SARKO CONTRE LA LISTE NOIRE

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Il semblerait d'après l'article ci-dessous qu'il vaut mieux ne pas faire de coup tordu à Sarko car la "vengeance serait (peut-être) un plat qui ne se mange pas forcément froid"... avis donc à ceux qui serait tenté de lui nuire... et nous pensons que dans cette "jungle" qu'est la politique, les esprits machiavéliques ne doivent pas manquer...

 

SARKO CONTRE LA LISTE NOIRE

 

par Olivier TOSCER

 

 

De retour à l’Intérieur, le ministre règle ses comptes avec ses adversaires. Mais la chasse aux «gnomes de l’ombre» et son obsession des coups tordus finissent par devenir envahissantes...

 

Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, ils interrogent des journalistes, recueillent de la documentation, rédigent des notes. Ils ? Des enquêteurs de la cellule «communication» des Renseignements généraux. Leurs cibles? Quelques personnalités de la politique et des médias figurant sur ce que les proches du ministre de l’Intérieur appellent entre eux la «liste noire». Une série de noms de comploteurs réels ou supposés censés avoir fomenté intrigues et coups bas contre le ministre de l’Intérieur. Notamment d’avoir alimenté le Tout-Paris en informations croustillantes sur les déboires conjugaux du couple Sarkozy. La traque est méthodique. La liste des traîtres supposés est alimentée chaque jour par les fidèles de Nicolas Sarkozy au gré de leurs investigations dans les dîners en ville. Puis les suspects sont passés au crible par les RG dirigés par le très sarkozien directeur central Pascal Mailhos. L’obsession du moment? l’identification de l’informateur du «Matin», le quotidien suisse ayant publié les articles les plus détaillés sur l’«affaire Cécilia» fin mai-début juin.


L’enquête vise d’abord un ancien journaliste reconverti dans les affaires (il sera disculpé après vérifications) puis s’oriente vers un dirigeant du groupe de communication Publicis. Celui-ci parvient toutefois à plaider sa cause auprès de Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales et bras droit de Nicolas Sarkozy depuis des années. Le boulet n’est pas passé loin… Les investigations se poursuivent. Le staff Sarko, épaulé par les RG, disposerait maintenant de preuves formelles contre l’entourage de Philippe Douste-Blazy et de Jean-François Copé, deux membres du gouvernement Villepin! «On les a coincés en remontant la piste d’e-mails anonymes véhiculant les articles dégueulasses du "Matin" sur Cécilia», triomphe un membre du groupe informel anti-coups bas. Premier effet de la chasse aux «gnomes de l’ombre»: les sources d’information du quotidien helvétique se sont taries. «Notre informateur n’appelle plus. Il a peur d’être confondu dans des écoutes téléphoniques», confirme la journaliste genevoise chargée du dossier.

L’ambiance est à la vendetta. Comme Sarko l’avait annoncé publiquement. Dès son retour au gouvernement, devant des parlementaires balladuriens puis devant la commission exécutive de l’UMP, il explique l’intérêt de redevenir le premier flic de France pour «éviter les coups tordus montés contre lui», évoquant alors «des officines» qui, depuis six mois, avaient pris sa famille pour «cible». Traduction en termes encore moins diplomatiques dans la bouche d’un grand flic bien en cours Place-Beauvau: «Le ministre connaît bien les relais chiraquiens dans la police et les services de renseignement. Et surtout de quoi il sont capables quand une campagne présidentielle se profile. S’il s’énerve contre ceux qui cancanent de ses problèmes de couple, il s’inquiète surtout des prochains coups tordus.»


