Drame du PSG : qui dit la vérité ?
Cette histoire de toute façon a été baclée. La justice est loin d'avoir fait son travail. 24 h après le drame, Granomort était libre. Il n'a été tenu compte que du témoignage du policier alors qu'il y avait d'autres témoins. En tout cas, le jeune qui est mort ne faisait pas partie des supporters comme le confirme son ami... beaucoup de zones d'ombre qui méritent d'être élucidées. Et quand de surcroît l'on apprend que le fameux policier est un fieffé menteur vu l'escroquerie dont il a été capable, comment peut on le croire ? Pour nous, le jeune qui est mort est mort pour rien. Mais Granomort est couvert, ça c'est une certitude.
Drame du PSG : Qui dit la vérité ?
Une semaine après la mort du jeune Julien Qumener à la sorie du Parc des Princes, Sport a mené l'enquête sur les circonstances du décès du supporter parisien. De nombreuses versions s'opposent.
Jeudi 23 novembre, Julien Quemener, un jeune garçon de 25 ans, qui vient d'assister à la rencontre de Coupe de l'UEFA entre le PSG et l'Hapoël Tel-Aviv, décède peu après 23 h sur la place de la Porte de Saint-Cloud, à quelques centaines de mètres du Parc des Princes. Il a été atteint d'une balle en plein coeur, qui a aussi sérieusement blessé au poumon Mounir Bouchaer, 26 ans, qui sortait lui aussi du match et qui est toujours hospitalisé à Paris.
La balle a été tirée par Antoine Granomort, 32 ans, un policier d'origine antillaise membre du SRPT, le Service régional de la police des transports parisiens. L'agent du SRPT, sert ce soir-là de chauffeur à ses collègues qui effectuent des contrôles dans la station de métro de la Porte de Saint-Cloud. Il est en tenue civile, sans brassard.
Quelques minutes plus tôt, il s'est porté au secours de Yaniv, un jeune Français de confession juive âgé de 21 ans, pris à partie à la sortie du match par des supporters belliqueux. Poursuivis sur la place de la Porte de Saint-Cloud, Antoine Granomort et Yaniv arrivent devant le restaurant McDonald's situé à l'angle de l'avenue de Versailles. C'est là que le fonctionnaire de police fait usage de son arme, blessant un jeune homme et en tuant un autre.
Le vendredi 24 novembre en fin de journée, Jean-Claude Marin, le procureur de la République de Paris, tient une conférence de presse dans laquelle il affirme, entre autres, que le policier " a opté pour une attitude courageuse en protégeant un supporter du club de Tel-Aviv " et qu'il a agi " dans un état de légitime défense ". Le lendemain soir, Antoine Granomort, entendu par le juge d'instruction en qualité de " témoin assisté ", est laissé libre. La version des faits donnée par le chef du parquet de Paris, moins de 24 heures après le drame, sans qu'on sache sur combien d'auditions elle se base, ne concorde pas avec les témoignages que nous avons recueillis dans les jours qui ont suivi la tragédie. Sur plusieurs points, les différentes versions s'opposent.
Antoine Granomort, qui ne portait aucun signe distinctif d'appartenance aux forces de l'ordre, a-t-il fait savoir à ses assaillants qu'il était policier ?
C'est ce qu'affirme Yaniv, qui n'est pas un supporter israélien mais un jeune Francilien de confession juive, et qui est secouru par le policier : " Alors que je suis poursuivi, un homme [Antoine Granomort, ndlr]) arrive en courant depuis le centre de la place de la porte de Saint-Cloud. Il glisse par terre et reçoit quelques coups. Il se replace ensuite devant moi, face à mes poursuivants et brandit une bombe lacrymogène qu'il actionne à deux reprises. Dès qu'il n'a plus de gaz lacrymogène, il sort alors son arme et la pointe sur les supporters. Il n'a pas de signe distinctif. Mais en revanche, il crie police ! police ! dès qu'il sort son arme. "
Mounir Bouchaer, le blessé, conteste cette version, par la voix de Gilbert Collard, son avocat. " Mon client est formel, nous explique-t-il. L'individu (Antoine Granomort) ne dit à aucun moment qu'il est policier et il tire sans sommation. " Version confirmée par Sam, un supporter parisien présent sur les lieux : " Les flics en civil, on a l'habitude de les croiser les jours de matches. Or, lui, personne ne le connaissait. On ne l'avait jamais vu. On ne savait pas qu'il était policier. On pensait tous que c'était un jeune des cités qui se la jouait cow-boy. "
Dans quelles circonstances Antoine Granomort fait-il usage de son arme ?
