QUAND LE POETE VEUT COLLER A LA REALITE

Publié le par Adriana EVANGELIZT

QUAND VILLEPIN LE POETE VEUT "COLLER A LA REALITE"

 

Ambition tactique du Premier ministre: afficher son volontarisme dans l'action.

 

 

par Vanessa SCHNEIDER

 

Contre mauvaise fortune bon coeur. «Il n'y a pas d'état de grâce ? Eh bien, avançons vite.» Recevant des journalistes à Matignon vendredi matin, Dominique de Villepin affiche une humeur batailleuse. Affublé de sondages catastrophiques, plombé par la mauvaise cote de Jacques Chirac, déjà fâché avec les syndicats, le nouveau Premier ministre déroule son plan de communication : que ça se sache, il est volontariste. Et puis, après tout, «l'état de grâce, ça veut dire quoi ? fait-il mine de s'interroger. Ça veut dire qu'on croit que tout est possible, et après on fait n'importe quoi ?»

Villepin n'a pas mis longtemps à comprendre qu'il n'arrive pas au meilleur moment à Matignon. «La première partie du quinquennat a été consacrée aux grandes réformes, concède-t-il. Maintenant, il faut les appliquer sur le terrain» et surtout marquer des points contre le chômage. Il répète en boucle qu'il veut «agir» : «On peut toujours considérer qu'on met la France dans une boîte remplie de formol et attendre que ça se passe, mais ce n'est pas l'idée que je me fais de notre pays. Nous avons fait de grandes choses, il faut reprendre le mouvement.»

Villepin n'entend pas être «amnésique» du scrutin du 29 mai qui a donné une grande victoire aux opposants à la Constitution. «Il y a de l'inquiétude, de l'impatience dans notre pays. Les Français ont envie de décision, d'action, de mouvement.» D'ailleurs, s'il échoue à répondre aux attentes des Français, il est persuadé que les autres rameront encore plus. «On a vingt-deux mois. Le temps qui nous est donné ne reviendra pas, le temps perdu ne se rattrapera pas. C'est limpide : si on ne peut pas relever le défi maintenant, personne ne pourra y répondre.»

A part ce léger accès de confiance en soi, Villepin poursuit méthodiquement son travail de changement d'image. Exit le poète, bonjour le chef de gouvernement. «On me décrit comme un type avec une harpe à la main, je suis quelqu'un de simple», jure-t-il. Et de poursuivre : «Je ne suis pas là pour jouer au Don Quichotte, mais pour régler des problèmes. Il ne faut pas se faire des noeuds dans la tête, on n'est pas là pour briller. Ce n'est pas une période où l'on peut être en apesanteur, il faut coller à la réalité.» Et au cas où le message ne serait pas bien passé : «Moi, quand c'est très compliqué, je suis quelqu'un de très simple.»

C'est donc un Villepin pragmatique qui veut convaincre l'opinion qu'il agit sans «théologie» ni «idéologie». Sur sa priorité ­ l'emploi ­, il jure d'ailleurs que sa seule ambition est de donner au pays des «leviers d'action pour dégager des marges de manoeuvre». «Je n'ai jamais parlé de mettre des coups de canif ou de révolutionner le droit du travail», assure-t-il en réponse aux nombreuses critiques sur son «contrat nouvelle embauche». Salué par le patronat, mais vilipendé par les organisations syndicales, il veut croire qu'il existe avec elles «un espace d'action, de mouvement, d'accord». Concernant ses mesures en faveur des très petites entreprises, il insiste : «Je ne touche à aucun moment aux droits sociaux.» «Et pourquoi ne croirait-on pas qu'il existe vraiment des gens de bonne volonté qui veulent résoudre les problèmes ?»

Dans sa méthode, le Premier ministre rêve de trancher avec les pratiques de ses prédécesseurs. Son gouvernement resserré (31 membres tout de même) se veut plus efficace. Il veut également mettre fin aux arbitrages confiés à «des sous-sous-conseillers» et qui mettent des mois à voir le jour. «Toute décision est politique, et je vous promets que j'en prendrai», conclut Dominique de Villepin. Un catalogue de bonnes intentions déjà maintes fois promis et vite oublié par les Premiers ministres successifs. Lui qui en appelle dans chacune de ses phrases à la «responsabilité», assure qu'il ne se défilera pas. «Il faut se coltiner à la réalité, la politique a besoin de rugosité.» Chaque mois, le Premier ministre répondra aux questions lors de conférences de presse.

Sources : http://www.liberation.fr/page.php?Article=303221

 

Posté par Adriana Evangelizt

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