Duel dans l'hémicycle

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Villepin riposte à Ayrault, Debré réplique à Sarkozy

par Sophie Huet et Bruno Jeudy
 
L'emploi provoque une passe d'armes dans l'hémicycle ; les institutions alimentent la querelle Debré-Sarkozy.

LA SESSION parlementaire a repris hier, marquée par une passe d'armes entre le premier ministre et le président du groupe socialiste.


Petit déjeuner «en paix» à Matignon. Comme tous les mardis matin, Dominique de Villepin accueille dans la salle à manger les chefs de la majorité. Chacun retrouve sa place autour de la table : Nicolas Sarkozy s'assoit en face du premier ministre. «On a parlé de tout, du logement, des droits d'auteur, de l'emploi, dans une ambiance de paix», résume un participant. «On a parlé de tout sauf du sujet qui fâche : les propositions institutionnelles de Nicolas Sarkozy», corrige un autre. Pas question donc en ce jour de rentrée parlementaire de rompre la fragile «paix armée» qui prévaut entre les deux présidentiables de l'UMP.


Debré et le «monarque absolu». A l'hôtel de Lassay, c'est jour de voeux pour le président de l'Assemblée nationale. Les journalistes attendent la riposte de Jean-Louis Debré après les propositions du président de l'UMP qui veut amender la Constitution de la Ve République. Ils ne seront pas déçus. Sans citer nommément Nicolas Sarkozy, le député de l'Eure lâche : «Il y a ceux qui sont obsédés par l'idée de rupture, qui veulent retrouver un système que le cardinal Richelieu appelait «le principat» : un monarque absolu et un principal ministre, simple secrétaire exécutant des volontés d'un prince tout-puissant.» Pour le fils de Michel Debré, père de la Constitution de 1958, il n'est pas question de changer de République. «N'oublions jamais que la grande force des institutions de la Ve est de pouvoir donner deux lectures différentes, l'une présidentielle, l'autre parlementaire.»


Très remonté contre Sarkozy, Debré assure même ne pas avoir été invité au meeting que doit tenir demain le président de l'UMP dans son département de l'Eure. Dans l'après-midi, le sarkozyste Yves Jégo dénonce «le coup bas» du président de l'Assemblée.


Accoyer contre un «21 avril à l'envers». Le président du groupe UMP à l'Assemblée Bernard Accoyer, lui, se veut consensuel. Et, à l'heure des voeux d'une année pré-électorale, il prédit : «Ce sera rock n'roll». Entouré de ses deux vice-présidents, Jean Leonetti et Marc Laffineur, il cite quatre fois le chef de l'Etat, deux fois le premier ministre et une seule fois le président de l'UMP. «Je resterai toujours chiraquien, c'est la vérité», assure Accoyer, qui appelle une nouvelle fois à «la cohésion et l'unité de la majorité». «Le passé nous a enseigné les risques des pré-campagnes électorales», met-il en garde, n'excluant pas «le risque d'une réplique à l'envers du 21 avril (2002) qui exclurait cette fois-ci du second tour le candidat de la droite». Autour d'un buffet de grillades, Jean Leonetti ne cache plus sa préférence : «Villepin ne va pas se «raffariniser». C'est un présidentiable crédible. Que cela plaise ou non, il y a deux candidats à la présidentielle à l'UMP.»


Villepin et Sarkozy font leur numéro de charme. Un peu plus tôt, devant le bureau du groupe UMP, le président de l'UMP n'y va pas par quatre chemins et présente ainsi l'année qui s'ouvre. Tout en se félicitant de «la bonne ambiance entre le gouvernement et l'UMP», il prévient : «Il est légitime qu'il y ait de l'émulation et de la concurrence entre les hommes.» Devant l'ensemble des députés, Dominique de Villepin mobilise les parlementaires autour de la deuxième étape du plan emploi. «Il a fait l'unanimité», raconte l'élu de la Drôme, Hervé Mariton. A droite, les critiques viennent sans surprise de l'UDF. François Bayrou tire à boulets rouges sur les mesures Villepin : «Peu à peu, on introduit l'idée qu'on ne pourra trouver de l'emploi qu'à travers la précarité.»


Ayrault et le «troubadour du modèle social». Dans l'hémicycle, il y a une «sacrée ambiance», selon le mot de Jean-Louis Debré, à la séance de rentrée des questions d'actualité. Le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a la formule du jour : «Vous qui vous présentez comme le troubadour du modèle social français, vous êtes en train de le jeter aux orties», lance-t-il au premier ministre. «Le contrat à durée indéterminée est mort. Vous l'avez tué [...]. Désormais, les salariés sont à l'essai permanent.» Dans sa réponse, Villepin dresse d'abord son propre bilan en rappelant ses premiers résultats contre le chômage. «Le contrat première embauche offre un véritable parcours d'embauche, un véritable contrat à durée indéterminée», plaide le chef du gouvernement. Puis, il pointe du doigt le député-maire de Nantes : «Pouvez-vous me dire en me regardant dans les yeux que ce contrat première embauche n'est pas un progrès ?» Et d'ajouter : «Vos yeux n'arrivent pas à dire ce que dit votre bouche.»

Sources: LEFIGARO

Posté par Adriana Evangelizt

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Publié dans Villepin Sarkhozy

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E
Il faut en finir avec le marasme économique et politique. Le Président Chirac doit partir s'il lui reste un peu de dignité : pour éviter des crises sociales et économiques majeures à venir et redonner un élan à la France
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