Le conflit du CPE
CPE : UN CONFLIT FRANCAIS
par Christophe Barbier
Du passage en force de Villepin à la résistance des jeunes, c'est l'incapacité du pays à se réformer qui s'affiche
Le 6 septembre 2005, devant les directeurs départementaux du travail, Dominique de Villepin, déjà, fait un rêve: que les mois alloués à son gouvernement soient «une parenthèse de calme». Raté. Ce 7 mars prouve qu'il n'échappe pas aux troubles sociaux et qu'il semble même en subir une version d'un grand classicisme. Autour du CPE s'est en effet bâti un antagonisme profondément français, relevant de cette culture du conflit propre à l'Hexagone et qui, le plus souvent, congèle les réformes et enflamme la politique.
Il y a, d'abord, le passage en force du Premier ministre: moins d'un an après l'adoption d'une loi sur le dialogue social, Villepin a lancé l'engin CPE sans concertation avec les syndicats. Plusieurs de ses ministres se sont tenus, circonspects, à l'écart, au point d'être rappelés au devoir de solidarité par le chef du gouvernement. Nombre de députés, bousculés par le 49.3, ont suggéré d'autres solutions au chômage des jeunes. Même le patronat a exhibé son scepticisme. Il y a, ensuite, la dérobade de l'opinion, qui ne suit jamais les réformateurs brusques, et la résistance larvée des étudiants, toujours organisés pour entretenir le feu sous la braise. Il y a, enfin, l'opportunisme de bonne guerre de la gauche, soudée jusqu'à ses extrêmes dans cette lutte qui la rapproche de son électorat et lui donne matière à critiques - côté propositions, la résurrection des emplois-jeunes et l'allocation jeunes, baptisée «EVA» (entrée dans la vie active) par Martine Aubry, ne convainquent pas.
Cette mécanique du conflit s'articule sur la politique mi-figue, mi-raisin qui est celle de tous les gouvernements depuis l'invention du «ni-ni» par François Mitterrand, en 1988. Il s'agit, comme le résume Alain Renaut dans Modèle social: la chimère française (Textuel), de «louvoyer entre les emplois étatiquement assistés et les emplois flexibilisés». Transcender cette schizophrénie était justement le projet de Villepin, dès 2002: refusant la politique comme «art de l'esquive» et considérant un monde où «la prime va au pragmatique, au mobile, à l'adaptable», il voulait croire, dans Le Cri de la gargouille (Albin Michel), que, «entre le modèle colbertiste et l'individualisme absolu, une autre voie [restait] possible». Il la cherche encore.
Il y a, d'abord, le passage en force du Premier ministre: moins d'un an après l'adoption d'une loi sur le dialogue social, Villepin a lancé l'engin CPE sans concertation avec les syndicats. Plusieurs de ses ministres se sont tenus, circonspects, à l'écart, au point d'être rappelés au devoir de solidarité par le chef du gouvernement. Nombre de députés, bousculés par le 49.3, ont suggéré d'autres solutions au chômage des jeunes. Même le patronat a exhibé son scepticisme. Il y a, ensuite, la dérobade de l'opinion, qui ne suit jamais les réformateurs brusques, et la résistance larvée des étudiants, toujours organisés pour entretenir le feu sous la braise. Il y a, enfin, l'opportunisme de bonne guerre de la gauche, soudée jusqu'à ses extrêmes dans cette lutte qui la rapproche de son électorat et lui donne matière à critiques - côté propositions, la résurrection des emplois-jeunes et l'allocation jeunes, baptisée «EVA» (entrée dans la vie active) par Martine Aubry, ne convainquent pas.
Cette mécanique du conflit s'articule sur la politique mi-figue, mi-raisin qui est celle de tous les gouvernements depuis l'invention du «ni-ni» par François Mitterrand, en 1988. Il s'agit, comme le résume Alain Renaut dans Modèle social: la chimère française (Textuel), de «louvoyer entre les emplois étatiquement assistés et les emplois flexibilisés». Transcender cette schizophrénie était justement le projet de Villepin, dès 2002: refusant la politique comme «art de l'esquive» et considérant un monde où «la prime va au pragmatique, au mobile, à l'adaptable», il voulait croire, dans Le Cri de la gargouille (Albin Michel), que, «entre le modèle colbertiste et l'individualisme absolu, une autre voie [restait] possible». Il la cherche encore.
Sources : L'EXPRESS
Posté par Adriana Evangelizt