveaux pays ; fonctionnels avec la conduite d’opérations dans la sphère civile, notamment la reconstruction de pays après les crises. Géographiquement, nous devons reconnaître la contribution qu’apportent à des opérations de l’OTAN des Etats non membres de l’organisation. C’est le cas par exemple de l’Australie et du Japon en Afghanistan, mais qui interviennent selon des modalités différentes. Il serait souhaitable d’améliorer les modalités de leur association aux opérations de l’OTAN sans changer l’essence de cette organisation qui doit rester une alliance militaire américano-européenne. »

« Mais le développement d’un partenariat global ne risque pas seulement de diluer la solidarité américano-européenne dans un ensemble vague, mais il risque surtout d’envoyer un mauvais message politique : celle d’une campagne lancée par l’Occident contre tous ceux qui ne partagent pas leur point de vue. Quel prétexte nous offririons ainsi à tous ceux qui promeuvent un choc de civilisation. Cela serait totalement incompatible avec notre vision d’un monde multipolaire fondé sur le dialogue et le respect des autres. » (...)

« La transformation de l’OTAN en une organisation dont la mission serait de reconstruire à la fois la démocratie et l’économie de nations ne correspond ni à son mandat ni à ses moyens. Nous devons être attentifs de ne pas diluer l’alliance dans des missions mal définies dans lesquelles nous perdrions notre âme et notre efficacité. »

En conclusion, la ministre revient sur les rapports, parfois conflictuels, entre la politique de défense de l’Union européenne et l’OTAN.

Sources : Le blog d'Alain Gresh

Posté par Adriana Evangelizt



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