Les approximations sur le resquilleur suscitent interrogations et soupçons
Gare du Nord: les approximations sur le resquilleur
suscitent interrogations et soupçons
Arrestation d'un homme par les forces de l'ordre à la Gare du nord, à Paris, le 27 mars 2007
Le décalage entre la situation judiciaire du voyageur en fraude, dont l'interpellation mardi soir a provoqué des affrontements, gare du Nord à Paris, et sa présentation par le ministère de l'Intérieur suscite critiques et interrogations dans les milieux judiciaire et policier.
Une discordance, pourtant classique, entre données issues des fichiers de police et casier judiciaire a engendré une polémique en pleine campagne électorale. Le secrétaire général de l'Unsa police, premier syndicat chez les gardiens de la paix, Joaquin Masanet, soupçonne même une "manipulation".
Le nouveau ministre de l'Intérieur François Baroin, qui avait affirmé mercredi qu'Angelo Hoekelet, 32 ans, de nationalité congolaise, était un "multirécidiviste, rentré illégalement sur le territoire, avec vingt-deux dossiers de violences volontaires", s'est refusé vendredi à "polémiquer", après avoir été contredit par l'avocat du prévenu, Bruno-Albert Boccara.
Celui-ci a assuré, sans être contredit par la cour devant laquelle comparaissait jeudi son client en comparution immédiate, que celui-ci comptait en tout et pour tout sept condamnations et était entré régulièrement en France à l'âge de 10 ans grâce au regroupement familial.
Le ministre a été abusé par une fiche caduque, a-t-on indiqué vendredi à l'AFP de source proche du dossier, confirmant les déclarations de l'avocat.
Angelo Hoekelet a bien été visé par un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF), mais celui-ci avait été annulé par le Tribunal administratif.
Quant aux "22 affaires", il s'agit du nombre de mentions de son nom dans le fichier policier Stic (Système de traitement informatisé des infractions constatées), dont sept seulement ont été sanctionnées par des condamnations, a-t-on précisé, ajoutant qu'une fiche "à jour" avait été remise vendredi matin à François Baroin.
Créé en 2001, le fichier Stic recense les victimes et les mis en cause dès qu'une procédure pour infraction pénale est ouverte par la police nationale.
"C'est une situation tout à fait standard de distorsion de chiffres entre les fichiers de la police et ceux du casier judiciaire", a expliqué Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).
"Ce qui me choque, c'est qu'on parle de plus en plus d'éléments qui ne sont pas vérifiés", a-t-il poursuivi, notamment à l'intention des médias.
"C'est malheureusement assez courant, dans la mesure où les policiers raisonnent avec des fichiers sur lesquels il y a tout et n'importe quoi", a estimé Me Paul-Albert Iweins, président du Conseil national des barreaux (CNB), soulignant qu'il s'exprimait à titre personnel et pas sur le fond de l'affaire.
"Tout commentaire qui est issu des fichiers de police s'expose à la critique parce qu'on voit qu'il y a bien souvent un décalage entre ces fichiers et la réalité", a-t-il estimé au sujet des propos du ministre.
Le secrétaire général de l'Unsa police, M. Masanet, a pour sa part demandé à François Baroin "de dire exactement ce qui concerne M. Hoekelet, qu'au moins le ministre de l'Intérieur déclare ce qu'on peut lui reprocher ou ne pas lui reprocher".
"C'est une manipulation de l'opinion publique, si c'est erroné", a-t-il estimé, déplorant le "décalage" entre les "22 procédures" et les sept condamnations. Selon Joaquin Masanet, "le plus grave, c'est qu'on est à l'approche d'échéances politiques très importantes et on est en train de tromper l'opinion".
Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé jeudi deux peines de prison ferme et une peine avec sursis contre trois des participants aux incidents de la gare du Nord et renvoyé à une date ultérieure l'examen du cas de deux autres personnes dont celui du resquilleur à l'origine des faits.
Deux jeunes gens âgés de 28 et 19 ans ont été condamné à une peine de 4 mois ferme pour avoir jeté des projectiles sur les forces de l'ordre. Le procureur avait requis six mois ferme à leur encontre.
Le premier des deux, désigné par deux policiers, a formellement contesté ces accusation à l'audience. Le second, a reconnu le jet d'une canette de bière mais a affirmé qu'il ne visait pas les policiers.
Pour leurs avocats, "les jeunes gens ont eu le tort de se trouver au mauvais moment au mauvais endroit".
L'un des deux, en situation irrégulière en France, a été condamné à trois ans d'interdiction du territoire français.
Le tribunal a condamné un troisième jeune homme à une peine de quatre mois avec sursis pour avoir lancé une paire de chaussure de sport sur des policiers.
Ce prévenu, un ancien pâtissier de 28 ans, avait, lors de sa garde à vue, expliqué son geste par l'exaspération que lui avait procuré dans la soirée l'attitude des CRS qui, avait-il dit, gazaient tout le monde, même les passants.
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt