Mondialisation : Védrine propose une nouvelle approche à Sarkozy
Mondialisation :
Védrine propose une nouvelle approche à Sarkozy
L'ancien ministre des Affaires étrangères a remis hier soir au chef de l'Etat son rapport sur « La France dans la mondialisation ». Il propose de changer de stratégie pour sortir du « consensus méfiant » qui domine dans l'Hexagone.
Hubert Védrine n'a pas flâné durant l'été. Chargé le 2 juillet par le président de la République, Nicolas Sarkozy, de la rédaction d'un rapport sur le « positionnement de la France et de l'Union européenne dans le monde globalisé », l'ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin lui a rendu ses conclusions hier soir. Mais il reconnaît lui-même que les analyses de qualité ne manquaient pas sur le sujet, citant parmi les toutes dernières, celles de Pascal Morand, en avril 2007, celle d'Hervé Gaymard (novembre 2006) ou celle de Michel Camdessus (2004).
Pourtant, rien ne change : il flotte toujours sur la France comme un « consensus méfiant » sur la mondialisation. Hubert Védrine est donc parti du constat qu'il est inutile de vouloir convaincre les Français des bienfaits de la globalisation de l'économie. Il est tout aussi persuadé que « pleurnicher sur le sort de la France » ne sert à rien. Pour lui, a-t-il confié aux « Echos », la bonne « posture » à adopter consiste à convaincre le pays que l'on a trouvé le bon « policy mix » entre une ouverture débridée des frontières et un repli protectionniste frileux. « Il s'agit de trouver le bon dosage entre adaptation à la nouvelle donne internationale, y compris par des réformes économiques et par un enseignement supérieur plus performant, et des mesures de protection. »
Il y a place, selon lui, pour des mesures ponctuelles et intelligentes de protection de l'économie et de l'industrie française et européenne. « Il suffit de regarder ce qui se fait aux Etats-Unis », conseille-t-il habilement. Bref de mener une « stratégie dynamique et offensive ».
Il suggère aussi au président - mais celui-ci n'en est-il pas déjà pleinement convaincu ? - que la France ne doit pas s'en remettre aux enceintes multilatérales. « C'est aux Etats membres de proposer des réformes. Il faut une volonté politique déterminée » vis-à-vis de l'Organisation mondiale du commerce comme de l'Union européenne.
Troisième volet de la stratégie proposée : la solidarité. Car, même si la France s'adapte mieux, même si l'on protège intelligemment l'économie, « il y aura toujours des laissés-pour-compte de la mondialisation : il faut à leur égard une prise en charge plus généreuse et plus rapide ».
Le deuxième grand chapitre du rapport porte sur la politique extérieure de la France. Pour défendre au mieux ses intérêts, doit-elle poursuivre la voie choisie depuis le début de la Ve République, ou bien se faire « européiste » ou « atlantiste » ? La première hypothèse n'est plus d'actualité, selon Hubert Védrine : les peuples ont rejeté l'intégration européenne et celle-ci « n'ira pas au-delà de ce que prévoit le traité simplifié ». Ce qui n'empêche nullement de s'engager dans de nouvelles politiques communes. Mais il n'y a nul besoin non plus de verser dans l'atlantisme, au nom d'une « sainte alliance occidentale » qui devrait se coaliser pour sauvegarder ses valeurs contre les pays émergents ou le terrorisme. « Il faut résister à ce mirage », conseille l'ancien ministre, auquel affirme-t-il, Nicolas Sarkozy ne s'est pas - jusqu'ici - laissé prendre.
Sources Les Echos
Posté par Adriana Evangelizt