DDV espère en finir avec l'affaire Clearstream
Dominique de Villepin espère en finir
avec l'affaire Clearstream
Dominique de Villepin espère en finir avec l'affaire des listings falsifiés de la société financière luxembourgeoise Clearstream, à la faveur de son interrogatoire comme simple témoin par les juges d'instruction.
L'audition du Premier ministre pourrait durer toute la journée ce jeudi au pôle financier du palais de justice, comme cela fut le cas le 9 novembre avec la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, entendue pendant près de 12 heures.
Le chef du gouvernement, qui se dit serein, a déjà annoncé qu'il serait joignable constamment pendant la journée.
"Je suis heureux de pouvoir apporter mon témoignage dans un dossier où beaucoup de mensonges et beaucoup de calomnies ont été portés, et dont j'ai eu à souffrir au fil des dernières années", a-t-il redit mardi à la presse.
L'audition comme simple témoin, autorisée par le conseil des ministres, signifie qu'aucune charge ne sera retenue à ce stade contre lui.
Un changement de statut vers celui de "témoin assisté" ou mis en examen n'est pas techniquement exclu d'ici la fin de l'enquête, mais il semble peu probable, les investigations semblant quasi achevées.
Les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons gardent aussi une autre possibilité technique, potentiellement embarrassante pour le Premier ministre : saisir en fin d'enquête la Cour de justice de la République s'ils estiment que Dominique de Villepin a commis des délits dans le cadre de ses fonctions ministérielles.
Cette hypothèse semble néanmoins peu probable.
Outre les problèmes de fond sur la définition pénale du rôle du Premier ministre, une telle décision pourrait aboutir à une annulation pour atteinte aux droits de la défense.
NOMBREUSES QUESTIONS
Les juges enquêtent sur la manipulation menée avec des faux listings de comptes bancaires de Clearstream sur lesquels figurent des centaines de noms, dont ceux de Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin ou Dominique Strauss-Kahn.
Selon l'accusation, ces listes ont été fabriquées en 2003 par Imad Lahoud, alors cadre d'EADS, à partir de documents dérobés chez Clearstream par un consultant, Florian Bourges.
Elles ont été remises à la justice au printemps 2004 par Jean-Louis Gergorin, un ami proche de Dominique de Villepin alors vice-président d'EADS, ce qui a entraîné des vérifications au grand dam des personnalités mises en cause.
Auparavant, fin 2003, le ministère de la Défense avait commandé une enquête à ce sujet au général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement.
En janvier 2004, Dominique de Villepin, alors aux Affaires étrangères, a repris le dossier et demandé au général de poursuivre ses investigations. Passé à l'Intérieur, il a demandé une seconde enquête à la DST en juillet 2004.
Toutes les enquêtes ont conclu que les listings étaient faux mais cela n'a jamais été porté à la connaissance du juge Renaud Van Ruymbeke, à qui Jean-Louis Gergorin avait remis les listes.
Des parties civiles ont dénoncé le rôle ambigu de Dominique de Villepin, qui n'a pas informé l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de ses démarches et aurait pu utiliser le dossier pour déstabiliser Nicolas Sarkozy, son rival à l'UMP.
Les juges d'Huy et Pons ne sont cependant pas parvenus à démontrer qu'il ait eu une rôle actif dans la manipulation. La falsification des listings par Imad Lahoud, accréditée par plusieurs éléments, n'est pas totalement avérée non plus, de même que l'éventuelle mauvaise foi de Jean-Louis Gergorin.
Les différents points litigieux qui seront abordés avec les juges risquent donc fort d'être sans effet sur le dossier.
L'affaire a suscité de profondes divisions au pôle financier du palais de justice, où l'importance prise par le dossier a paralysé l'instruction d'autres affaires de corruption.
Sources Nouvel Observateur
Posté par Adriana Evangelizt