DISCOURS DE VILLEPIN SUR FR3

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Il y a des individus qui n'attirent pas la sympathie et disons le clairement Tony Blair fait partie de cette race-là. Le citoyen du monde pose son regard sur les personnages qui dirigent le monde et ma foi, on se dit que si on était à leur place, on ferait sûrement mieux qu'eux.

Car que Tony Blair se permette de dire "qu'il vaut mieux que l'Europe créée des emplois plutot que de nourrir des vaches..." prouve déjà la mentalité du zigue. Et ce n'est pas l'histoire de la "vache folle" qui nous convaincra du contraire. Le peu de respect que les politiques anglais ont témoigné envers la race animale privilégiant l'économie et le rendement plutôt que de s'occuper de la santé des bêtes et des humains qui consommaient de la viande montre le degré du stupide matérialisme et jusqu'où les mènent l'appât du gain...

Qu'il prône aussi l'élargissement à tout va notamment pour les pays de l'Est et la Turquie montre sans problème qu'il est téléguidé par le gouvernement Bush dont l'ombre plane derrière ces Etats. L'Europe devrait donc être inféodé aux USA pour que tout aille au mieux pour Blair. Quand on pense que l'Angleterre a refusé l'Euro, on se demande bien si l'on peut considérer cette nation comme européenne ? Nous la pensons plus américaine qu'autre chose donc incapable de voir avec les yeux des européens et encore moins capable de se mettre à leur place...

 

 

 

ENTRETIEN DU PREMIER MINISTRE,
M. DOMINIQUE DE VILLEPIN,
AVEC "FRANCE 3"
- EXTRAITS

 

Paris le 22 juin 2005

Q - Tony Blair, on l'a entendu, disait ce matin dans une interview à la presse allemande qu'il valait mieux que l'Europe créée des emplois plutôt que de nourrir des vaches. Qu'est-ce que vous en pensez ?

 

R - Il se trouve que l'agriculture en France, c'est 20 % des emplois, quand on prend à la fois la filière agricole et la filière agroalimentaire. C'est donc un montant et un nombre d'emplois tout à fait considérables : 2,5 millions de personnes. Donc, nous voulons défendre la Politique agricole commune, et il faut le rappeler, nous avons fait un compromis à la fin 2002, un compromis qui a été signé par les Vingt-cinq Etats membres, y compris les Britanniques.

 

Q - Et qui n'est pas négociable ?

 

R - Nous avons fait notre part du chemin, et cela vaut jusqu'en 2013. Le président de la Commission européenne, Monsieur Barroso vient de le rappeler. Nous avons fait également notre part du chemin sur le budget de l'Europe, puisque nous avons accepté la proposition luxembourgeoise de passer le budget de 1 % de la richesse européenne à 1,06 %. Cela représente pour la France un montant supplémentaire par an de 1,5 milliards d'euros pendant toute la période.

 

Q - Mais Monsieur le Premier ministre, on sent bien que plusieurs de nos partenaires européens ont du mal à comprendre "l'acharnement" français à défendre la Politique agricole commune, on parle même de l'Europe du passé !

 

R - Non, je crois que c'est une profonde erreur, d'autant plus que la Politique agricole commune n'a pas à être sur la table. Ce qui est sur la table, et ce qu'on devait conclure à Bruxelles, c'est un compromis sur le budget de l'Europe. Ce compromis a été bloqué par les Britanniques, alors même que l'ensemble des nouveaux Etats membres, les dix nouveaux Etats, étaient prêts, quant à eux, à faire des concessions. Ce qui est sur la table, c'est donc le compromis sur le budget, et c'est aussi le chèque britannique qui est une redondance du passé.

 

Q - Alors si je vous comprends bien, quand José Manuel Barroso dit aujourd'hui, on l'a entendu, "il faut que d'un côté les Britanniques fassent un pas, de l'autre les Français aussi", sur la Politique agricole commune, pas de concession française ?

 

R - Mais je le redis, il vient de le dire lui-même, la Politique agricole commune n'est pas sur la table. Un compromis a été trouvé, ce compromis vaut jusqu'en 2013. Que nous préparions l'avenir avec les agriculteurs, c'est exactement ce que nous allons faire. Je vais recevoir dans les prochains jours, avec le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, M. Dominique Bussereau, l'ensemble des représentants agricoles, parce que nous voulons évoquer les questions justement de l'avenir, et en particulier la préparation de la loi d'orientation agricole.

 

Q - Il y a eu le refus de la Constitution européenne par deux pays, il y a eu l'échec à Bruxelles concernant les discussions portant justement sur le budget. Est-ce que c'est la fin d'une certaine Europe ou est-ce que c'est la fin de l'Europe ?

 

R - C'est un choix qui nous est posé, et c'est le choix que nous devons aujourd'hui trancher. Est-ce que nous voulons une Europe du libre-échange - c'est l'Europe que défendent aujourd'hui les Britanniques, une Europe qui se réduise au seul libre-échange - ou est-ce que nous voulons une Europe politique, qui cherche tous les jours davantage à répondre aux questions que se posent nos concitoyens ? C'est l'Europe que nous voulons défendre. Et je crois qu'il faut tirer les leçons, à la fois de l'échec de Bruxelles et, en même temps, de la situation dans laquelle nous sommes placés après le "non" français, et le "non" des Pays-Bas à la Constitution européenne.

 

Q - Concrètement cela veut dire quoi, cela veut dire qu'on travaille moins sur les institutions, qu'on est plus concret ?

 

R - Ca veut dire qu'il faut se battre pour une Europe des projets. Je crois qu'il y a, aujourd'hui, plusieurs grands projets que nous devons défendre. Il y a un grand projet concernant la politique économique, l'Europe est la première puissance économique du monde, et nous n'avons pas de politique économique harmonisée. Faisons en sorte que les douze pays de l'euro puissent se rassembler, évoquer ensemble l'harmonisation de leur politique et, en particulier, que l'Eurogroup, qui rassemble les 12 pays de l'euro, puisse dialoguer avec la Banque centrale européenne (BCE), dans le respect de son indépendance...

 

Q - Cela veut dire que la...

 

R - Voilà un chantier qui est à ouvrir.

 

Q - Ca veut dire que la sacro-sainte indépendance de la BCE, il faut un peu revenir dessus, il faut...

 

R - Non, il ne s'agit pas de la remettre en cause, il s'agit...

 

Q - Que la BCE écoute les politiques ?

 

R - Il s'agit d'avancer, d'écouter, de dialoguer dans l'intérêt de l'Europe. Et nous avons, de ce point de vue-là aujourd'hui, un atout avec l'Eurogroup. De la même façon, la Politique agricole commune, je le redis, est un atout pour l'Europe. L'Europe est la deuxième puissance agricole au monde, nous sommes le premier pays exportateur de produits transformés dans le monde, c'est un véritable pouvoir. Ne lâchons pas la proie pour l'ombre à l'heure où, nous le voyons, les Etats Unis veulent rivaliser avec nous, nous concurrencer dans ce domaine agricole. Dans le domaine de l'innovation et de la recherche, troisième grand projet, nous avons des atouts exceptionnels, nos chercheurs dans le domaine mathématique, de la physique, de la chimie...

 

Q - Chercheurs qui ne sont pas toujours contents d'ailleurs.

 

R - C'est pour cela que nous allons travailler à cette grande loi d'orientation, dans le domaine de la recherche : c'est pour cela que nous allons défendre au mois de juillet, les pôles de compétitivité que nous allons développer en France. Eh bien ! Dans ce domaine-là aussi, l'Europe doit relever le défi, et je propose que nous créions en France, dans les tous prochains mois, un, deux, trois grands centres de recherche de haute technologie européens, ouverts aux chercheurs français et étrangers...

 

Q - Cela veut dire... ?

 

R - Je veux lancer ce projet dès 2006.

 

Q - Pour bien comprendre, cela veut dire que ces centres seront ouverts par la France, et on y accueille des chercheurs...

 

R - Il s'agit d'attirer...

 

Q – des Européens ?

 

R - Absolument, et il s'agit d'attirer des laboratoires de recherche, des chercheurs, des universités, de mettre ensemble toutes ces compétences avec les entreprises, pour préparer l'avenir.

 

Q - Et on sait déjà où ?

 

R - Nous allons l'étudier et l'explorer. Alors le quatrième grand projet, c'est l'Europe de la sécurité et de la défense. Nous avons ouvert la voie dans le domaine du contrôle des frontières et de la lutte contre l'immigration clandestine. Dans le domaine de la défense, il faut aller plus loin.

 

Et enfin, dernier grand projet, c'est une véritable démocratie européenne. J'ai la conviction que nous devrons franchir un pas, et c'est pour cela que je propose que nous étudions, avec les autres pays européens, un véritable service civil européen. Si nous agissons ensemble pour les jeunes de cette Europe, à la fois dans le domaine sanitaire par exemple, dans le domaine humanitaire, nous allons trouver le moyen de rapprocher nos peuples. Nous avons besoin de cette proximité, elle est indispensable.

 

Et bien sûr, dans ce cadre, nous tirons les leçons, ce sont les leçons que le président de la République a lui-même tirées, c'est la voie qu'il a tracée d'une Europe plus proche des citoyens, qui prenne en compte cette exigence sociale indispensable. C'est la première leçon que nous tirons de l'après 29 mai : davantage de réponses aux citoyens, prendre en compte cette dimension sociale, c'est une exigence absolue. Et je veux évoquer cela au niveau français, et je vais donc proposer de rencontrer, dès le début de la semaine prochaine, l'ensemble des formations politiques françaises qui ont participé au scrutin référendaire. Je vais donc les recevoir pour évoquer avec eux cette évolution de l'Europe.

 

Q - Pour bien comprendre, le programme civil européen, c'est bien cela...

 

R - Le service civil européen...

 

Q - Service civil européen, cela consiste en quoi exactement...

 

R - C'est de proposer...

 

Q - Cela s'adresse à qui, est-ce que cela s'adresse, un peu comme Erasmus, à des gens...

 

R - Il s'agit de reprendre cette idée d'Erasmus, qui profite malheureusement à trop peu d'étudiants, de proposer donc aux jeunes Européens qui le souhaitent, un service civil dans le domaine humanitaire, dans le domaine sanitaire, dans un certain nombre de domaines très précis, de leur permettre de travailler ensemble à de grands projets, de grandes causes. Je crois que si nous étions capables de démarrer un tel projet, nous marquerions notre volonté d'aller de l'avant à partir des valeurs qui sont les nôtres.

 

Q - Pour cela, il faut l'accord des autres vingt-quatre...

 

R - C'est une proposition. Mais une fois de plus, nous avons des idées, nous sommes en tête dans beaucoup de domaines. Avançons plutôt que de rester dans l'impasse où nous sommes aujourd'hui !

 

(…)./.

(Source site Internet du Premier ministre)

http://www.diplomatie.fr/actu/bulletin.asp?liste=20050624.html#Chapitre2

 

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