Sarkozy-Villepin, l'accord secret
On appelle ça magouille et cie... Dominique de Villepin va encore se faire rouler dans la farine en beauté, c'est une certitude. Mais comme il aime le pouvoir, il va bien sûr succomber à la tentation et ne pas voir le piège. Ainsi Dominique de Villepin pourrait être tête de liste UMP aux européennes de 2009 pour la région Ile de France. Sans doute y verra-t-il une promotion alors que ce ne serait qu'un exil qui, de surcroit, l'obligerait à se taire. Il serait donc muselé. Lire l'excellent article sur l'Hérault Républicain qui lui aussi a bien compris le problème... voici quelques extraits...
"Tout d’abord, alors qu’il n’est pas exclu que l’UMP renouvelle l’exploit de la liste RPR conduite en 1999 par Nicolas Sarkozy, un combat mené en 2009 par Dominique de Villepin permettrait sans doute de limiter la casse pour le parti présidentiel et, si le résultat n’est pas à la hauteur des espérances, d’attribuer à l’ancien Premier Ministre l’entière responsabilité d’un éventuel échec."
Ensuite, candidat, puis élu UMP (ou PPE) au parlement européen, DDV perdrait, au moins partiellement, la liberté de parole et de ton qui fait qu’il est aujourd’hui écouté et respecté bien au-delà des frontières partisanes, bien au-delà de nos frontières hexagonales.
Enfin, il s’agirait d’un véritable exil (contrairement à DSK qui, même très éloigné géographiquement, n’occupe pas actuellement de fonctions politiques -au sens politicien). Chacun sait qu’aujourd’hui le parlement européen n’est qu’une chambre d’enregistrement peuplée d’anonymes (qui connaît les députés européens ? Qui connaît les différents groupes politiques et leurs présidents ? Qui connaît le Président du parlement ?), et que tout se décide entre la Commission (et son Président), le Conseil des Ministres et le Président de l’Eurogroupe."
Finalement rien ne change chez Dominique de Villepin, il est toujours le servile de Sarkozy. Très décevant.
Sarkozy-Villepin, l'accord secret
par Hervé Gattegno
Jadis rivaux pour la succession de Chirac, déchirés par l'affaire Clearstream, ils ont scellé un pacte : le président a promis une tête de liste aux européennes à l'ancien Premier ministre, qui a rengainé son sabre. Et les juges ? L'Elysée les surveille de près.
Le pacte a été scellé au mois d'avril, d'homme à homme et sans témoin. Ce n'est pas encore un traité de paix, qui solderait les comptes du passé, mais au moins un accord politique qui jette les bases de l'après-Clearstream. Entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, le long chapitre de la haine-quatre années de vindicte obsessionnelle de part et d'autre-est (peut-être) sur le point de se refermer. Certes, il y a toujours un scandale entre eux : le président est partie civile, l'ancien Premier ministre est mis en examen. Mais il ne constitue plus un obstacle à leur relation si particulière et tumultueuse, fraternité ambiguë née dans le chiraquisme et toujours taraudée, depuis, par l'admiration réciproque et les ambitions symétriques.
« Pour eux, désormais, Clearstream c'est : advienne que pourra. L'essentiel est ailleurs », résume l'un des rares confidents du rapprochement secret. Le réquisitoire du procureur de Paris, première étape vers un futur procès, paraît refléter ce nouvel état d'esprit : en réclamant aux juges de nouvelles investigations, il se tient à égale distance du non-lieu qu'annonçaient les partisans de Villepin et du renvoi en correctionnelle prédit par ses contempteurs. Le conseiller de l'Elysée pour la justice, Patrick Ouart, s'y est employé, tenant plusieurs conciliabules avec les chef du parquet et la chancellerie et veillant jusqu'au bout à une rédaction pesée au trébuchet.
« L'information, a finalement écrit le procureur, n'apporte pas les éléments de réponse qui permettraient de lever le doute sur la connaissance exacte qu'avait Dominique de Villepin du montage destiné à faire croire en l'existence de comptes occultes » (dont certains étaient faussement attribués à Nicolas Sarkozy). Reste aux deux juges d'instruction à en démontrer davantage. Entre les deux joueurs, la partie peut continuer. On ne peut exclure qu'ils s'en réjouissent.
