38ème semaine de Sarkofrance : le mauvais goût de la rupture
38ème semaine de Sarkofrance :
le mauvais goût de la rupture
Une évidence qui s’impose (presque) à tous, 38 semaines plus tard. Pour beaucoup, la "rupture" est finalement surtout une affaire de goût. De mauvais goût.
Une évidence qui s’impose (presque) à tous, 38 semaines plus tard. Pour beaucoup, la "rupture" est finalement surtout une affaire de goût. De mauvais goût.
1. Après un bref "Etat de Grâce" (7 mai 2007-17 juin 2007), Sarkozy a su rebondir avec un volontarisme actif. Un Président sur tous les fronts : traité européen, loi anti-récidive, paquet fiscal pour stimuler la croissance, loi sur le service minimum, etc. Sarkozy est partout, tout le temps. Les médias sont ravis et impressionnés. Avec sa famille recomposée, Cécilia en tête de gondole, il se prend pour JFK, trinque avec Poutine et Bush au sommet du G8.
2. La Folie des Grandeurs Nicolas Sarkozy était ainsi maître du monde à la fin de l’été. Certes, Cécilia s’était fait portée malade pour éviter le barbecue du couple Bush. Mais rien de grave. Certes les bêtises de ses ministres gaffeurs s’accumulaient (Lagarde ne voit pas l’importance de la crise des subprimes qui éclate un 15 août), mais leur Président tient la corde : il dévoile ses ambitions en politique étrangère, lance la réforme des retraites, valide une loi sur l’immigration fin septembre avec les tests ADN. On parle encore politique : retraite, immigration, économie, choix de société.
3. La Présidence Bling Bling Les premiers signes d’une présidence clinquante sont pourtant apparus très tôt. Dès le soir de la victoire, avec un dîner au Fouquet’s puis un voyage "jet+yacht" payé un ami milliardaire. On avait cru à une erreur sans lendemain, un malentendu. Sa "retraite" post-électorale, avant sa prise de fonctions le 16 mai, était en fait une croisière pour milliardaires. Les vacances américaines étaient une parenthèse estivale bien méritée. 4. Les Tourments Amoureux En octobre, le facteur personnel commence à prendre le dessus. Déjà fin septembre, PPDA avait oser le comparer à un "petit garçon" excité par son nouveau jouet. Puis Cécilia part, l’annonce est faite un jour de grève, et Sarkozy dérape. Il s’entiche 4 semaines plus tard d’une ex-mannequin devenue chanteuse enrouée, Carla Bruni.
5. "Un réel problème de comportement" "Carla Bruni dérange-t-elle ?" s’interroge un hebdomadaire. Non, c’est leur Président qui dérange désormais. Le parcours affectif d’un Président importe peu en général. Que Mitterrand ait caché sa fille, que Giscard s’amuse dans des virées nocturnes imprudentes, que Chirac ait le goût de la bonne chair nous importaient peu. Pourquoi ? Ces Présidents tenaient la façade. On peut trouver cela hypocrite. Mais je n’ai jamais accepté qu’on exige d’un homme politique, fut-il Président, d’être un surhomme. Chacun a droit à sa part de faiblesse, du moment que le "job" est fait. Giscard, Mitterrand, Chirac ont eu la correction de ne pas nous IMPOSER leur décomplexion morale. Ils dirigeaient en toute politesse. Ces 3 Présidents avaient le goût des usages. La politesse est avant tout un respect pour les autres. Au contraire, Nicolas Sarkozy a effectivement inventé un style. Nous attendions la rupture dans les actes. Elle est venue d’autre part. Sarkozy a introduit la vulgarité en politique. Il nous impose son mauvais goût chaque jour, chaque heure, chaque minute.
L’équation est devenue simple : Omniprésence médiatique + vulgarité "Bling Bling"= rupture.
C’en est devenu un problème politique.
6. La Sarkophobie Intérieure Sarkozy avait créé la surprise en maniant l’ouverture politique comme jamais avant lui. 8 mois plus tard, cette dernière a vécu. Et Sarkozy a raté l’ouverture des idées : tous les sondages montrent que l’électorat de gauche n’a jamais été autant hostile à Sarkozy. Même le centriste Bayrou est clairement arrimé dans l’opposition ("On n’est pas amis"). La majorité parlementaire ne se gêne pas pour grogner, à la marge certes. Les candidats UMP aux élections municipales cachent leur appartenance au camp présidentiel. Pire, Sarkozy énerve même ses fidèles soutiens, les classes populaires et les seniors. Ils sont choqués par ses frasques, des avions de milliardaires au cadeaux à 80 000 euros échangés à Noël avec Carla Bruni. Son amour du clinquant est en décalage avec la réalité de millions de Français. Ils croyaient avoir élu Bonaparte, ils ont Louis XIV. Ils croyaient avoir enterré Mai 1968, ils ont élu un quinqua adepte du "jouir sans entrave".
7. L’Agacement ou l’amusement à l’étranger Désormais, leur Président agace ses partenaires étrangers. Angela Merkel n’en peut plus de ses provocations systématiques : il s’est crédité de la libération des infirmières bulgares. Il l’énerve avec son projet d’Union Méditarréenne. Il irrite Gordon Brown. Il a vexé Georges Bush cet été. Sa visite en Egypte a tourné à la romance pour tabloïd, et occulté ses entretiens avec le Président Moubarak. Il agace vraiment (cf Libération). Carla Bruni pose nue dans la presse espagnole. Son idylle, montée de toutes pièces (Carla Bruni était un second choix) est raillée en Italie. Un journal Argentin parle de "Sarkozy, la politique de l’érection permanente".
Devinez qui a écrit : "Pour son plus grand malheur, Sarkozy semble toujours frôler la "cool attitude" sans jamais l’atteindre. Il lui manque au moins 5 centimètres pour pouvoir porter des lunettes de soleil aviateur à verres réfléchissants ; grassouillet, il a tout juste 5 kilos de trop pour faire comme Poutine et tomber la chemise en public ; à 52 ans, il est trop vieux de cinq ans pour être pris en photo enlaçant la taille dénudée d’une femme de 39 ans" C’est le Times, le quotidien conservateur anglais de référence !
En guise de rupture, nous avons Berlusconi.
"Leur" Président. Le vôtre ?
Sources Betapolitique
Posté par Adriana Evangelizt