BUDGET 2005 COMPROMIS
Article posé pour les politiques... ce texte nous a semblé clair et intéressant... que chaque "parti" puisse (peut-être) en tirer des leçons si leçon il y a...
Ces chiffres confidentiels qui compromettent le budget 2005
par Daniel Martin
d'après article du Monde du 06/04/2004 http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-359990,0.html Le Monde publie les chiffres officieux du ministère des finances sur le déficit et la dette de la France en 2004, 2005, 2006 et 2007. Voici ce qu'on apprend dans cet article.
Le déficit
§ En 2003, pour échapper à de lourdes sanctions financières, la France avait promis à la Commission européenne de cesser de violer le pacte de stabilité, en ramenant ses déficits publics de 4,1% du PIB en 2003 à 3,6% en 2004, 2,9% en 2005, 2,2% en 2006 et 1,5% en 2007. Elle a promis que fin 2005 elle respecterait le critère du traité de Maastricht qui interdit aux pays de l'Union européenne des déficits supérieurs à 3% du PIB.
§ Selon Le Monde, le ministère des finances prévoyait en janvier 2004 un déficit de 4,1% du PIB en 2004 et 4% en 2005, en violation flagrante des engagements européens pris en 2003 et confirmés le 3 avril 2004 au conseil Ecofin de Punchestown, en Irlande, par le nouveau ministre, M. Sarkozy.
§ Les chiffres officieux du ministère n'intègrent pas, pour un PIB d'environ 1500 milliards d'euros:
· Le coût financier des mesures nouvelles annoncées par Jacques Chirac, le 1er avril, pour tenter de calmer la grogne sociale, de l'ordre de 1 milliard d'euros.
· Les allègements de charges promis aux restaurateurs (1,5 milliards d'euros) et la suppression de la taxe professionnelle sur les nouveaux investissements (au moins 2,5 milliards d'euros), en tout environ 0,25% du PIB.
· Les nouvelles baisses d'impôts prévues pour 2005.
· Une éventuelle revalorisation du traitement des fonctionnaires et assimilés, qui manifestent ces temps-ci à l'initiative de leurs syndicats.
· Le coût éventuel, pour le budget, du déficit de l'assurance maladie, dont le déficit cumulé 2002-2004 atteint 30 milliards d'euros.
La dette
§ La dette de la France pourrait atteindre 67% du PIB en 2005, alors qu'elle n'était que de 63% du PIB en 2003, 56,8% en 2001 et 40% en 1992. A ce propos, il faut savoir que:
· Les règles de l'Union européenne interdisent à un pays d'avoir une dette de plus de 60% du PIB.
· La France s'est engagée à ce que sa dette ne dépasse pas 63,2% du PIB en 2005, diminue en 2006 et soit ramenée en 2007 sous la limite de 60%: ces engagements n'ont aucune chance d'être respectés.
· La dette actuelle de la France est voisine de 1000 milliards d'euros, c'est-à-dire 16.000 euros pas Français. Les intérêts sur cette somme coûtent au budget 40 milliards d'euros par an (660 euros par an pour chaque Français): c'est le deuxième budget civil de l'Etat après l'Education nationale.
§ Ces prévisions, déjà inquiétantes en elles-mêmes, sont basées sur des hypothèses de croissance de 1,7% en 2004 et 2,5% après. Si la croissance est inférieure, le déficit augmentera encore plus. Si elle est supérieure, il y a un risque d'accroissement des taux d'intérêt de la Banque Centrale Européenne, qui alourdirait les intérêts.
Conclusions
Si les chiffres publiés par Le Monde, très vraisemblables, s'avèrent exacts, le seul moyen de respecter à la fois les promesses du Président de la République aux Français et de la France à l'Union européenne est de diminuer sensiblement les dépenses de l'Etat si, comme c'est probable, la croissance sera modeste.
A ce propos, il faut savoir que le départ en retraite d'un fonctionnaire ne diminue son coût pour l'Etat de manière appréciable qu'au bout d'une vingtaine d'années, parce que les retraites payées sont assez voisines des traitements de fin de carrière. Donc même si l'Etat omet de remplacer quelques milliers de fonctionnaires qui partent en retraite d'ici 2006, l'effet sur le déficit sera modeste.
Les seules variables d'ajustement à court terme dont dispose l'Etat sont:
§ La plus impopulaire qui soit, la baisse des transferts sociaux: allocations diverses, subventions, etc., exactement ce qui a fait perdre les élections régionales à la droite. Le gouvernement n'ira certainement pas loin dans cette direction.
§ L'annulation ou le gel de crédits en cours ou en fin d'année, bricolage comptable qui ne marche que quelques mois.
§ La privatisation d'entreprises publiques, dont la liste n'est pas infinie et la vente de titres n'est possible qu'en période faste de la bourse. C'est là une vente de capital pour payer les dépenses courantes, une mesure désespérée.
On peut donc prévoir que la France ne respectera pas ses engagements de déficit et de dette vis-à-vis de l'Union européenne et sera lourdement sanctionnée, ces sanctions financières s'ajoutant alors à sa dette. Et un jour la génération suivante devra rembourser cette dette, tout en payant nos retraites.
Il est ahurissant que le Chef de l'Etat et son gouvernement aient fait de telles promesses, dont la tenue relève de la quadrature du cercle et dont le caractère utopique apparaîtra bien avant les élections de 2007!
Dans les mois qui viennent, la pression des revendications sociales, impossibles à satisfaire sans aggravation du déficit, donnera au gouvernement une bonne occasion d'expliquer aux citoyens les vérités économiques qui empêchent leurs rêves sociaux de se réaliser... et ses promesses d'être tenues A ce jour, aucun gouvernement n'a eu le courage de le faire.
Peut-être les socialistes feront-ils l'erreur de proposer rapidement une politique économique alternative, pour qu'un débat national s'engage et permette d'en finir avec l'utopie du "toujours plus de moyens et de social".
Sources : le site de Daniel Martin MEDIA ET DEMOCRATIE
Posté par Adriana Evangelizt