Dominique de Villepin fait la sourde oreille
Alors la grosse excuse que ces messieurs invoquent : "La loi a été votée, la loi doit donc s'appliquer." Nous a-t-on demandé notre avis pour voter cette loi bidon ? D'autre part, je me permettrai d'ajouter que la loi n'est pas la même pour tout le monde. On l'a vu pour les HLM de Paris. Les voyous en col blanc de la politique votent des lois qui vont dans leur sens et pour protéger leurs intérêts avant tout. Quant au peuple, on voit comment il est respecté. Une honte.
Dominique de Villepin fait la sourde oreille
par Nathalie Schuck
Le "dialogue", pas le retrait. Plus que jamais sous pression après le succès de la mobilisation-test de samedi et l'ultimatum fixé à lundi par les syndicats pour le retrait du CPE, le gouvernement campe sur ses positions et persiste à tendre une main que tous refusent en bloc. Déterminés, les syndicats menacent de passer à la vitesse supérieure et brandissent le spectre d'une journée de grève.
Interpellé par 500.000 à 1,5 million de personnes samedi, Dominique de Villepin est resté muet tout le week-end. Il pourrait avoir l'occasion de défendre son projet dès lundi puisqu'il doit, selon le "Journal du dimanche", rencontrer dans la matinée des chefs d'entreprise sur l'accès des jeunes à l'emploi, puis s'entretenir dans l'après-midi à Matignon avec de jeunes manifestants hostiles au contrat première embauche.
Mais pas question de retrait: si à Matignon c'est silence radio, les ministres intervenus ce week-end ont redit que le gouvernement n'entendait pas bouger de la ligne qu'il suit depuis dimanche dernier. Le Premier ministre avait alors proposé de négocier des "garanties" au CPE. "Nous allons continuer d'avoir la main tendue", a expliqué dimanche sur LCI le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé. "Il faut pouvoir dialoguer. Pour pouvoir dialoguer, il faut se parler", a-t-il dit, affirmant "comprend(re) que beaucoup soient inquiets".
Confiant, le ministre délégué à l'Enseignement supérieur François Goulard s'est dit "persuadé" dimanche que "des organisations" sont prêtes à "discuter" avec le gouvernement sur des "améliorations". Il a suggéré qu'une "négociation de branches" pourrait "par exemple aboutir à un accord" pour "réduire le délai" de deux ans durant lequel le jeune peut être licencié. Et de juger "irréaliste" la position de ceux qui font du retrait du CPE un préalable à toute discussion.
"Nous avons écouté" les anti-CPE et "nous voulons les entendre" mais "ne rien faire, différer, retirer, c'est ce qu'il y a de pire", a estimé le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres sur Europe-1, récusant tout ultimatum "pas républicain". "La loi a été votée, la loi doit donc s'appliquer", martèle le chef des députés UMP Bernard Accoyer dans un entretien aux "Echos" de lundi.
Une détermination de la majorité qui se ressent dans les sondages. Selon une enquête BVA pour "La Dépêche du Midi", 60% des Français souhaitent le retrait du CPE, dont 68% des 15-24 ans. Mais ils sont pourtant 63% à estimer que Dominique de Villepin va le maintenir. Petit signe positif pour Matignon, les sondés sont partagés sur la sortie de crise, selon un sondage LH2 pour "Libération": 38% plaident pour des aménagements au CPE, contre 35% qui réclament le retrait pur et simple.
Au-delà du CPE, c'est l'avenir de Dominique de Villepin à l'aube de 2007 qui semble se jouer. Selon LH2, il apparaît démonétisé puisque 57% ne lui font plus confiance pour mener d'autres réformes, dont 75% des 15-24 ans. Seuls 66% des partisans de l'UMP lui accordent encore du crédit. Selon un sondage Ifop pour le "JDD", sa popularité chute de six points en mars à 37%.
Alors que s'ouvre une semaine de tous les risques, c'est donc un dialogue de sourds qui s'est noué entre la majorité et l'intersyndicale lycéens-étudiants-salariés. Celle-ci a rendez-vous lundi pour décider des suites à donner au mouvement, au terme de l'ultimatum fixé au gouvernement. Déjà, CGT, FO et FSU menacent d'une grève nationale.
"Il est envisageable, si le gouvernement persiste, de travailler dans l'unité à une journée d'arrêt de travail nationale", a prévenu dimanche le patron de la CGT, Bernard Thibault. Ce serait "un nouvel accélérateur", a renchéri son homologue de FO, Jean-Claude Mailly. "On ne dialogue pas sur le CPE. On retire le CPE et on ouvre des négociations", a martelé samedi le N1 de la CFDT, François Chérèque.
Un message relayé par la gauche. "La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. S'il s'entête, s'il reste sourd et aveugle, nous irons vers un blocage de plus en plus fort", a sermonné Laurent Fabius (PS) dimanche. "Il faut qu'il y ait le retrait du CPE" puis "un dialogue", avait plaidé samedi le Premier secrétaire du PS, François Hollande, partisan "d'états généraux de la jeunesse".
En attendant, les regards se tournent vers Jacques Chirac, déjà intervenu trois fois cette semaine. Samedi, l'intersyndicale en a appelé directement au président pour qu'il ne promulgue pas la loi sur l'égalité des chances créant le CPE.
"Dans la dernière année d'exercice de son mandat, on ne prend pas la responsabilité de passer en force, d'être devant un drame", l'a averti dimanche le porte-parole du PS, Julien Dray. "Cette montée de la tension est dangereuse pour la France. On prend le risque d'un accident social", redoute le président de l'UDF François Bayrou dans "La Croix" publiée lundi.
Sources : LE NOUVEL OBSERVATEUR
Posté par Adriana Evangelizt