Sarkozy régularise à l'espagnole

Publié le par Adriana EVANGELIZT

C'est bien ce que nous pensions...

Sarkozy régularise à l'espagnole

par Tomás Bárbulo

El País

Il y a deux ans, Nicolas Sarkozy s'en prenait à la "régularisation massive et unilatérale" d'immigrés clandestins en Espagne. Aujourd'hui, il reprend à son compte la méthode Zapatero par le biais d'un amendement adopté en catimini, note El País.

"A titre exceptionnel, il est nécessaire de pouvoir régulariser des travailleurs. Cet amendement donne la faculté à l'autorité administrative de régulariser un étranger, sous réserve qu'il trouve un travail dans un métier et une zone géographique caractérisés par des difficultés de recrutement."

Ce texte pourrait être la description du processus de régularisation des immigrés, tel qu'il a été mené en 2005 par le gouvernement espagnol de José Luis Rodríguez Zapatero. Or il s'agit de l'exposé des motifs d'un amendement que la majorité parlementaire de Nicolas Sarkozy vient d'ajouter à sa très polémique loi sur l'immigration. La France ouvre ainsi la voie à une régularisation massive des sans-papiers.

Le processus de régularisation espagnol avait pour but de remédier à une situation héritée du gouvernement Aznar. Il s'agissait de résorber une poche énorme de près de 1 million de travailleurs clandestins, dont beaucoup se trouvaient dans une situation proche de l'esclavage. La régularisation a révélé l'existence de 600 000 postes de travail au noir. Pour être régularisés, les immigrés avaient trois conditions à remplir : résider depuis un certain temps en Espagne, ne pas avoir de casier judiciaire, et – condition sine qua non – être inscrits à la Sécurité sociale par leurs patrons.

Juste après, le gouvernement a élaboré un catalogue des métiers qui avaient des difficultés de recrutement. Cette liste, renouvelée tous les trois mois en concertation avec les chefs d'entreprise et les syndicats, recense – région par région – les postes de travail pour lesquels il n'existe pas de main-d'œuvre espagnole. Elle est devenue la principale source d'immigration régulière.

L'amendement adopté par la majorité UMP combine les deux méthodes : il ouvre la possibilité de délivrer des cartes de résident temporaire aux étrangers pour travailler dans des métiers et des zones géographiques caractérisées par "des difficultés de recrutement et qui figurent sur la liste établie par arrêté de l'autorité administrative après consultation des partenaires sociaux".

Le paradoxe est que la méthode espagnole, adoptée aujourd'hui par le gouvernement et le Parlement français, avait fait l'objet de critiques acerbes de la part... de l'actuel locataire de l'Elysée. En 2005, en effet, celui qui était ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac s'en était pris à la "régularisation massive et unilatérale" espagnole. Plus récemment encore, l'actuel Premier ministre français François Fillon révélait une confidence que lui aurait faite Zapatero. Face aux caméras de TF1, Fillon avait alors affirmé que le chef du gouvernement espagnol "[regrettait] amèrement" d'avoir régularisé des "centaines de milliers d'immigrés" et qu'il s'était "engagé à ne pas le refaire". Bien que la Moncloa [siège du gouvernement espagnol] lui ait demandé de rectifier ces propos, Fillon s'est contenté de rendre publique une note dans laquelle il disait "comprendre" que le processus espagnol de régularisation était "la seule solution pour mettre fin à une situation complexe et délicate".

Sources Courrier International

Posté par Adriana Evangelizt

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