Selon le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, devant le restaurant McDonald's, Antoine Granomort, " victime d'un coup de pied au niveau du ventre puis d'un balayage qui l'a amené au sol, a perdu ses lunettes et a vu une masse sombre s'approchant et prenant son élan pour se jeter sur lui et a tiré à bout portant ".
Yaniv, qui se trouve un mètre derrière le policier, n'a pas vécu la même scène. " Il [Antoine Granomort] tombe puis se relève. Debout, il pointe son arme en l'air à 60°, pour tenter de les disperser. Certains supporters crient : C'est un faux à grenailles. Quand il tire, cela me rassure car, moi-même, je ne savais pas vraiment s'il s'agissait d'une arme véritable et s'il était réellement un policier. Je n'ai pas le souvenir que l'arme touche le corps d'un quelconque individu. Je me souviens seulement d'un coup de feu tiré en l'air. Si le coup de feu avait touché quelqu'un, je l'aurais vu. Or, je n'ai vu personne tomber ", nous raconte le jeune homme. Laurence Abgrall, vice-procureur de la République à Paris, confirme que le témoignage que nous avons recueilli correspond à la déposition faite par Yaniv, laquelle a été versée au dossier.
Par la voix de Gilbert Collard, son avocat, Mounir Bouchaer nous donne une troisième version des faits : " L'individu [Antoine Granomort], armé d'une bombe lacrymogène, est particulièrement provoquant, agressif et semble narguer la foule. Il est en situation de confrontation avec le groupe et agite la bombe lacrymogène. L'individu est debout. Il n'est pas à terre et n'est pas menacé. Mounir essaie de se saisir de cette bombe pour calmer le jeu. Et l'individu lui tire dessus à bout portant."
Y a-t-il eu un ou deux coups de feu tirés ?
Selon le procureur, " Antoine Granomort a fait preuve d'un sang-froid tout à fait remarquable " qui s'est notamment manifesté par le fait " qu'il n'a tiré qu'un seul coup ". Une version que confirme le jeune Yaniv, ainsi que maître Bertrand Burman, l'avocat du policier.
Mais maître Burman reconnaît aussi qu'un témoignage, indiquant que deux coups de feu ont été entendus autour de la place de la Porte de Saint-Cloud, a été versé au dossier d'instruction. Une version pas complètement isolée. Un des employés du McDonald's qui se trouve dans la salle du restaurant nous le certifie formellement : " J'ai entendu deux coups de feu ".
À combien d'agresseurs Yaniv et Antoine Granomort sont-ils confrontés ?
Durant sa conférence de presse, le procureur Jean-Claude Marin explique que le policier a dû faire " face à une horde de personnes excitées et extrêmement agressives. "
Laurence Abgrall, la vice-procureur, tempère les propos de son supérieur : " Antoine Granomort est menacé par une dizaine d'individus très agressifs qui lui font face. " Ce que confirme Yaniv : " Devant le McDonald's, il y a une dizaine de personnes virulentes qui nous font face. Derrière ce groupe, entre 50 et 100 personnes assistent à la scène sans y participer directement. "
Mounir Bouchaer et Julien Quemener font-ils partie de ce groupe d'une dizaine d'assaillants ?
" Mounir Bouchaer n'a proféré aucune insulte ", affirme son avocat, maître Collard, qui maintient que son client s'est approché d'Antoine Gramomort avec pour seule intention de se saisir de la bombe lacrymogène. Mounir est en tout cas à proximité immédiate du policier.
