DDV, idole des jeunes ?

Dominique de Villepin : l'idole des jeunes ?

par Patrice Biancone

L'égalité des chances ne fait pas l'unanimité; du moins celle que le gouvernement défend à l'Assemblée nationale sous forme d'un projet présenté depuis hier. Un texte contesté par la gauche et tout particulièrement par le Parti socialiste qui voit en lui la meilleure façon de marcher vers le gouffre et de noyer le pacte social, le droit au logement et le droit du travail. Nous avions donc au palais Bourbon, des députés de l'opposition très en verve et bien décidés à en découdre sur un sujet essentiel. Et un chef de gouvernement au verbe affûté, un chef de gouvernement très serein, état d'esprit qu'il confirmera d'ailleurs, le soir même, à la télévision. Il faut dire que la nouvelle baisse du chiffre du chômage donne confiance à Dominique de Villepin.

Au total, 20 000 demandeurs d'emplois en moins en un mois; un taux chômage qui passe de 10,2 à 9,5% en un an, ça permet d'affirmer, avec un peu de mauvaise foi, que la France est sur la bonne voie. Grâce à qui ? La question n'était pas formulée ainsi. Mais la réponse planait dans l'Hémicycle hier. Grâce, vous l'avez deviné, à Dominique qui veut voir dans ces résultats une justification à son action et qui en a profité pour expliquer, sous les huées de la gauche, que finalement le CPE, le contrat première embauche dont on parle beaucoup, n'est rien d'autre qu'un contrat de confiance entre l'entreprise et le jeune, une solution supplémentaire qui va permettre au pays de gagner la bataille pour l'emploi. Une ambition que le Premier ministre avait exprimée autrement avant de lancer le débat en séance. « Nous sommes les modernes, avait-il dit aux députés UMP. Face à nous, il y a les moins disants et les moins conscients ».

A la gauche qui tirait à boulets rouges sur son texte, Dominique de Villepin a donc répondu en libéral qui organiserait la concurrence : « François Hollande propose une forme de contrat en alternance, c'est bien, mais ça existe déjà, a t-il dit. Et Laurent Fabius un CDD réservé aux jeunes, c'est moins bien. » Mazette, qu'en termes moqueurs ces choses là sont dites. Voilà un Premier ministre qui confirme publiquement qu'il croit en lui, on s'en doutait un peu, et qui semble bien certain de tenir le fil d'Ariane qui devrait le conduire à l'Elysée. C'est aussi cela que disait Dominique de Villepin sans le dire, sous les yeux de son ministre de l'Intérieur et néanmoins adversaire, voué à observer, une fois encore, la prestation de son chef, ce qui manifestement l'énerve quelque peu. Le sourire sur le visage de Dominique de Villepin avait d'ailleurs valeur de commentaire. Un peu comme s'il avait soufflé à Nicolas Sarkozy : « Ne dis rien, et admire ! »

La forme du débat a d'ailleurs presque fait oublier le fond, l'égalité des chances et tout particulièrement le CPE qui constituerait, selon le PS, « une tentative de meurtre avec préméditation du CDI habilement arrangé en simple accident de la route législatif ». Re-mazette. Ce serait un libéralisme grimé et maquillé, comme une voiture volée, qui s'offrirait à nous... Nous saurons le 7 février prochain si les français partagent cette opinion - ils sont invités à manifester dans la rue contre le projet gouvernemental ce jour là -, ou si Dominique de Villepin est, pour eux, le champion de la lutte contre le chômage des moins de 26 ans qu'il prétend être. Autrement dit, s'il peut devenir en 14 mois, le temps qui reste avant l'élection présidentielle, l'idole des jeunes.

Sources : RFI

Posté par Adriana Evangelizt