Sarkozy, voleur de portefeuilles, le gouvernement, gang de potiches

Publié le par Adriana EVANGELIZT

C'est sûr qu'à plus ou moins long terme, il y aura une fronde.

Le gouvernement, gang de potiches

par Jacky Durand, Thomas Hofnung, Jean-Dominique Merchet, Nathalie Raulinet,

 Alexandra Schwartzbrod


Nombreux sont les ministres comme Michel Barnier, hier au Guilvinec, marginalisés par un Président omniprésent.

Il faisait presque peine à voir. Hier, au Guilvinec, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, avait du mal à cacher son irritation de devoir jouer la potiche derrière Nicolas Sarkozy, qui avait décidé la veille de se rendre en Bretagne pour rencontrer des marins pêcheurs.

Hier Michel Barnier, avant-hier Bernard Kouchner sur le Tchad, auparavant François Fillon… la vie de ministres sous Sarkozy suppose d’avoir une qualité sur son CV : savoir s’effacer derrière le grand chef.

François Fillon ou comment être ravi d’avoir deux jours pour exister. Nicolas Sarkozy à peine envolé pour Washington, le Premier ministre, dont la discrétion fait jaser jusqu’à sa majorité, en a profité pour occuper le devant de la scène. Lui qui depuis le 24 septembre était avare de ses interventions, a accepté de répondre ce matin à l’invitation de Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, pour vanter le bilan des six premiers mois de son gouvernement.

Hier, rompant avec son attitude distante des dernières semaines, Fillon lors des questions au gouvernement s’est levé par deux fois pour répondre aux présidents des groupes UMP et PS : en capitaine d’abord, en chef de guerre ensuite. Une bouffée d’oxygène bienvenue, mais qui ne suffit pas à couvrir les perfidies les députés de la majorité.

Fâché depuis le report sine die de leur proposition de loi sur le financement des partis, les élus du Nouveau Centre ont hier dénoncé le «manque de cohérence et de lisibilité de la politique gouvernementale» et réclamé à François Fillon de venir devant leur groupe faire le point mardi prochain. L’ancien ministre de la Recherche, François Goulard, n’est pas plus tendre : «Fillon a l’impopularité d’un Premier ministre alors qu’il n’en exerce pas la fonction», dit le député maire de Vannes. «Ce n’est pas sain que le Premier ministre soit aussi absent. Son effacement explique en partie le malaise de la majorité : le Parlement manque d’un interlocuteur.» Sous couvert de prendre acte de la redéfinition des rôles au sein de l’exécutif, le député de Paris Claude Goasguen tacle à son tour : «Aujourd’hui, le Président est en première ligne et le soutier, c’est le Premier ministre». Mais c’est au secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian que revient la palme de la vacherie : «Le Premier ministre doit être l’animateur du Parlement, l’interface entre l’exécutif et le Parlement

Hier devant le groupe UMP de l’Assemblée nationale, l’«interface» Fillon a durci le ton. Rappelant aux élus de la majorité que le mois de novembre n’est jamais «facile» socialement, il a invité chacun à faire preuve de «très grande solidarité avec le gouvernement». «Il va falloir attacher vos ceintures», les a-t-il exhortés. Et la boucler ?

Bernard Kouchner, après les infirmières bulgares, s’est retrouvé à la fois mis en cause par ses anciens camarades socialistes et marginalisé par l’Elysée dans l’affaire des pieds nickelés humanitaires de l’Arche de Zoé. En déplacement en Asie au plus fort de la polémique, l’ex-French doctor s’est montré des plus réticents à s’exprimer sur ce qu’il a fini par qualifier d’«humanitaire dévoyé». Il y a quelques jours, Fillon a demandé une enquête des ministères des Affaires étrangères et de la Défense pour comprendre comment l’Arche de Zoé avait pu tromper leur vigilance dans un pays, le Tchad, très proche de la France. Face à l’ampleur prise par l’affaire, c’est une fois de plus Sarkozy qui est monté au front en se rendant, dimanche, à N’Djamena, pour ramener les trois journalistes français et les hôtesses espagnoles.

Hervé Morin, le ministre de la Défense, vit lui un rêve en sachant que le réveil finira par sonner. Récompensé pour avoir lâché Bayrou, l’ancien numéro 2 de l’UDF ne se fait pas d’illusion sur ses marges de manœuvres. Ni sur la durée du bail. Cet été, il parlait d’un remaniement au printemps, dont il n’excluait pas d’être la victime.

Traditionnellement, le chef de l’Etat joue un rôle déterminant en matière de défense. C’est encore le cas, avec Cécile Fontaine, jeune conseillère à l’Elysée en deus ex machina. Du coup, Hervé Morin s’investit beaucoup dans son parti, le Nouveau Centre, et dans les courses de chevaux, sa vraie passion. Comme ministre de la Défense, il bénéficie toutefois du fait que Nicolas Sarkozy ne s’intéresse guère aux affaires militaires.

Michèle Alliot-Marie a beau se démener sur le chapitre des chiens dangereux ou de la sécurité des manèges, Nicolas Sarkozy demeure le premier flic de France. C’est lui qui donne le la en matière de sécurité intérieure, véritable chasse gardée de l’Elysée et de ses hommes de confiance que sont le préfet de police, Michel Gaudin et le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard. Le président de la République se comporte d’ailleurs comme s’il était toujours le locataire de la place Beauvau : le 15 novembre, il réunira à la Défense 1 800 gendarmes et policiers afin de présenter ses «grandes orientations pour la sécurité».

Christine Lagarde,sous ses airs de femme qui assure, imperturbable en toutes circonstances, a quelques failles. Elle l’a encore prouvé ce week-end, en suggérant aux Français, pour économiser le carburant, de reprendre leur vélo ! Qu’elle vienne «essayer de tirer une charrue ou un semoir à céréales avec un vélib’de la ville de Paris, s’est gaussée la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA).

En août déjà, c’est sous la pression de Sarkozy qu’elle avait écourté ses vacances afin de rassurer des Français qui commençaient à s’inquiéter de la crise des subprimes venue des Etats-Unis. Et elle n’avait pas caché qu’elle aurait préféré rester au vert. Le 2 septembre, elle avait à peine parlé d’un «plan de rigueur» à propos des baisses d’effectifs dans la fonction publique qu’elle était aussitôt corrigée par le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéand, plus enclin à parler de «plan de revalorisation».

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article