Les «paupières lourdes», comme Sarko appelle ses ennemis de l’ombre, sont sous surveillance. A commencer par une série de hauts responsables policiers réputés proche de l’Elysée, par exemple, le préfet de police de Paris, Pierre Mutz. Celui-ci a été prévenu dès le retour de Sarko Place-Beauvau, le vendredi 3 juin. Ce jour-là, quand il reprend possession des lieux, le patron de l’UMP réunit les principaux mandarins du ministère de l’Intérieur. Un à un, il les félicite chaleureusement pour le travail accompli. Seul Mutz n’est pas cité nommément par le ministre. C’est le premier signe de défiance. La sanction ne va pas tarder. Le soir même, Claude Guéant, le fidèle directeur de cabinet de Sarkozy, intime à Mutz l’ordre de congédier dans les quarante-huit heures un de ses collaborateurs, le sous-préfet Gérard Dubois. Officiellement, Dubois, inamovible chef du service de presse de la préfecture de police depuis douze ans, a certes fait son temps. Mais ce n’est pas la seule raison de son limogeage: «Il fallait lancer un signal: toutes les têtes peuvent tomber si on possède des preuves d’une déloyauté quelconque», reconnaît un fidèle de Sarko. La tête de Dubois roule sur le billot pour «persiflage». Le sous-préfet se serait gaussé dans les dîners en ville des malheurs conjugaux de son ministre. Ce qu’il dément. «Je n’ai joué aucun rôle dans ce qui est convenu d’appeler l’"affaire Cécilia"», proteste l’intéressé… qui a saisi ses avocats et refuse maintenant d’être exilé dans une lointaine sous-préfecture du nord de la France. Dubois paie de surcroît sa fidélité à l’actuel préfet de police étiqueté chiraquien et à l’un de ses prédécesseurs, Philippe Massoni, aujourd’hui conseiller à l’Elysée. Mais de là à faire d’un sous-préfet trop mondain la cheville ouvrière d’un prétendu cabinet noir chiraquien…


De toute façon, l’exploitation des déboires conjugaux du patron de l’UMP tourne court. Le 23 mai, en début d’après-midi à la sortie d’un restaurant du 8e arrondissement, rue de Berri, une agence de paparazzis prend une série de clichés embarrassants pour le couple Sarkozy. Et fixe le tarif du «scoop»: 130000 euros. «Paris Match», contacté en premier, hésite, puis décline. «VSD» refuse carrément de voir les photos, et «Voici» jette également l’éponge. «On a quand même sondé notre hiérarchie deux minutes, reconnaît Hedi Dahmani, le rédacteur en chef du magazine people. Mais les histoires de couples politiques ne cadrent pas avec notre concept ancré sur le show-business.» Bref, les clichés sont invendables. Le cordon sanitaire autour de la vie privée du ministre de l’Intérieur a tenu. «Il a quand même fallu passer quelques coups de fil préventifs, relève Pierre Charron, l’un des membres de la task force chargée de faire échec aux "gnomes de l’ombre". On a dit aux patrons de presse: attention, pensez aux bavures journalistiques de l’affaire Baudis.» Carrément !


Sarko est traqué par les paparazzis. Lui continue à se croire la cible d’obscures officines attachées à sa perte. Il pense être sur écoute, n’utilise plus que des téléphones portables cryptés. «Son obsession de l’espionnage date de l’affaire Clearstream, assure un proche. Tant qu’elle ne sera pas résolue, il ne dormira pas sur ses deux oreilles.» L’imbroglio Clearstream? Il a débuté il y a un an, sous la forme d’une lettre anonyme. Le 14 juin 2004, un corbeau encore non identifié, qui signe «DT», envoie au juge Renaud Van Ruymbeke, chargé d’enquêter sur d’éventuelles commissions versées en marge de la vente de frégates à Taïwan, une liste de comptes bancaires prétendument ouverts chez Clearstream, une institution financière luxembourgeoise. Deux comptes bancaires y sont attribués à des patronymes correspondant à ceux de Nicolas Sarkozy (voir document).


A la demande de Dominique de Villepin, alors à l’Intérieur, le service de contre-espionnage enquête sur l’origine de cette liste. Sans parvenir à résoudre l’énigme. Ses investigations n’identifient pas avec certitude le corbeau. Elles n’établissent pas non plus formellement la manip. A la grande colère de l’actuel ministre de l’Intérieur. «La mauvaise volonté des services est évidente, estime un homme de l’art proche de Sarkozy. Cette liste bidouillée semble en effet avoir été établie à partir de listings authentiques de Clearstream transmis à la DST et à la DGSE début 2003 pour essayer de remonter des filières de financement du terrorisme. Certains agents l’ont sans doute fait fuiter à des officines spécialisées en coups tordus». Officiellement, Pierre Bousquet de Florian, le directeur de la Surveillance du Territoire, qui s’est expliqué à deux reprises avec le ministre sur le sujet, n’est pas menacé. Mais le cabinet Sarkozy a réactivé son plan de fusion de la DST, des RG et de la Division nationale Anti-Terroriste (DNAT). Un grand service de renseignement… qui serait cette fois placé sous la coupe d’un fidèle sarkozien.

Sources :  NOUVEL OBSERVATEUR

Posté par Adriana EVANGELIZT

Publié dans Villepin Sarkhozy

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