DE VILLEPIN MAL PERCU PAR LES FRANCAIS

Publié le par Adriana EVANGELIZT

D'après quelques sondages, Dominique de Villepin serait mal perçu par le peuple français qui ne voit pas en lui quelqu'un capable de comprendre ses préoccupations. Les citoyens de notre pays le juge trop éloigné d'eux... est-ce son côté aristocratique qui lui porte tort ?  C'est curieux car nous le trouvons sympathique... nous pensons qu'il a été certes élevé dans un certain milieu mais qu'au fond de lui il doit être humain... ceci dit, il faudrait bien sûr qu'il le montre pour que la majorité du peuple puisse en juger...

 

 

 

 Crise majeure de popularité du nouvel exécutif

 

Selon le baromètre mensuel Louis-Harris Libération iTélé Yahoo!, la popularité de Jacques Chirac est en chute libre (-16 points) et atteint 26%, tandis que celle de Dominique de Villepin est exceptionnellement basse pour une première mesure (41%). Par ailleurs, 63% des Français ne lui font pas confiance pour réduire le chômage.

La création du gouvernement Villepin est-elle la bonne réponse au 29 mai ? La nomination du nouveau Premier ministre a voulu incarner une rupture de style et un sursaut républicain, mais les détracteurs du chef du gouvernement ont dénoncé son manque de légitimité électorale et sociale. Cette nouvelle livraison de l'Observatoire de l'opinion, réalisée après la composition de la nouvelle équipe, mais avant le discours de politique générale qui sera prononcé mercredi 8 juin, révèle un état des lieux fortement contrasté : la nomination de Dominique de Villepin est considérée par l'opinion comme une bonne chose pour la France, mais pas pour les Français eux-mêmes. Et la traduction de cette perception en termes de popularité est cinglante.

L'image flatteuse d'un véritable homme d'Etat pour la France

Pour l'opinion, Dominique de Villepin incarne le retour d'un homme d'Etat à Matignon. Les qualités prêtées au nouveau chef du gouvernement sont élogieuses. Il est jugé volontaire (82 %), ambitieux (79 %), capable de faire entendre la voix de la France dans le monde (72 %), incarnant bien l'autorité de l'Etat (59 %) et doté d'un projet pour la France (52 %).
Ce dernier trait mérite d'être souligné parce qu'il émane de tous les horizons politiques : 48 % des sympathisants de gauche estiment que Dominique de Villepin a un projet pour la France, 59 % des sympathisants UDF-UMP, 50 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle, et 50 % des personnes sans proximité partisane déclarée.
L'ensemble des qualités prêtées à Dominique de Villepin sont donc très gaulliennes et, dans une France de 2005 inquiète sur son avenir, elles sont bienvenues. Pour les Français, le nouveau Premier ministre consacre un retour de la politique au sens noble du terme : une capacité de transformation du monde.
Avec son ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin forme un tandem considéré comme une bonne chose pour la France par 55 % des personnes interrogées.

Une incapacité à améliorer les conditions de vie des Français, et notamment à lutter contre le chômage

Cependant, Dominique de Villepin souffre d'un handicap majeur : son incapacité perçue sur les grands enjeux économiques et sociaux qui constituent la priorité des Français aujourd'hui : 66 % des personnes interrogées ne lui font pas confiance pour accroître le pouvoir d'achat, et 63 % ne lui font pas confiance pour réduire le chômage (dont 50 % des sympathisants UDF-UMP).
Ces faiblesses particulièrement compromettantes en début de mandat, et à l'heure où le nouveau Premier ministre érige l'emploi en priorité de son action, reposent notamment sur une distance perçue par rapport au quotidien des Français : 59 % des interviewés estiment Dominique de Villepin incapable de comprendre leurs problèmes quotidiens, 65 % le jugent incapables d'y apporter des réponses, 65 % également ne le considèrent pas proche d'eux. Et ces critiques sont d'autant plus blessantes qu'elles sont majoritaires jusqu'aux rangs UDF-UMP : 54 % des sympathisants UDF-UMP pensent que Dominique de Villepin est incapable d'apporter des réponses à leurs problèmes quotidiens.

Mauvais casting ou révélation d'une pathologie démocratique ?

Cette différence entre les atouts de l'homme d'Etat et sa distance face au quotidien des Français est bien évidemment liée à la personnalité du nouveau Premier ministre. Mais plus profondément, la réaction de l'opinion à la nomination de Dominique de Villepin est également révélatrice d'une pathologie démocratique, au nom de laquelle les Français ne perçoivent plus le lien entre la politique (celle des sommets de l'Etat) et leur quotidien. On considère que le nouveau Premier ministre est porteur d'un projet pour la France, mais on le juge incapable de répondre aux problèmes des gens. Ce constat ne repose pas uniquement sur une divergence idéologique entre le chef du gouvernement et les Français, mais se nourrit du sentiment de l'impuissance des pouvoirs publics face aux questions économiques et sociales, et de l'individualisation des préoccupations et des attentes des Français.

Dès les fonds baptismaux, la crise de popularité de l'exécutif

Dans ce contexte, les débuts du nouvel exécutif sont très difficiles : Jacques Chirac subit un effondrement de sa popularité sans précédent depuis 2002, laquelle accuse une baisse de 16 points par rapport au mois dernier, et ne s'établit plus qu'à 26 % : il s'agit là du plus mauvais score enregistré depuis 2002 ; 69 % des Français ont une mauvaise image du président de la République.

Qui plus est, cet effondrement émane en priorité du propre camp du chef de l'Etat : en un mois, Jacques Chirac a perdu 34 points auprès des sympathisants UMP (sa popularité s'établit désormais auprès d'eux à 50 %), et 33 points auprès des sympathisants UDF (35 % de popularité). Par comparaison, Jacques Chirac n'a perdu " que " 10 points de popularité à gauche.

Une telle défection des soutiens du président de la République repose à la fois sur le désaveu personnel que fut le résultat du référendum pour Jacques Chirac, sur le rejet de la Constitution européenne à laquelle les sympathisants UDF-UMP étaient attachés, et sur l'affichage d'une priorité sociale susceptible de générer des inquiétudes à droite.
Pour sa part, l'image de Dominique de Villepin est elle-même désastreuse pour un nouveau Premier ministre : 41 % des personnes interrogées ont une bonne opinion de lui (40 % ont une mauvaise opinion, 19 % ne se prononcent pas), alors que son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin disposait de 57 % d'opinions positives au lendemain de sa nomination. Certes, les scores recueillis par Dominique de Villepin ne s'accompagnent pas d'une impopularité majoritaire : 40 % des personnes interrogées ont une mauvaise image de lui. La différence provient d'un déficit de notoriété : 19 % des interviewés ne se prononcent pas sur son image globale.
 

François Miquet-Marty
Directeur des études politiques Institut Louis-Harris

Sondage Louis-Harris réalisé pour Yahoo!, Libération et i>TELE les 3 et 4 juin 2005 par téléphone.Échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession du chef de famille, après stratification par région et catégorie d'agglomération.

Sources : http://fr.news.yahoo.com/050607/295/4g9kv.html

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