Juppé brisé dans sa renaissance politique, désormais limitée à Bordeaux
Juppé brisé dans sa renaissance politique,
désormais limitée à Bordeaux
La défaite d'Alain Juppé aux législatives et sa démission du gouvernement - qui lui laissent pour seul mandat celui de maire de Bordeaux - brisent l'élan de l'éphémère ministre de l'Ecologie dans sa tentative de reconquête de responsabilités nationales, après son "exil" au Canada.
Au lendemain de sa défaite, Alain Juppé est apparu tendu lundi matin au salon du vin et des spiritueux Vinexpo qu'il a inauguré au côté de la ministre de l'Agriculture Christine Lagarde.
"C'est la curée. Ils veulent savoir si je vais mal", a dit M. Juppé, le visage fermé, à son entourage, à propos des journalistes qui se bousculaient autour de lui.
"Ce que vous voulez, c'est que j'aille très très mal, c'est cela qui vous exciterait. On sent une délectation amusante", a-t-il lancé, amer, à des journalistes. "Si je pouvais crever, vous seriez contents", a-t-il ajouté.
L'échec du numéro 2 du gouvernement, battu de 670 voix par la socialiste Michèle Delaunay, une cancérologue de 60 ans, novice en politique au niveau national, a retenti comme un coup de tonnerre à Bordeaux.
Mme Delaunay a souligné le caractère "historique" de sa victoire dans une circonscription ancrée depuis 60 ans à droite, où Ségolène Royal avait toutefois réuni 54,66% des suffrages au second tour de l'élection présidentielle.
Le résultat de dimanche tranche notamment avec celui obtenu par la liste de M. Juppé à l'élection municipale partielle de l'automne dernier, première étape d'une reconquête de ses mandats après sa "traversée du désert" consécutive à sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs du RPR.
A son retour du Québec, M. Juppé avait remporté l'élection municipale en réunissant sur son nom 56,24% des suffrages, dès le premier tour, mais avec 55,18% d'abstention.
Après avoir reconquis la mairie, l'objectif de M. Juppé était de regagner son siège au Palais Bourbon, mais on lui prêtait aussi l'intention de retrouver son mandat de président de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) en 2008.
Dimanche soir, aussitôt après l'annonce de sa défaite, M. Juppé a indiqué qu'il présenterait le lendemain sa démission du gouvernement comme il s'était engagé à le faire dès le début de sa campagne, en cas d'échec.
Il a également laissé planer le doute quant à son avenir de maire de Bordeaux, indiquant qu'il réunirait "dans les prochains jours (son) équipe municipale" pour décider "ensemble de ce qu'il convient de faire".
"Mon sentiment, et mon souhait, est qu'il va rester maire", a indiqué à l'AFP un de ses proches collaborateurs, ajoutant que la réunion de l'équipe municipale aurait lieu "probablement demain" mardi.
Avec une participation quasi identique aux deux tours (60,46% le 10 juin et 61,07% le 17 juin) dans la 2e circonscription, tenue depuis 1947 par la droite, M. Juppé, arrivé en tête au premier tour avec 43,73% devant Mme Delaunay (31,36%), n'a amélioré son score que de 5,3% entre les deux tours.
De fait, M. Juppé n'a apparemment pas réussi à capter les 8,31% des voix réunies au premier tour par le candidat du MoDem, Ludovic Guinard.
Ce dernier n'avait pas donné de consigne de vote tout comme le candidat des Verts Pierre Hurmic qui était arrivé en quatrième position avec 6,83%.
"Il y a eu conjonction d'une évolution sociologique (de l'électorat bordelais), avec l'arrivée en centre ville de nouvelles catégories de population, et d'un certain nombre de causes occasionnelles", a estimé Jean Petaux, politologue, enseignant à l'Institut d'études politiques (IEP) de Bordeaux, interrogé par l'AFP.
L'expert cite notamment le débat sur la "TVA sociale", la réaction de l'électorat du MoDem qui a pu "vouloir faire payer à l'UMP les avanies subies", mais aussi un "déficit assez fort en terme de mobilisation" dans certains cantons où M. Juppé "était susceptible de faire des voix".
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt