Voeux de l'Union Juive Française pour la Paix
Et oui... ceux qui aiment au moins la vraie justice pourront compter sur nous...
TOUS NOS VŒUX POUR L’ANNÉE 2007
L’asphyxie de la Bande de Gaza continue, la colonisation israélienne en Cisjordanie aussi, tout comme le tramway qui entérine un peu plus l’annexion de Jérusalem-Est, sans parler du Mur qui, lui aussi, continue à annexer de fait les principaux blocs de colonies à l’est de la Ligne Verte. Si la situation en Palestine vous désespère, aussi bien de changer de décor et jeter un coup d’œil ailleurs. En Irak, par exemple. Le pays s'est réveillé le jour de la fête d’Aïd el-Kébir avec Saddam Hussein dans un cercueil, mais les attentats meurtriers continuent, sous fond d’occupation américano-britannique. Encore désespéré ? On peut alors regarder du côté de la Russie. Vladimir Poutine essaie de rassurer tant bien que mal l’Union européenne à l’heure de l’incertitude quant aux livraisons de gaz. Pendant ce temps, il continue de sévir en Tchéchénie en toute impunité car les préoccupations des dirigeants européens sont manifestement ailleurs. Regardons alors du côté africain. En Somalie, les forces gouvernementales et éthiopiennes (avec leurs soutiens étrangers ?) semblent êtes venues au bout des combattants des Tribunaux islamiques, chassés de Mogadiscio. Reste le véritable défi, celui de la sécurité et le développement pour ce pays, meurtri par des seigneurs de guerre de tout acabit. Un peu plus vers l’ouest, la population du Darfour continue à subir un véritable génocide dans un silence quasi total (400 000 civils massacrés par les milices à la solde du régime soudanais). Mais rassurez-vous, la France ne reste pas les bras croisés ! Elle expédie son armée pour protéger… ses amis au pouvoir au Tchad et en République centrafricaine voisines, sans parler de la protection de ses intérêts, par troupes interposées, en Côte d’Ivoire. Pendant ce temps, l’Africain Koffi Annan cède son fauteuil de Secrétaire général de l’ONU à l’Asiatique Ban Ki-moon. C’est justement sur ce vaste continent que les Indonésiens (principales victimes du tsunami il y a deux ans) pleurent encore leurs morts suite à des inondations ravageuses. Cette catastrophe naturelle, une de plus, est partiellement attribuable aux changements climatiques entraînés par le réchauffement de la planète qui, lui, n’a rien de naturel. Allons, assez de ce tour d’horizon funeste en guise de revue des faits marquants de l’année 2006 ! Car on peut compter sur au moins une bonne nouvelle en 2007 : nous. L’UJFP, bien entendu, mais dans un sens beaucoup plus large l’ensemble des forces pacifistes, anticolonialistes, altermondialistes et de gauche qui luttent pour un monde meilleur, ici et là-bas. C’est peut-être une mince consolation, mais puisque ce sont les hommes et les femmes qui déterminent l’avenir du monde, nous sommes là pour relever le défi. Espérons qu’en 2007, ce seront des forces du progrès qui marqueront des points, traçant la voie vers une sortie de crise en faveur des plus démunis, victimes de la politique ultralibérale des riches et puissants de ce monde.
5 JANVIER : LE MONDE MODERNE ET LA QUESTION JUIVE
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C’est le titre du dernier livre de notre ami Edgar Morin, sociologue et universitaire. C’est également le thème de la prochaine conférence publique de l’UJFP, qui aura lieu
vendredi le 5 janvier à 20h30
au FIAP, 30 rue Cabanis,
75014 Paris (M° Glacière).
P.A.F. : 3 euros.
Dans cet ouvrage, Edgar Morin revient sur l’histoire juive depuis l’antiquité jusqu’au 20ème siècle : de l’antijudaïsme chrétien aux osmoses culturelles, du marranisme à l’émancipation, de l’antisémitisme au sionisme. Pour citer Morin : « Au terme de cet essai, il a fallu considérer la tragédie provoquée par le nazisme, d’où est né l’État d’Israël, et où la notion de juif prend une nouvelle signification. Par malheur, l’implantation d’Israël en terre islamique a créé une nouvelle tragédie d’ampleur planétaire. » Pour Morin, l’identité juive ne peut être qu’impure, faite d’une histoire (le passé) et d’un partage (le présent). Compte tenu de cet aspect de la condition juive contemporaine, à la fois dévastateur et incontournable, nous associons à cette soirée nos amis de la GUPS (Union générale des étudiants palestiniens en France). Car des jeunes Palestiniens qui suivent leurs études en France sont en mesure de parler de la condition de leur peuple et de leur regard sur les Israéliens qui les colonisent. Layla Damiri, présidente de la GUPS (section Paris) accompagnera Edgar Morin à la tribune, aux côtés de Frank Eskenazi, Rédacteur en chef de la revue De l’Autre Côté et porte-parole de l’UJFP. Il s’agit de mettre en commun, ici, en France, les conditions d’un « vivre ensemble » quand la séparation, chez nous aussi, fait l’affaire de tous. Le Monde moderne et la question juive, Edgar Morin, Seuil, 264 pages, 12,00 €.
ISRAËL, OU LA SHOAH COME ALIBI
C’est le titre d’un article qui a paru dans le quotidien israélien Ha’aretz (centre-gauche) le 22 décembre 2006. Écrit par Dror Etkes, un des dirigeants israéliens de La Paix Maintenant et responsable de l’Observatoire de la colonisation, ce texte commente la conférence négationniste du président iranien Mamoud Ahmadinejad, tenue à Téhéran début décembre. Hormis une condamnation unanime dans la société israélienne de ce que Etkes décrit comme une « comédie de l’absurde initiée par le régime iranien », il pose un problème « plus crucial à savoir le lien entre l’identité israélienne contemporaine et l’Holocauste ». Etkes souligne : « Bien que l’Holocauste soit un événement majeur de l’histoire contemporaine de l’Occident et qu’il ait acquis une signification propre à l’échelle de l’humanité, il continue, plus de 60 ans après, à servir d’alibi à Israël dans ses choix politiques déviants. » Ce dirigeant pacifiste israélien conclut : « Il n’y a pas – il n’a jamais eu – aucune raison d’utiliser la Shoah pour justifier la politique mise en œuvre depuis 40 années maintenant dans les territoires palestiniens. » Il continue en décrivant l’instrumentalisation cynique du génocide hitlérien par le pouvoir israélien, à droite comme à gauche. Sans oublier que les « dizaines de milliers de survivants qui ont connu le génocide dans leur chair gravé par les Nazis (…) vivent ici dans des conditions honteuses et au-dessous du seuil de pauvreté. » Dans son article, Etkes parle également du détournement de « l’argent des Réparations (payés par l’Allemagne) au détriment des centaines de milliers de survivants – et de façon criminelle en négligeant bon nombre d’entre eux ». Il conclut que si, pour Téhéran, « c’est l’Holocauste qui est la seule justification du projet sioniste aujourd’hui, alors le moment est venu en effet pour une révision radicale du concept du sionisme. » Sans souscrire à l’ensemble du contenu de cet article, ni à l’ensemble des positions défendues par La Paix Maintenant, nous trouvons cet article révélateur et pertinent. Ainsi, nous le reproduisons ci-dessous dans son intégralité. Merci à D. Hachilif pour la traduction (le texte en français a d’abord paru sur le site EuroPalestine le 23/12/06).
Richard WAGMAN
Pour l’UJFP Ile-de-France
Union juive française pour la paix (UJFP)
21 ter, rue Voltaire
75011 PARIS
Tél. national : 06 33 95 29 97
Tél. Ile-de-France : 01 42 02 59 76
Site : www.ujfp.org
"ISRAËL OU LA SHOAH COMME ALIBI"
PAR DROR ETKES
(Dror Etkes est un des dirigeants israéliens de La Paix Maintenant et responsable de l'Observatoire de la colonisation)
Paru dans Ha’aretz (article daté du 22 décembre 2006 et traduit en français par D.Hachilif).
