L'élysée écarte tout remaniement ministériel
L'Elysée a écarté samedi toute perspective de remaniement gouvernemental alors que les spéculations font rage sur la capacité de Dominique de Villepin, dont l'autorité est minée par l'affaire Clearstream, à rester à Matignon.
"Il n'est pas question d'un remaniement" gouvernemental, a assuré samedi à l'AFP l'entourage de Jacques Chirac, soulignant que le chef de l'Etat faisait "une confiance pleine et entière" au Premier ministre et à son gouvernement pour continuer à conduire les affaires du pays.
Un ministre fait la même analyse: "le président soutient le chef du gouvernement". Mais, dénonce-t-il, "il existe un mécanisme de manipulation de l'opinion pour continuer d'affaiblir Dominique de Villepin. C'est du lynchage". La mise au point élyséenne vise à stopper les spéculations qui s'amplifient sur un départ de Dominique de Villepin, englué dans la ténébreuse affaire Clearstream.
François Hollande a déclaré pour sa part samedi à Bordeaux que le président Jacques Chirac devait "changer de gouvernement", les développements de l'affaire Clearstream posant "un problème de morale politique". A son arrivée aux Etats généraux du PS consacrés à l'emploi et à la croissance, le numéro un socialiste a lancé: "le président doit maintenant parler". "A mon avis, il doit changer de gouvernement, ce n'est plus possible de rester avec Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie qui se suspectent mutuellement", a ajouté M. Hollande.
Aux yeux du premier secrétaire socialiste, M. Chirac doit "envisager de terminer son mandat dans la sérénité. Il sera temps, en 2007, de changer de président, de majorité et de moeurs, car aujourd'hui, c'est un problème de morale politique". Il n'est plus possible d'être dans ce "feuilleton", selon M. Hollande. "Que ceux qui sont au sommet de l'Etat en terminent avec la situation qu'ils ont eux-mêmes créée". Dans l'entourage du Premier ministre, on assure par ailleurs que ce dernier ne veut pas entendre parler de remaniement car "cela reviendrait à désigner des boucs émissaires".
Très complexe, le dossier, devenu affaire d'Etat, part d'une dénonciation calomnieuse par laquelle des politiques, dont Nicolas Sarkozy, ont été faussement accusés par un "corbeau" de détenir des comptes à l'étranger, via la société financière luxembourgeoise Clearstream. Le soutien réaffirmé de M. Chirac pourrait donner un peu d'oxygène au Premier ministre, à l'issue d'une semaine éprouvante qui l'a vu se défendre pied à pied face aux "révélations" de presse, qualifiées par l'Elysée et Matignon de "feuilletons médiatiques".
Dans les milieux gouvernementaux, on se demande toutefois combien de temps M. de Villepin pourra résister à la pression, alors que la gauche martèle des appels au changement de gouvernement. Le chef de l'Etat n'aime pas réagir à chaud, sous la pression. Il l'a montré en gardant Jean-Pierre Raffarin, son précédent Premier ministre, après les lourdes défaites aux élections régionales et européennes, ou en tenant le plus longtemps possible sur le CPE.
Mais comment ne pas y penser si les records d'impopularité de M. de Villepin devaient entraîner M. Chirac vers le bas, comme le montrent les sondages? Ou si l'affaire Clearstream rendait inaudible l'action du chef du gouvernement, alors que le président, qui a entamé vendredi la dernière année de son quinquennat, est soucieux que celle-ci soit "utile"?
Les consultations vont tous azimuts. Avec le numéro deux du gouvernement, Nicolas Sarkozy, au centre des grandes manoeuvres. Samedi, le président de l'UMP a été reçu pendant "une bonne heure" par M. de Villepin pour une discussion qui a notamment porté sur Clearstream. La veille, M. Sarkozy s'était longuement entretenu avec Jacques Chirac à l'Elysée.
Si rien n'a officiellement filtré de leur discussion, Le Monde de dimanche-lundi affirme que le président a proposé à son ministre de l'Intérieur d'"aller à Matignon pour finir le quinquennat". Hypothèse jusqu'à présent écartée par les sarkozystes qui craignent un "cadeau empoisonné" risquant de faire trébucher leur champion dans sa route vers l'Elysée.
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt