Le «Non» irlandais brise l'élan européen de Nicolas Sarkozy
Ils veulent forcer l'Irlande à revoter. On n'est même pas libre de faire ce que l'on veut dans son pays.
Le «Non» irlandais brise l'élan européen de Nicolas Sarkozy
Ça ne pouvait pas plus mal commencer pour la présidence française de l’Union européenne. A deux semaines de prendre les rênes de l’Europe, la France doit faire face aux conséquences du probable non irlandais.
Nicolas Sarkozy avait de grandes ambitions pour ces six mois de présidence. Le Président souhaitait faire avancer l’Europe sur plusieurs grands dossiers: la défense, l’immigration, l’énergie et l’environnement.
Une présidence de l'Europe affaiblie
Mais le non irlandais (pas encore officialisé) est passé par là: «La présidence sera obligée de se concentrer sur des sujets institutionnels et donc laisser de côté les sujets politiques», pronostique Fabio Liberti, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques.
Le député européen UMP Alain Lamassoure, interrogé par 20minutes.fr, veut quand même y croire. «Certes, le non irlandais va assombrir le climat européen, mais les sujets avancés par Sarkozy ne devraient pas être compromis. On peut travailler avec le Traité de Nice qui reste en vigueur».
Un revers personnel pour le chef de l’Etat?
Nicolas Sarkozy va aussi devoir affronter les critiques de la gauche qui ne manquera pas de l’accuser d’être en partie responsable de ce nouveau fiasco. Le Traité de Lisbonne en 2007, c’était son premier fait d’armes en tant que président.
Marie-Noëlle Lienemann, députée européenne PS, militante farouche du non, estime que «cette histoire de mini-Traité était un leurre, on voit bien qu’il génère les mêmes réactions que la Constitution», rejetée en France lors du référendum de mai 2005. Son collègue Benoit Hamon, interrogé par 20minutes.fr, estime que «Sarkozy ressemble beaucoup à ces dirigeants européens qui pensent que l'Europe peut se construire dans le dos des citoyens».
«Cela peut être perçu comme un revers personnel, mais bien à tort, tempère Jean-Louis Bourlanges, ancien député européen centriste. En proposant ce Traité, Sarkozy poursuivait deux objectifs: restaurer la place de la France dans l’UE et relancer l’Europe. Le premier objectif reste rempli.»
Le recours Merkel
Le Président français peut-il une nouvelle fois jouer le rôle de pompier de l’Europe? Alain Lamassoure estime que ce n’est pas son rôle: «La solution doit être proposée par le pays qui crée le problème. Ce sont les Français, responsables de la crise de 2005, qui ont poussé le traité de Lisbonne. La balle est dans le camp des Irlandais».
Pour Jean-Louis Bourlanges, «la France, qui avait voté non en 2005, est mal placée pour exercer des pressions sur l’Irlande». Nicolas Sarkozy semble ainsi s’appuyer sur l’Allemagne et l’autorité incontestée d’Angela Merkel. Les deux dirigeants ont annoncé qu’ils proposeraient une initiative commune pour répondre au problème irlandais.
«Angela Merkel a le sens de la hiérarchie. Elle ne cherchera pas à s’imposer médiatiquement à la place de Nicolas Sarkozy, mais elle devrait comme pour le Traité de Lisbonne jouer un rôle capital en coulisses», conclut Jean-Louis Bourlanges.
Vincent Glad
Sources 20 MN
Posté par Adriana Evangelizt