PRENDRE LE MAL A LA RACINE

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Encore un article sur l'état désastreux de notre système pénitenciaire. Tout l'argent du contribuable qui passe dans la sécurité produit de l'insécurité d'un autre côté. Comme le dit Jean Marcel Bouguereau, la prison est faite pour priver de liberté non pour faire vivre les gens dans des conditions indignes qui ne généreront que révolte et haine envers la société. Depuis que Sarkozy est au ministère de l'Intérieur, les incarcérations ont grimpé de 20 %. La France n'est plus un pays libre. La liberté agonise chaque jour davantage.

S'attaquer à la racine

par Jean-Marcel Bouguereau,
rédacteur en chef
au Nouvel Observateur
et éditorialiste
à la République des Pyrénées,
pour laquelle a été
rédigé cet article

SI L’ON CROIT ALBERT CAMUS "on juge le degré d'humanité d'une société à l'état de ses prisons". Dans ce cas là notre société est inhumaine. "De ma vie, sauf peut-être en Moldavie, je n'ai vu un centre pire que celui-là (le dépôt des étrangers sous le palais de justice de Paris) ! C'est affreux ! Les gens s'entassent dans un sous-sol sur deux niveaux, sans aération.", a déclaré Gil-Robles, commissaire européen aux droits de l’homme après avoir passé seize jours en France à visiter prisons, centre de rétention et hôpitaux psychiatriques. "Il faut fermer cet endroit, c’est urgent", va-t-il conseiller dans son rapport prévu fin novembre. La prison des Baumettes à Marseille ? "Un endroit répugnant !". Les commissariats ? "Pourquoi faut-il absolument que les gardés à vue dorment à même le sol des cellules, sans matelas… ?". Déjà en 2000, après la sortie du livre de Véronique Vasseur, une mission parlementaire comprenant des représentants de l’opposition comme de la majorité avait conclu que la situation des prisons françaises était "une honte pour la République".

Depuis, rien n’a été fait sinon une surpopulation croissante, des conditions de détention des mineurs généralement déplorables, une population précarisée à l'entrée en prison et marginalisée à sa sortie, la vétusté et l’inadaptation des bâtiments sans parler du désarroi du personnel pénitentiaire. En 2005, d'après l'Administration pénitentiaire, 60.925 personnes sont en prison en France pour 49.000 places. La superficie de vie d’un détenu est entre 2,4 et 4 m². Est-ce un hasard si le taux de suicide a fortement augmenté ces dernières années. La prison, ce n’est qu’être privé de liberté, ce n’est pas vivre dans un lieu indigne, car "dans ces conditions, les gens sortent de là pires qu’ils n’y sont entrés, pleins de haine contre une société qui les a traités de la sorte". Et après, on s’étonne de la récidive. Plutôt que de durcir les peines, ne pourrait-on pas s’attaquer à la racine, car moins la réinsertion est assurée, plus l’insécurité augmente.


Est-ce un hasard si la politique sécuritaire du ministre de l’intérieur a fait exploser les chiffres de l’enfermement de plus de 20 % en deux ans ? Et est-ce un hasard si Nicolas Sarkozy a été le seul ministre de l’intérieur européen a n’avoir pas trouvé le temps de recevoir le commissaire aux droits de l’homme ?

Sources : LE NOUVEL OBS

Publié dans LA LIBERTE EN DANGER

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