"Le rideau est tombé sur la comédie de l’absurde initiée par le régime iranien la semaine dernière - un événement qui a assemblé des figures marginales parmi les négationistes de la Shoah et des chercheurs « alternatifs ».
En Israel la conférence a été couverte avec emphase concernant les déclarations des participants et les réactions des politiciens israéliens. Il est vrai que derrière la conférence internationale se tenait un pays qui déclare son désir de provoquer la chute « du régime sioniste » - mais au delà se pose un problème plus crucial à savoir le lien entre l’identité israélienne contemporaine et l’Holocauste.
« Si l’Holocauste est mis en doute, alors l’identité du régime sioniste sera de facto remise en cause ». Par ces mots prononcés à la session d’ouverture par le ministre des affaires étrangères iranien Manouchehr Mottaki, on voit que le régime iranien a correctement identifié les liens étroits qui unissent en Israel, l’holocauste et la politique locale. Bien que l’Holocauste soit un événement majeur de l’histoire contemporaine de l’Occident et qu’il ait acquis une signification propre à l’échelle de l’humanité, il continue, plus de 60 ans après, à servir d’alibi à Israel dans ses choix politiques déviants.
De droite comme de gauche y compris leurs ramifications extrêmes, les politiciens israéliens continuent à se servir de l’Holocauste de façon cynique et éhontée. Bien qu’il existe un lien considérable et complexe entre l’Holocauste et la culture politique israélienne, il n’y a pas - il n’a jamais eu - aucune raison d’utiliser la Shoah pour justifier la politique mise en œuvre depuis 40 années maintenant dans les territoires palestiniens.
L’attitude (cynique) des politiques israéliens envers l’Holocauste ne découle pas vraiment de la manière dont il faut répondre aux déclarations incendiaires du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad et ses propagandistes, qui s’adressent surtout à leur public.
L’instrumentalisation de l’Holocauste peut se lire dans le comportement des politiciens israeliens envers les dizaines de milliers de survivants qui ont connu le génocide dans leur chair gravé par les Nazis à l’eau forte et dans leurs esprits et qui vivent ici dans des conditions honteuses et au-dessous du seuil de pauvreté.
Cependant, la prise en charge des survivants apparemment est moins payante pour les politiciens qui cherchent à faire l’unanimité que le culte des morts. De ce fait, comme il a été récemment publié dans Haaretz, l’Etat continue à détourner l’argent des Réparations (payés par l’Allemagne) au détriment des centaines de milliers de survivants - et de façon criminelle en négligeant bon nombre d’entre eux.
L’utilisation primaire que fait le régime iranien de l’Holocauste n’est rien d’autre qu’une image en miroir de l’instrumentalisation de ce drame dans la vie politique en Israël. Un des objectifs de la campagne iranienne « pour rechercher la vérité historique » entourant l’Holocauste est de mettre à nu le système des justifications que la politique israélienne a été habituée -systématiquement et trop fréquemment- à employer contre toute critique de ses politiques, comme étant localement et/ou à l’étranger de l’antisémitisme.
Ainsi le rôle de l’holocauste comme justification unique pour l’existence d’Israel est mis à mal, alors qu’il faudrait mettre l’accent aujourd’hui sur le fait que plus de 7 millions de personnes d’origines et des nationalités diverses vivent dans ce pays - un endroit qui est dans la plupart des cas leur seul foyer possible.
Si le ministre des affaires étrangères iranien dit vrai et si c’est l’Holocauste qui est la seule justification du projet sioniste aujourd’hui, alors le moment est venu en effet pour une révision radicale du concept du sionisme. Et il serait bon que cela soit entrepris avant qu’Ahmadinejad et ses associés ultra-Orthodoxes de Brooklyn ne lancent une nouvelle initiative. "
Dror Etkes HAARETZ 22/12/2006
(paru sur le site EuroPalestine)
Posté par Adriana Evangelizt