Julien Quemener, lui, a quitté le Parc des Princes dès la fin de la rencontre, en compagnie d'Alexandre, son meilleur ami, qui nous raconte comment les faits se sont enchaînés : " Nous nous dirigeons ensemble vers la place de la Porte de Saint-Cloud. Julien veut reprendre sa voiture, qui est garée de l'autre côté de la Porte de Saint-Cloud, car il a un rendez-vous dans Paris. Moi, je veux rejoindre la station de métro de la Porte de Saint-Cloud car je dois rentrer chez moi, dans l'Essonne, en transports en commun. Je suis séparé de Julien à l'extrémité du boulevard Murat, suite à une charge des CRS, situés à proximité de la brasserie des Trois Obus. Nous réussissons à nous retrouver ensuite au bord du boulevard périphérique. Je n'ai plus du tout envie de prendre le métro dans ces conditions et nous décidons alors de rejoindre tous les deux la voiture de Julien. Nous repartons donc ensuite dans la gueule du loup pour traverser la place. Ça chauffe vraiment. Nous sommes sur la route, au milieu de la place, entre le boulevard Murat et l'avenue de Versailles. Nous n'avons pas encore atteint le McDonald's quand je vois une ou deux grenades lacrymogènes lancées par les CRS exploser près de nous. Ça me pique les yeux et, du coup, je fonce vers les arrêts de bus, à l'autre bout de la place. À partir de cet instant, je n'ai plus jamais revu Julien vivant... " Alexandre ne sait donc rien de ce que son ami Julien va faire dans les deux ou trois minutes qui vont suivre. Lorsqu'on retrouve la trace de Julien, il est mort.
La préfecture de police de Paris avait-elle pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité autour du stade ?
Le service Communication de la préfecture de police de Paris nous déclare que " le dispositif déployé ce soir-là, avec 600 membres des forces de l'ordre était très largement dimensionné par rapport aux 22 000 spectateurs présents dans le stade ".
Le 21 novembre, deux jours avant le match PSG - Hapoël Tel-Aviv, comme c'est le cas avant chaque rencontre du PSG, le comité de concertation se réunit. Il est composé de représentants du club, des Renseignements généraux et de la préfecture de police de Paris. Malgré un rapport établi par les RG, indiquant qu'" une minorité de jeunes [...] issus de la mouvance d'extrême droite sont susceptibles de prendre à partie d'éventuels supporters israéliens isolés ", la préfecture de police de Paris décide de ne pas classer la rencontre à hauts risques. " Cette décision n'était pas de mon ressort, se défend aujourd'hui Jean-Philippe D'Hallivillée, le directeur de la sécurité du PSG. Par contre, à l'intérieur du stade, la zone qui est sous ma responsabilité, j'ai appliqué un dispositif de match à hauts risques. " À l'extérieur du Parc des Princes, 600 policiers et gendarmes sont mobilisés pour l'événement et un périmètre de sécurité limité aux rues qui jouxtent directement le Parc des Princes est établi.
Si la décision de classer ce match " à hauts risques " avait été prise, 1 200 à 2000 représentants des forces de l'ordre auraient donc été déployés dans un périmètre élargi. Comme le prouve le document ci-dessus, établi par la préfecture de police de Paris pour la rencontre PSG - OM du 5 mars 2006 (classée à hauts risques), le périmètre de sécurité aurait notamment englobé toute la place de la Porte de Saint-Cloud et le haut de l'avenue de Versailles. Jusqu'à 1 h du matin, des représentants des forces de l'ordre auraient été postés tous les 20 m le long de ce périmètre et notamment devant le McDonald's situé au 234, avenue de Versailles. Ce qui n'était pas le cas ce jeudi 23 novembre : selon tous les témoins présents sur les lieux du drame ce soir-là, entre le moment où le policier en civil Antoine Granomort a fait usage de son arme, peu avant 23 h, et l'arrivée des premiers renforts de police, il s'est écoulé environ 10 minutes.
Dossier réalisé par Ronan Folgoas, avec Lionel Vella et Claire Raynaud
Sources : Myfreesport
Posté par Adriana Evangelizt