Le CPE, pari à risques pour DDV
Villepin a engagé un pari à risques avec le Contrat première embauche
Avec son projet de Contrat première embauche (CPE) que syndicats, étudiants et opposition veulent combattre dans la rue mardi, Dominique de Villepin a engagé une partie difficile dont l'issue peut s'avérer décisive pour ses prétentions élyséennes. Si Matignon dit ne pas croire au scénario d'un mouvement social d'ampleur, le Premier ministre, conscient de jouer gros sur cette mesure emblématique, a lancé une contre-offensive médiatique pour répondre aux "contrevérités" de l'opposition et faire de la "pédagogie".
Conférence de presse mensuelle consacrée à défendre son dispositif, passage sur France 2 mardi soir, au début de la bataille parlementaire sur le CPE, "chat" internet jeudi, déplacement sur l'emploi vendredi à Troyes et nouvelle intervention sur Europe 1 dimanche, à deux jours des manifs... autant de rendez-vous destinés à baliser le terrain.
Alors que la gauche mène la guérilla contre ce contrat réservé aux moins de 26 ans, qu'elle a rebaptisé "contrat précarité exclusion", M. de Villepin martèle, jour après jour, ses arguments: le CPE constitue un "grand progrès" pour les jeunes frappés par un chômage de masse, et ce "vrai CDI" avec "une vraie rémunération" représente une "solution moderne" et "pragmatique" par rapport aux "vieilles lunes" du PS (emplois-jeunes...).
Pour l'analyste François Miquet-Marty, "c'est quitte ou double: soit il est confronté à de fortes tensions et il sera lourdement pénalisé" en perdant le soutien d'un certain électorat de gauche jusqu'ici assez bienveillant, "soit il surmonte cette épreuve et il obtient dans l'opinion une vraie assise politique" en vue de 2007.
Avec cette mesure d'inspiration libérale, M. de Villepin prend un risque délibéré: il fait le pari que l'opinion le suivra en prenant acte de ses premiers résultats flatteurs sur le front du chômage et en se résignant à des contrats, même précaires, plutôt qu'à pas d'emplois du tout.
Même s'il se défend toujours de toute ambition présidentielle, son ardeur réformatrice pourrait aussi viser à assécher le réservoir à idées du président de l'UMP Nicolas Sarkozy, son rival potentiel dans la course à l'Elysée. Le Premier ministre n'a-t-il d'ailleurs pas déjà posé les premiers jalons d'une réforme plus large du code du travail, en ouvrant la "réflexion" sur le contrat unique, cher à son numéro deux ?
Face au ministre de l'Intérieur, chantre de la "rupture", M. de Villepin entend, mois après mois, démontrer que lui peut faire "bouger les lignes" sans attendre. Reste qu'à l'instar de la fronde anti-CIP -"Smic-jeunes"- d'Edouard Balladur en 1994, toute réforme touchant aux jeunes peut s'avérer périlleuse. Jacques Chirac, qui a lui aussi payé le prix fort des mouvements anti-loi Devaquet en 1986, a d'ailleurs décidé de prêter main forte à son Premier ministre en lui témoignant ostensiblement sa "confiance" mercredi devant les parlementaires UMP.
Renversement de tendance ou baisse passagère ? M. de Villepin voit sa cote de confiance baisser de 5 points, à 38% d'opinions positives, dans le dernier baromètre Sofres-Figaro Magazine alors que M. Sarkozy reprend la tête du palmarès à droite grâce à un net regain de popularité. Le premier secrétaire du PS, François Hollande, ne semble toutefois pas croire en un rapport de forces favorable aux opposants au CPE: cette bataille "trouvera son dénouement non dans la rue mais dans les urnes en 2007", a-t-il prédit.
Sources : YAHOO FR
Posté par Adriana Evangelizt