Accusé de "mensonges" sur l'immobilier, Nicolas Sarkozy désavoue Bercy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Accusé de "mensonges" sur l'immobilier,

Nicolas Sarkozy désavoue Bercy

par Bertrand Bissuel et Isabelle Rey-Lefebvre

Nicolas Sarkozy entend montrer qu'il tient ses promesses. Mardi 29 mai, lors d'un meeting au Havre, le président de la République a indiqué que les intérêts d'un emprunt immobilier contracté pour acheter sa résidence principale pourront être déduits de l'impôt sur le revenu. Cette mesure s'appliquera à tous les prêts "à partir du jour où la loi sera votée" et concernera "tous les emprunts en cours", a-t-il déclaré.

En apportant ces précisions, le chef de l'Etat contredit le ministre du budget, Eric Woerth, qui avait déclaré, aux Echos du 24 mai, que le dispositif ne concernerait que les "résidences principales dont l'acte authentique de vente a été signé après le 6 mai 2007, jour de l'élection du président de la République".

"Les intérêts des emprunts pourront être déduits des revenus à hauteur de 20 %, avait ajouté M. Woerth. Il s'agira d'un crédit d'impôt limité dans le temps, qui aboutira à des réductions d'impôrts significatives."

Les propos de M. Woerth n'étaient pas tout à fait en phase avec les engagements de M. Sarkozy : celui-ci avait dit, notamment à L'Express daté du 29 mars, que la mesure s'appliquerait "sur les intérêts des emprunts déjà contractés et sur ceux des nouveaux emprunts".

Le 26 mai, à La Rochelle, Ségolène Royal avait dénoncé les "mensonges" et les promesses qui "ne correspondent à rien" de M. Sarkozy. "Les gens vont se rendre compte petit à petit qu'ils ont été floués", avait dénoncé la socialiste.

CONTOURS A PRÉCISER

En dépit de l'intervention de M. Sarkozy, les contours exacts du dispositif ne sont toujours pas connus. Mardi soir, les collaborateurs de M. Woerth et de la ministre du logement, Christine Boutin, ne souhaitaient pas s'exprimer tant que les arbitrages ne seraient pas rendus.

Plusieurs questions demeurent : sur combien d'années jouera le mécanisme ? Se traduira-t-il par une diminution de la base imposable ou par une baisse de l'impôt équivalente à un pourcentage donné des intérêts d'emprunt ? Il semble que la mesure devrait profiter à l'ensemble des accédants à la propriété, qu'il s'agisse ou non de leur premier achat.

"Près de 25 % de l'ensemble des ménages sont concernés", explique Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris X de Nanterre, soit plus de 6 millions de familles. Selon lui, le dispositif devrait coûter environ 4,5 milliards d'euros par an.

L'impact sera sensible pour les familles qui accèdent à la propriété. "Si l'impôt est diminué de 20 % des intérêts d'emprunt, le gain de pouvoir d'achat sera de 2 % par mois en moyenne", estime Michel Mouillart. Le bénéfice sera de 3 % par mois pour ceux qui ont signé l'acte d'achat en 2006 ou 2007, ajoute-t-il.

Les professionnels de l'immobilier font tourner leur calculette. D'après le site de courtage meilleurstaux.com, un acquéreur qui emprunte 140 000 euros sur 15 ans, au taux d'intérêt de 4 %, et qui déduit de son impôt 20 % des intérêts d'emprunt, récupérera 4 883 euros sur cinq ans et 8 100 euros sur 10 ans. Avec un crédit sur 20 ans au taux de 4,15 %, le gain sera de 5 318 euros cumulé sur cinq ans et 9 787 euros sur dix ans.

"Toute mesure qui pousse les Français vers la propriété et qui les responsabilise est bonne à prendre", se félicite Jean Lavaupot, président du réseau d'agences immobilières Era. L'initiative de M. Sarkozy "peut convaincre certains locataire de sauter le pas", remarque Christophe Cremer, PDG de meilleurtaux.com.

Mais celui-ci s'étonne qu'elle soit étendue "à ceux qui sont déjà propriétaires". "Il est un peu incongru de faire un cadeau à ceux qui ont pu acheter leur logement il y a cinq ou dix ans et dont le patrimoine s'est considérablement valorisé, juge-t-il. Ne serait-il pas plus pertinent d'utiliser les deniers publics à aider ceux qui voudraient devenir propriétaires et ne le peuvent pas ?".

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt


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