« On ne s'ennuie jamais. »
« Tous les deux, même quand on se déteste, on s'amuse ; on ne s'ennuie jamais, on prend du plaisir, lançait Nicolas Sarkozy à Dominique de Villepin durant l'été 2006, cité par Bruno Le Maire, alors directeur de cabinet du second à Matignon, dans son récit de deux années au coeur de l'exécutif (« Des hommes d'Etat », Grasset, 2008). Donc, on peut continuer ensemble, on se mettra sur la gueule, de toute façon, on s'amusera, c'est essentiel. »
Les deux hommes se sont ainsi revus en mai, hors l'Elysée cette fois mais toujours à l'abri des regards (dans un palace parisien). Signe tangible qu'une nouvelle entente est à l'ordre du jour : le chef de l'Etat a promis à son ancien rival la première place sur la liste de l'UMP aux élections européennes de juin 2009 en Ile-de-France. « On est toujours magnanime par intérêt », disait Mazarin. A l'heure où la majorité présente des fissures et le gouvernement, des faiblesses, faire revenir Villepin dans le jeu, c'est d'abord s'éviter un souci supplémentaire.
C'est d'ailleurs l'un des termes de leur « deal » : que l'ancien lieutenant de Chirac abandonne la posture d'opposant ; qu'il renonce à jouer les Victor Hugo fustigeant les oukases de « Napoléon le Petit ». A l'automne 2007, à mesure que se resserraient sur lui les filets de l'affaire Clearstream et que, parallèlement, s'accumulaient les difficultés pour Sarkozy, Villepin multipliait les charges vengeresses, à la faveur de la promotion d'un essai sur l'Empire au titre trop évocateur pour qu'on ne le juge pas subliminal : « Le soleil noir de la puissance » (Perrin).
En avril encore, son plaidoyer face aux juges prenait des airs de réquisitoire contre Nicolas Sarkozy, qu'il accusait sans ambages d'avoir manipulé l'instruction à des fins politiques. On l'a même entendu, le 6 avril sur Canal +, souhaiter que l'UMP retrouve « indépendance, imagination et vitalité ». Le premier mot a déplu à l'Elysée.
Mais, depuis le tête-à-tête, Villepin a donné des gages. Il a rengainé son sabre au point de décliner l'invitation de Patrick Poivre d'Arvor -son ami et partenaire de tennis- de dresser au 20 Heures de TF1 le bilan d'une année de présidence Sarkozy. Sans doute ne se sentait-il pas capable d'un jugement modéré... Et lui qui, il y a peu, noyait les juges sous les mémoires au style amphigourique n'a pas émis le moindre commentaire à la lecture des conclusions du procureur !
Villepin lâche Napoléon.
Devenu avocat, il a créé une petite société unipersonnelle (baptisée « Villepin International ») pour ouvrir son cabinet et a offert ses services à plusieurs groupes industriels, dont les patrons ont sondé l'Elysée pour éviter toute faute de goût. Résultat : Veolia et Alstom l'ont recruté. La passion de l'écriture l'habite encore, mais le troisième tome de sa geste napoléonienne, « La chute ou l'Empire impossible », annoncé pour janvier 2008, n'est toujours pas paru et il a vendu aux enchères (pour plus de 1 million d'euros) sa collection de livres et d'objets relatifs à l'Empereur.
Il s'est en revanche investi dans un travail d'approche auprès des parlementaires qu'il avait toujours dédaignés. Une soixantaine de députés ont été conviés à sa table depuis le début de l'année et l'Elysée a observé ce manège avec circonspection. C'était au moins la confirmation qu'il ne désertait pas le terrain politique. « Il y aura toujours une place pour vous », lui avait promis Sarkozy à la veille de son élection. Mais celui-ci avait aussi juré, dans « Témoignage » (Xo, 2006), qu'il irait « au bout des intrigues et des compromissions qui se cachent derrière cette affaire ». Comment concilier ces deux serments ?
Rien n'est oublié, mais le pouvoir a d'autres exigences. Pour le chef de l'Etat, l'enquête sur la falsification dont il fut l'une des victimes a largement démontré la duplicité de Villepin, sinon sa culpabilité -assez pour lui interdire de jouer les innocents floués. Mais il sait qu'au jour du procès, si les preuves font défaut, la relaxe du frère ennemi serait sa propre défaite. Les marches du palais feraient alors une tribune idéale pour un retour en force à l'horizon 2012. C'était une autre bonne raison de prendre les devants.
Sans tirer un trait définitif sur le passé : si Villepin trébuche devant la justice, Sarkozy jouera les césars sans états d'âme. Il baissera le pouce.
Sources Le Point
Posté par Adriana Evangelizt